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Karimou Rafiatou, première femme ministre: «La disparition du général doit amener à penser autrement le développement du Bénin»

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Par   Maryse ASSOGBADJO, le 15 oct. 2015 à 08h16

Le général Mathieu Kérékou est le premier président à associer les femmes à la gestion des affaires de la cité. La promotion de la femme, était l’une de ses priorités. Pour la première fois dans l’histoire du Bénin, il a eu la volonté politique de faire intégrer une femme à un gouvernement de la République. Les femmes béninoises lui doivent cela.

Tous les gouvernements qui l’ont succédé après 1989 ont pris ce pli. Il est impossible aujourd’hui pour un chef d’Etat de former un gouvernement sans qu’il n’y ait de femmes. Le général Mathieu Kérékou est un grand patriote et il l’a montré durant toute sa vie. Il détient des informations très importantes qu’il ne pouvait révéler au risque d’embraser tout le pays. Avant son avènement au pouvoir, les méfaits du régionalisme étaient perceptibles au Dahomey. Il a su calmer tout cela durant ses différents régimes. La nation béninoise doit lui reconnaitre ce mérite. J’ai beaucoup travaillé avec lui et je retiens qu’il était un chef, un vrai chef, un baobab. Il est vrai que le Bénin peut compter encore des gens de sa trempe, mais ils très sont rares. Son décès est une grosse perte pour le pays. Nous n’avons pas de volonté devant la mort, mais nous aurions souhaité avoir beaucoup d’autres Mathieu Kérékou pour diriger le Bénin. Voyez-vous à quel moment il disparaît ? C’est une grande préoccupation, parce qu’il part à la veille d’une échéance très importante pour le pays. Quand bien même il n’intervient plus physiquement, il suffisait juste qu’il prodigue quelques conseils ou qu’il donne des orientations à certaines personnes pour que tout se passe bien dans le cadre de ces consultations électorales. Dieu seul sait pourquoi il l’a rappelé à ce moment précis. Peut-être que sa disparition va amener les acteurs sociopolitiques à se ressaisir, à s’asseoir autour d’une même table pour dialoguer sérieusement sur l’état de la nation, car la situation actuelle n’augure pas d’un lendemain meilleur pour le pays. Il nous faut maintenant nous ressaisir pour éviter que le pays vole en éclats. Son décès est un grand signe au regard des ambitions qu’affichent certains acteurs aujourd’hui. Sa disparition doit donc amener les acteurs à divers niveaux à penser autrement l’avenir du pays.

Propos recueillis par Maryse ASSOGBADJO