La Nation Bénin...
La Cour suprême et la Commission électorale nationale
autonome (Cena) bénéficient de ressources complémentaires au titre de la loi de
finances gestion 2024 adoptée par l’Assemblée nationale, en sa séance plénière
du vendredi 8 décembre dernier. Le gouvernement a été favorable aux amendements
des députés à cet effet.
Un crédit additionnel de 34 826 000 F Cfa est accordé sur
le budget de la Cour suprême, gestion 2024. Il permettra à l’institution de
faire face à certains besoins essentiels non couverts portant sur les frais
d’assurance du personnel pour 16 771 000 F Cfa et la formation des magistrats
évaluée à un montant de 18 055 000 F Cfa. Cette rallonge budgétaire de 34 826
000 F Cfa, selon l’avis du gouvernement, pourra être concédée sur la rubrique
«Autres transferts courants » de la Dotation n°14-Ministère de l’Economie et
des Finances. Elle est allouée indépendamment du crédit complémentaire de 100
millions F Cfa dont bénéficient pour le compte de la gestion 2024 toutes les
institutions de l’Etat y compris donc la Cour suprême et destiné
prioritairement à l’acquisition de fournitures et d’équipements. L’amendement
de la dotation de ressources additionnelles à la haute juridiction du Bénin en
matière administrative et judiciaire a été fait par les députés Gérard
Gbénonchi et Réginal Koumagbèafidé, respectivement président et rapporteur
général de la Commission budgétaire du Parlement. Selon eux, le crédit hors
dépenses de personnel de 1 056 586 000 F CFa dont bénéficie la Cour suprême
pour son fonctionnement en 2024 contre 956 586 000 F Cfa en 2023 est
insuffisant pour couvrir les besoins actuels de l’institution. Ceci, au regard
des réformes ambitieuses engagées par son président Victor Dassi Adossou,
depuis son installation, et du contexte marqué par l’exercice de la présidence
de l’Association des hautes juridictions de cassation des pays ayant en partage
l’usage du Français (Ahjucaf) par la Cour suprême du Bénin, pour le triennal
2022-2025, motivent les deux députés. Mieux, les objectifs visés par la Cour
suprême pour 2024 se résument, entre autres, à la poursuite de la mise en
application des nouvelles lois régissant la haute juridiction ; l’amorce de la
phase active de la réforme relative à la dématérialisation des procédures
juridictionnelles et administratives ; le maintien du délai de traitement des
recours à 18 mois tel que fixé par la Cour suprême ; l’optimalisation de
l’organisation mise en place pour répondre efficacement aux demandes d’avis
motivés et à l’émission d’avis juridiques dans le cadre de la mission
consultative de l’institution et la poursuite du renforcement des capacités des
acteurs pour plus d’efficacité.
Elections générales 2026
Pour tout ceci, les deux députés, après analyse des besoins de la Cour suprême, proposent au gouvernement l’ouverture de crédits complémentaires de 435 030 000 F Cfa au profit de l’institution. Gérard Gbénonchi et Réginal Koumagbèafidé suggèrent parallèlement qu’un prélèvement soit effectué sur les crédits globaux à affecter à la Cour suprême en 2024. Ils ont fait cette suggestion pour éviter que leur amendement n’induise une aggravation des charges publiques. Le gouvernement a jugé l’amendement favorable mais pour une rallonge de 34 826 000 F Cfa et non pour les 435 030 000 F Cfa sollicités.
Comme la Cour suprême, la Cena a été aussi chanceuse. Le
gouvernement est d’accord pour mettre à la disposition de cette institution en
charge de l’organisation des élections au Bénin, une provision de 2 milliards F
Cfa au titre de la gestion 2024. Cette dotation sera faite aux fins de
permettre à la Cena d’anticiper sur certaines dépenses dans le cadre de
l’organisation des élections générales de 2026 pour éviter de faire peser sur
la loi de finances gestion 2026 tout le budget. L’amendement émane des députés
Augustin Ahouanvoèbla et Orden Alladatin. Cette ressource complémentaire de 2
milliards F Cfa sera allouée à la Cena en 2024 en attendant la transmission en
2025 des besoins par toutes les structures impliquées dans l’organisation des
élections au Bénin, aux côtés de la Commission électorale nationale autonome.
Les crédits de 2 milliards F Cfa seront prélevés sur la rubrique « Autres
transferts courants » de la dotation n°14-Ministère de l’Economie et des
Finances, précise le gouvernement.
Avis réservés pour les cas Haac et Cbdh
La situation des budgets au titre de 2024 de la Haute
autorité de l’audiovisuel et de la communication (Haac) et de la Commission
béninoise des droits de l’homme (Cbdh) a aussi préoccupé. Des amendements ont
été faits pour une révision à la hausse des prévisions budgétaires des deux
institutions. L’augmentation du budget de la Haac, à en croire le député
Augustin Ahouanvoèbla, auteur de l’amendement, devrait permettre à
l’institution de régulation des médias au Bénin, de couvrir les frais de
sevrage en lien avec le renouvellement de ses membres attendu en 2024 ainsi que
les réformes allant dans le sens de la digitalisation. Sur la question, le
gouvernement a donné un avis réservé. Il estime qu’une évaluation financière
des besoins exprimés s’avère nécessaire pour mieux soutenir l’amendement. Il
mentionne toutefois que le budget 2024 est en augmentation de 100 millions F
Cfa par rapport à celui de 2023. Cette hausse met déjà en priorité les frais de
sevrage des conseillers pour trois mois à la fin de mandat ainsi que les
activités de modernisation de la Haac, avise le gouvernement.
La Cbdh a connu le même sort que la Haac. L’exécutif a jugé
utile de réserver son avis par rapport à l’amendement de l’honorable Natacha
Kpochan. Celle-ci propose que des crédits budgétaires additionnels de 95 296
996 F Cfa soient alloués au profit de cette structure pour l’exercice 2024. Ces
ressources, selon l’auteure de la proposition, sont nécessaires pour la
réalisation de la mission fondamentale de la Cbdh. Laquelle mission consiste en
la promotion et la protection des droits de l’homme sur toute l’étendue du
territoire national. La Cbdh, à cet effet, avait à son actif et ce dans six
départements du Bénin à savoir : Atlantique, Ouémé, Mono, Zou, Borgou et
Atacora, six officiers de droits de l’homme en vue d’une couverture nationale
et pour une meilleure efficacité de leurs interventions. La commission entend
procéder en 2024 à l’installation de ces agents relais dans les six autres
départements du Bénin restants que sont : Littoral, Plateau, Couffo, Collines,
Alibori et Donga. Ces besoins additionnels nécessitent l’augmentation du budget
de la Cbdh afin de couvrir les charges occasionnées par l’installation et le
fonctionnement de ces officiers de droits de l’homme. Pour le gouvernement, les
crédits alloués à la Cbdh, ces dernières années, ont connu une amélioration,
passant de 570 millions F Cfa en 2020 à 627 865 000 F Cfa en 2023 puis 735 779
000 F Cfa en 2024. Et ceci, sans compter des affectations directes effectuées
par le ministère de l’Economie et des Finances au profit de l’institution pour
des besoins spécifiques d’équipement et d’installation ainsi que pour des
opérations ponctuelles telles que la supervision des élections. Les crédits
complémentaires de 128 millions F Cfa alloués au titre de 2024 comparés à 2023
sont prioritairement destinés, entre autres, à la couverture des charges
salariales des agents contractuels et au financement des réformes envisagées
par l’institution à partir de l’année prochaine, répond le gouvernement.
2 milliards F Cfa additionnels pour les semences sélectionnées
Le souci de rendre plus accessibles les semences
sélectionnées aux producteurs et d’améliorer le rendement agricole au Bénin a
amené le groupe parlementaire « Les Démocrates » à initier un amendement pour
suggérer au gouvernement de subventionner lesdites semences qui coûteraient
cher, à ce jour. L’exécutif a été
favorable à cette suggestion de l’Opposition parlementaire. Une subvention
additionnelle de 2 milliards F Cfa sera mise en place au titre de 2024 en renfort
aux efforts déjà consentis en faveur du secteur. Cette ressource sera prélevée
sur la ligne « Autres transferts courants » de la dotation 014-Ministère de
l’Economie et des Finances. Le
gouvernement rappelle que pour faciliter l’accès des producteurs aux semences
de qualité et à prix abordables, sa politique a porté sur certaines actions. Il
s’agit, entre autres, de l’adoption du Règlement C/Reg 4/05/2008, portant
harmonisation des règles régissant le contrôle de qualité, la certification et
la commercialisation des semences végétales dans l’espace Cedeao/Uemoa/Cilss en
2008. L’objectif général du règlement est de : harmoniser les règles régissant
le contrôle de qualité, la certification et la commercialisation des semences
végétales et des plants agricoles dans les Etats membres afin de garantir la
bonne qualité et l’origine des semences à utiliser dans l’espace. De façon
spécifique, il s’agit de faciliter la production locale des semences de qualité
; de faciliter le commerce de semences entre les Etats membres ; de faciliter
l’accès des agriculteurs aux semences de qualité en temps et lieux opportuns ;
de créer un environnement favorable à l’investissement privé dans l’industrie
des semences ; de faciliter l’accroissement des choix de semences disponibles
aux agriculteurs et de promouvoir le partenariat entre le secteur public et le
secteur privé. Il y a eu l’adoption en Conseil des ministres le 21 octobre 2021
de la Stratégie nationale de développement du sous-secteur des semences
végétales (2022-2026). Cette stratégie vise à consolider les bases
institutionnelles, règlementaires et juridiques du sous-secteur national des
semences végétales en vue de le rendre plus performant, compétitif, viable et
de conformité normative aux standards des marchés sous-régionaux, régionaux et
internationaux. Outre l’adoption de ces deux documents, répond l’exécutif, le
financement des activités de contrôle et de certification des semences
végétales est pris en charge à 100 % par lui. Mieux, la production de semences
certifiées est exonérée des redevances de certification et les producteurs de
semences ne payent aucune redevance pour la certification de leurs produits.
Aussi, à l’image des producteurs agricoles de façon générale, les
multiplicateurs des semences bénéficient des équipements agricoles
subventionnés par le gouvernement et les prix de cession des semences
certifiées aux producteurs agricoles sont aussi subventionnés par le
gouvernement. Ces subventions sont mises en œuvre à travers notamment les
Agences territoriales de développement agricole (Atda) et portent sur les
grandes cultures comme le maïs, le riz, le manioc.
Victor Dassi Adossou, président de la Cour suprême