La Nation Bénin...
Des
chefs de juridictions et de parquets participent, depuis hier et pour une durée
de cinq jours, à un atelier de renforcement des capacités sur la transparence
des pratiques en matière de saisie et confiscation pénale. Adamou Moussa,
directeur de cabinet du ministre de la Justice et de la Législation, a procédé
à l’ouverture des travaux à Cotonou.
La
mise en place d’un vivier d’experts spécialisés dans les questions de
poursuites, de sanctions, de recouvrement et de gestion des avoirs criminels
est l’objectif poursuivi par le ministère de la Justice et de la Législation à
travers l’organisation d’un atelier de formation sur la transparence des pratiques
en matière de saisies et confiscations pénales, en collaboration avec l’Agence
nationale de recouvrement des avoirs confisqués et saisis (Anracs).
Florent
Raynier Gnansomon, directeur de l’Anracs, rappelle que la notion de saisie et
confiscation est une réalité intégrée dans la pratique des diverses
juridictions. Il souligne que, face à l’essor de la criminalité économique et
financière à travers le monde, les différents États, soucieux de préserver
l’ordre économique mondial, se sont engagés à lutter contre ce fléau. Dans ce
cadre, le Bénin a adopté plusieurs mesures au niveau national, que ce soit par
la création d’organes spécialisés ou l’adaptation et la revue des normes en
vigueur.
«
L’État ayant joué sa partition, il revient aux différents acteurs que nous
sommes de s’approprier les textes en vigueur et de les appliquer afin de rendre
effective la lutte contre la criminalité économique et financière », a déclaré
Florent Raynier Gnansomon. Ainsi, du 31 mars au 4 avril, les chefs de
juridictions et de parquets passeront en revue, sous la supervision de
l’expert-formateur français, Francis Mardonao, les pratiques en matière de
saisie et confiscation. L’objectif est de comparer les approches adoptées sous
d’autres cieux afin d’identifier les meilleures pratiques et de renforcer
l’efficacité de la lutte contre le crime économique et financier.
Selon
Adamou Moussa, directeur de cabinet du ministre de la Justice et de la
Législation, le renforcement des capacités des acteurs sur la transparence des
pratiques en matière de saisie et de confiscation est essentiel dans la lutte
contre la criminalité, notamment celle qui impacte l’intégration économique et
financière des États. Il insiste sur le fait que la formation continue des
acteurs du secteur judiciaire constitue non seulement un gage de
perfectionnement des compétences et de mise à niveau, mais aussi un moyen
d’amélioration de la qualité de la justice, contribuant ainsi à la
consolidation de l’État de droit et de la démocratie. La criminalité financière
transnationale et les infractions qui transcendent les frontières affectent les
économies, compromettent la stabilité et menacent la sécurité mondiale. « La
seule peine d'incarcération ne suffit pas à dissuader les criminels. Bien
qu’elle soit nécessaire pour sanctionner les auteurs, elle ne les frappe pas
directement là où cela fait mal, c’est-à-dire leur patrimoine », a expliqué
Adamou Moussa. Il souligne qu’un individu peut purger une peine de prison tout
en continuant à bénéficier des fruits de ses actes criminels par le biais de la
gestion de ses biens acquis illégalement.
C’est
en cela que la saisie et la confiscation des biens s'imposent. Au-delà de leur
aspect punitif, ces mesures ont un rôle stratégique majeur dans la dissuasion
des pratiques criminelles. Elles visent à priver les criminels de leurs biens
acquis illégalement et ont ainsi un effet dissuasif bien plus puissant que la
seule incarcération. Les sanctions liées à la confiscation des biens
constituent un levier essentiel dans la lutte contre la criminalité, car elles
privent les criminels des ressources leur permettant de perpétuer leurs
activités illicites et permettent d’exproprier les biens obtenus par des moyens
frauduleux.
Ces sanctions patrimoniales contribuent également à rétablir une forme de justice en réaffectant les biens saisis ou confisqués à des projets d’intérêt public, renforçant ainsi la confiance des citoyens dans les institutions judiciaires et dans l’État de droit.
Les participants à l'atelier de renforcement des capacités sur la transparence des pratiques en matière de saisie et confiscation pénale