La Nation Bénin...
Le
Conseil des ministres a entériné, mercredi 15 octobre, la création d’un organe
de grande portée. Il s’agit de la Commission nationale de réforme du Droit.
Cette décision s’inscrit dans une dynamique volontariste de renforcement de
l’Etat de droit et de cohérence dans les politiques législatives, conformément
aux ambitions exprimées dans le Programme d’action du gouvernement (Pag)
2021-2026.
La
Commission nationale de réforme du Droit est désormais une réalité. C’est une
avancée majeure dans le dispositif d’amélioration du cadre juridique béninois.
C’est ce qu’on peut retenir de la décision prise, mercredi dernier, en Conseil
des ministres.
En
effet, depuis plusieurs années, le Bénin s’est engagé dans un vaste chantier de
réformes institutionnelles et législatives. Cependant, malgré la multiplicité
des dispositifs d’assistance et de conseil aux structures dédiées, l’efficacité
attendue à long terme peine à se concrétiser. L’éclatement des missions, le
chevauchement des compétences et l’absence d’un mécanisme centralisé de
coordination ont contribué à une certaine incohérence dans l’élaboration,
l’application et l’évaluation des politiques juridiques.
Le
droit positif béninois, dans sa configuration actuelle, n’est en effet soumis à
aucune étude prospective structurée. Il manque un dispositif apte à analyser
son évolution, à en anticiper les défis, et à proposer des ajustements législatifs
cohérents. Ce vide empêche d’identifier les failles du système, les besoins de
réforme, et d'envisager des solutions à même d’être soumises aux instances
compétentes de manière rigoureuse et argumentée.
Face à cet état de fait, la création de la Commission nationale de Réforme du Droit (Cnrd) apparaît comme une réponse institutionnelle pertinente et structurante.
Stratégique
La
commission n’est pas un simple organe consultatif. Elle est conçue comme un
pilier central de veille, d’analyse et d’impulsion législative. Parmi ses
missions essentielles figure la conduite d’études approfondies de législation
appliquée et prospective dans tous les domaines du droit. Cette fonction
stratégique permettra d’anticiper les évolutions sociales, économiques et
technologiques susceptibles d’avoir un impact juridique et de préparer les
ajustements nécessaires.
En
outre, la Commission assurera de manière permanente le conseil aux institutions
publiques en matière législative et réglementaire. Elle jouera un rôle de vigie
en matière d’élaboration des normes, de simplification des textes, de
consolidation des réformes et d’harmonisation des pratiques. Par cette mission,
la Cnrd contribuera directement à une meilleure qualité de la loi, facteur
essentiel pour garantir la sécurité juridique, la transparence administrative
et la confiance des citoyens.
Aussi,
le champ de compétence de la Commission dépasse le cadre strictement national.
Elle est également appelée à assister le gouvernement dans la définition des
politiques publiques liées au droit, ainsi qu’à la conception, l’élaboration,
l’application et la diffusion des règles de droit communautaire, notamment dans
le cadre de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) et de la
Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Cela traduit
une volonté affirmée de faire du Bénin un acteur proactif dans l’harmonisation
régionale des normes, levier important pour l’attractivité juridique et
économique du pays.
Pour mener à bien ses missions, la commission sera structurée autour de deux organes internes : un Comité permanent et un Comité d’experts associés. Cette organisation permettra de conjuguer continuité et expertise diversifiée, avec l’objectif de formuler des propositions de réformes pertinentes, adaptées au contexte national, mais aussi inspirées des meilleures pratiques internationales.
Point fort du Pag
La
création de la commission s’inscrit dans la droite ligne des engagements du
président Patrice Talon, tels que définis dans le premier pilier du Pag
2021-2026 intitulé « Renforcer la démocratie, l’Etat de droit et la bonne
gouvernance ». Ce pilier fondamental du programme gouvernemental énonce
clairement les actions prioritaires que sont la consolidation de la démocratie,
l’Etat de droit et les libertés puis la promotion d’une justice moderne,
indépendante, efficace et accessible à tous.
L’instauration
d’un organe chargé de la réforme du droit, de la prospective législative et de
la rationalisation normative reflète également une compréhension fine des
exigences d’un Etat moderne, dans lequel le droit doit non seulement régir le
présent, mais aussi anticiper l’avenir.
Malgré
les nombreuses réformes entreprises ces dernières années dans les domaines de
la justice, de la décentralisation, de la gouvernance ou encore de la lutte
contre la corruption, l’architecture institutionnelle du Bénin restait
orpheline d’un mécanisme d’analyse transversale des politiques juridiques. La
création de la Commission vient donc combler un vide stratégique.
En
fait, dans la configuration des organes existants, aucune instance n’était
spécifiquement chargée de conduire des réflexions prospectives sur le droit
positif. Cela limitait la capacité de l’Etat à diagnostiquer ses propres
normes, à tirer les leçons des expériences passées et à projeter des solutions
innovantes face aux défis émergents. En centralisant ces fonctions dans une
structure dédiée, le gouvernement fait le choix de la cohérence, de
l’efficacité et de la durabilité.
La
mise en place de la commission constitue également un message fort adressé aux
partenaires du développement et aux citoyens. Le Bénin poursuit résolument sa
marche vers un Etat de droit moderne, où les règles juridiques sont pensées,
structurées et appliquées dans l’intérêt général, en toute transparence.