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Municipalité de Parakou: Les défis du nouveau maire Charles Toko et son équipe

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Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 10 oct. 2016 à 03h25

Elu maire de Parakou lundi 03 octobre, Charles Toko sera investi officiellement dans ses fonctions à la faveur d’une cérémonie prévue pour demain mardi 11 octobre. Mercredi 05 octobre dernier, il a pris les commandes de la municipalité des mains du maire intérimaire, Ibrahim Chabi Mama, et a échangé avec les directeurs techniques. Les aspirations et les défis à relever sont énormes en vue de faire de la métropole du septentrion une cité prospère.

Des difficultés entravent encore la bonne gouvernance à la mairie de Parakou, en dépit des efforts fournis par l’ancien maire Souradjou Karimou Adamou qui a eu le mérite de remettre le personnel au travail. Pour une gestion efficace des services de la mairie, le nouveau maire Charles Toko et le conseil municipal devront faire face aux problèmes qui ont noms : insuffisance des locaux servant de cadre de travail, parc informatique et matériel roulant désuets, insuffisance du personnel compétent, fonctionnement peu efficace des outils de gestion, conflits d’attribution, personnel peu motivé, absence d’un plan cohérent de formation et difficultés de gestion des carrières, laxisme et corruption. En effet, l’organigramme de la mairie adopté en 2012 prévoit 29 services mais tous ne sont pas pourvus jusqu’à ce jour et sur les 53 bureaux, il manque encore une trentaine d’agents qualifiés pour une bonne animation de ces services. La mise en place d’une politique visant une meilleure gestion des ressources humaines à travers les dossiers d’avancement, d’un système de motivation des agents : la désignation de l’agent modèle de l’année par exemple, vont certainement pousser les agents à donner le meilleur d’eux-mêmes. De son côté, le syndicat des agents de la commune espère de l’équipe municipale l’apurement des arriérés de cotisations à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), le recyclage du personnel, le paiement des frais de mission et des heures supplémentaires, l’ajustement des primes, indemnités et carburants des agents.

Sécurité et assainissement

Sur le plan de la sécurité des biens et des personnes, le pari de la quiétude est loin d’être gagné à Parakou qui enregistre souvent des délits et des crimes abominables : meurtres, vols, cambriolages, braquages, viols, etc. La ville reste mal éclairée : plusieurs lampadaires ne fonctionnent pas, favorisant la commission des actes répréhensibles surtout de nuit.
Les accidents de circulation sont également nombreux du fait de l’état dégradé des routes, des chantiers à la traîne dans la ville et de l’encombrement des routes par les camions alors que le parking pour véhicules gros porteurs de Kikparé peine à tourner à plein régime. Par ailleurs, il importe de rendre opérationnelle la direction de la police municipale dont l’effectif se résume jusqu’à présent à la seule personne de son directeur et ce, depuis plusieurs années.
Les questions de disponibilité d’eau potable et d’énergie électrique, d’hygiène et d’assainissement des quartiers, du chômage des jeunes, sont cruciales. En fait, accéder à l’eau potable constitue un véritable calvaire pour bon nombre d’habitants de la ville. La municipalité de Parakou a décidé de la mobilisation dans un bref délai d’une somme de 100 millions de francs CFA pour réaliser des forages dans les trois arrondissements de la commune. Les soubresauts liés à la destitution de l’ancien maire n’ont pas permis d’accélérer les travaux. Les longues coupures du courant électrique encore d’actualité creusent davantage les écarts dans la distribution correcte et efficace de l’eau de la Soneb dans les ménages.
Pour faire face à l’insalubrité qui règne dans tous les quartiers de Parakou, l’équipe de l’ancien maire a initié une journée mensuelle d’assainissement de l’environnement. Charles Toko devra lui emboîter le pas et mobiliser davantage les conseillers municipaux, les autorités politico-administratives, morales et religieuses et surtout les administrés de la ville pour redorer le blason de la ville jonchée par endroits de dépotoirs sauvages.

Infrastructures

Force est de constater que des artères pavées et dotées de caniveaux, des infrastructures réalisées à grands frais, continuent d’être le réceptacle d’ordures ménagères qui puent à longueur de journée au vu et au su des autorités municipales. La ville devra poursuivre sa politique d’urbanisation avec non seulement la réalisation d’infrastructures routières, mais aussi des lotissements des localités en attente.
En matière d’infrastructures, tout est à construire pour l’épanouissement économique et socio-culturel des habitants de Parakou. L’érection d’un nouvel hôtel de ville, des gares routières, d’hôtels de grand standing, d’un palais des congrès, d’un stade omnisports répondant aux normes internationales, d’un lycée technique, sont des projets qui tiennent à cœur aux Parakois. Le nouveau maire est appelé à œuvrer à leur concrétisation sans oublier la réhabilitation du Complexe textile du Bénin (Coteb) dans un état moribond. Les voies de contournement et de traversée de la ville, l’aéroport international de Tourou, le port sec, la construction de nouvelles infrastructures et le renforcement du plateau technique du Centre hospitalier universitaire départemental (CHUD-Borgou), sont des chantiers en cours qu’il faudra finaliser rapidement pour booster le développement socio-économique de la cité.
Dans le secteur de l’éducation, face à la démission apparente de l’Etat central, il revient aux collectivités locales de prendre à bras-le-corps la construction des salles de cours et l’équipement en mobiliers pour l’éducation et la formation des jeunes, fer de lance du développement. Tous ces défis reposent aujourd’hui sur les frêles épaules de Charles Toko qui est, certes, un baroudeur, un homme de défis, mais ne pourra pas faire des miracles dans un contexte où la mobilisation des taxes et autres ressources financières pour le développement est assez difficile. «C’est à l’œuvre qu’on reconnaîtra l’artisan», avait-il lancé dès son élection à la tête de la 3e ville à statut particulier. Les Parakois attendent donc de le voir à l’œuvre ?