La Nation Bénin...

Conformément à l’article 87 de la Constitution béninoise, l’Assemblée nationale a ouvert lundi 17 octobre, les travaux de sa seconde session ordinaire au titre de l’année 2016. A l’occasion, le président de l’Assemblée nationale, Me Adrien Houngbédji, dans son allocution, a mis l’accent sur les défis majeurs de cette session encore appelée session budgétaire et qui va durer trois mois.
Deux allocutions ont marqué la cérémonie d’ouverture solennelle de la seconde session ordinaire de l’année 2016 à l’Assemblée nationale. La première est celle du président de l’institution parlementaire, Me Adrien Houngbédji et la seconde de son hôte de marque, le secrétaire général de l’Union interparlementaire (Uip), Martin Chungong.
D’entrée de jeu, le président de l’Assemblée nationale a jeté un regard rétrospectif sur les activités de son institution au cours des six derniers mois. Il note avec satisfaction que le Parlement s’est acquitté vaillamment, au plan législatif, aux attentes de la population. Il en veut pour preuve le bilan de la production législative qui affiche 12 lois adoptées et 12 autorisations de ratification d’accords internationaux, le tout pour un montant de plus de 153 milliards FCFA au profit des secteurs tels que l’alimentation en eau potable, le transport urbain, le développement du maraîchage, la microfinance, et l’enseignement supérieur. Toutefois, pour le président de l’Assemblée nationale, en matière du contrôle de l’action gouvernementale, le bilan n’a pas été reluisant. En effet, à l’en croire, au cours des six derniers mois, trois questions écrites ont été posées au gouvernement, trente questions orales, dix questions d’actualité, presque toutes restées sans suite ; aucune commission parlementaire d’information et d’enquête et aucune interpellation. Il justifie ce rendement presque nul en matière de contrôle de l’action gouvernementale par le silence de certains ministres aux questions écrites ou leur indisponibilité aux séances de question d’actualité, qui ont contraint le Parlement à des reports répétitifs. Le président de l’Assemblée nationale rappelle par ailleurs que les ministres ne sont pas pour autant fautifs de cette situation. Ils bénéficient d’un temps de grâce décidé par l’Assemblée nationale vu qu’ils venaient à peine de s’installer. Il fallait dès lors laisser aux ministres le temps de s’organiser, de s’imprégner des dossiers, pour répondre avec pertinence aux préoccupations exprimées par les députés. Ce temps de répit est désormais révolu, avertit Adrien Houngbédji. Les ministres concernés doivent alors se préparer pour être au feu au cours de cette session budgétaire et répondre aux préoccupations des députés touchant leurs secteurs respectifs. D’ailleurs à cet effet, le président de l’Assemblée nationale a annoncé qu’outre l’après-midi de la journée du jeudi traditionnellement consacré aux questions au gouvernement, son institution a revu son plan de travail hebdomadaire. C’est désormais toute la journée entière des jeudis qui sera consacrée à l’opération. Les ministres auront désormais et la matinée et l’après-midi de la journée du jeudi pour se mettre à la disponibilité du Parlement.
Budget ambitieux, mais…
Revenant au projet de budget général de l’Etat, gestion 2017, point prioritaire de l’ordre du jour de la session budgétaire, le président Adrien Houngbédji s’est dit frappé par le montant de ce budget qui s’élève à la somme de 2010 milliards CFA contre 1423 milliards CFA pour le budget 2016 en cours d’exécution. Tout en saluant les défis de la mobilisation accrue des ressources et du capital-investissement que s’est lancé le chef de l’Etat et son gouvernement, il a invité ses collègues députés à examiner ce dossier, comme à l’accoutumée, avec minutie. Il s’agira pour eux de décortiquer le volumineux document pour voir s’il reflète les aspirations profondes du peuple, c’est-à-dire donne de réponses précises à certaines questions telles que le chômage des jeunes, les problèmes d’infrastructure de transport et de TIC, l’énergie, l’insécurité galopante et surtout les effets néfastes de la récession économique au Nigeria, avec son corollaire de baisse d’activités, et de baisse de compétitivité pour l’industrie locale, et de réduction des recettes fiscales au Bénin. Le président de l’Assemblée nationale a rappelé, outre le projet de loi de finances, les autres chantiers législatifs de cette seconde session ordinaire de 2016. Il a insisté sur les dossiers phares dont celui relatif à la proposition de loi portant égalité d’accès aux fonctions entre homme et femme. Relativement à ce point, Me Adrien Houngbédji a déploré la faible représentativité des femmes à l’Assemblée nationale du Bénin qui tient la lanterne rouge dans la sous-région avec ses sept femmes sur 83 députés soit un taux de 8%. Ce qui appelle, selon lui, à l’urgence pour le Bénin d’entreprendre des réformes pour corriger le tir dans ce sens. « Entre les 63% qu’elles sont au Parlement du Rwanda, les 44% qu’elles sont au Sénégal, les 17,5% qu’elles sont au Togo et les 15% qu’elles sont au Niger, il y a place pour une amélioration substantielle de la représentation des femmes dans notre Assemblée nationale. La démocratie béninoise qui se veut pionnière, qui se veut modèle, ne peut plus s’accommoder de cette anomalie, qui fait de nous la lanterne rouge de la sous-région », a plaidé en bon avocat le président de l’Assemblée nationale.
Une réforme pour l’Union interparlementaire (UIP) annonce son soutien au Parlement béninois à travers son secrétaire général, Martin Chungong, présent à l’ouverture solennelle de la session budgétaire. Ce dernier a assuré de la disponibilité de l’UIP à accompagner le Bénin à corriger cette injustice faite à la gent féminine.
Il faut souligner que la cérémonie a connu par ailleurs la présence des présidents des institutions de la République, des ministres du gouvernement, des membres du corps diplomatique, des organisations internationales, de la Société civile, des autorités traditionnelles et religieuses de la ville de Porto-Novo?
Rapport d’activités du président du Parlement : Me Adrien Houngbédji planche ce jour
Les députés de la 7e législature ne veulent pas perdre du temps. Ils veulent aller très vite dans le vif du sujet. A peine la seconde session ordinaire de l’année 2017 a-t-elle été ouverte hier que le président de l’Assemblée nationale a décidé de soumettre à l’appréciation de ses collègues son rapport d’activités allant de la période d’avril à octobre 2016. Le dossier est en examen ce mardi 18 octobre. Le président Adrien Houngbédji aura à présenter le document et le faire passer ensuite au vote. C’est la troisième fois qu’il fait cet exercice semestriel et constitutionnel pour le compte de la 7e législature installée en mai 2015. Les deux précédents rapports ont été adoptés à l’unanimité de ses collègues qui n’ont pas manqué de le féliciter pour la qualité de sa présentation. Le rapport de ce jour aura-t-il les mêmes chances que les deux derniers ? On attend de voir l’issue du vote de ce mardi à l’hémicycle.
Th. C. NAGNONHOU, A/R Ouémé-Plateau