La Nation Bénin...
Le premier Conseil des ministres du régime de la rupture s’est tenu mercredi 13 avril dernier avec à la clé, plusieurs décisions. Entre autres, il a décidé de «suspendre la procédure d’engagement dans la fonction publique, des agents recrutés à l’occasion des concours organisés depuis le 1er janvier 2015 dans tous les corps de l’Etat». Paul Essè Iko, secrétaire général de la Confédération syndicale des travailleurs du Bénin (Cstb), qui défend l’annulation desdits concours exprime sa satisfaction pour cette décision mais dit veiller au grain pour la suite.
La Nation :Le Conseil des ministres a décidé de suspendre les concours de recrutement depuis le premier trimestre 2015. Est-ce là un motif de satisfaction ?
Paul Essè Iko : Il faut dire que nos combats sont en train de payer. C’est bien ! C’est une bonne chose. Il faudra rester en éveil et poursuivre le combat pour qu’on n’ait plus d’impunité dans notre pays. Je pense que nous sommes satisfaits mais à moitié. Parce que la démarche même, elle est bonne. Il s’agit de suspendre ces concours là et de mener des enquêtes afin d’exhiber les preuves. Car, il y a des preuves qui permettent de régler un autre problème qui est celui de l’impunité. Donc avec les preuves, les fautifs seront châtiés pour qu’il n’y ait plus de ces concours frauduleux. Mais si on annulait purement et simplement, il n’y aurait plus question d’enquête parce qu’on aurait déjà réglé tout le problème. Je suis d’accord avec cette suspension qui va ensuite permettre de mener les investigations et interroger tous les acteurs de la chaîne depuis les autorités aux correcteurs en passant par les secrétaires et autres. Il faut arriver à identifier ceux qui ont glissé des noms, ceux qui ont fait que des gens n’ont pas composé mais sont admis. Par exemple, au niveau de l’enseignement primaire et secondaire, où l’ancien président a dit qu’il voulait recruter un certain nombre de personnes, nous avons appris que des noms ont été substitués. Qui sont ceux qui ont agi de cette manière ? Et c’est à l’avant-veille de l’investiture du nouveau président que les noms ont été envoyés au ministère de la Fonction publique. Et ce sont des cadres de ce ministère qui ont protesté auprès de nous par rapport à ça. Je suis donc d’accord avec la suspension mais j’insiste qu’il faut que cela soit suivi d’investigation.
Avez-vous confiance en ces commissions d’enquête pour l’atteinte d’un bon résultat ?
Nous suivons ! Si le bateau prend l’eau quelque part, on avisera. Parce qu’il faut qu’on veille au grain et suivre les choses de très près.
Certains admis ont pris service depuis des mois sans rien percevoir. Maintenant que le concours est suspendu, que deviendront-ils ? Et les douaniers qui ont fini à peine la formation militaire ?
Quand on me pose cette question, je réponds par un exemple. Prenez un travailleur qui serait rentré dans la Fonction publique avec un faux diplôme. Il a fait déjà 10 ans et on se rend compte que c’est un faux diplôme. Que fera l’Etat ? On le retire du boulot et il perd tous les droits. Parce qu’à l’origine, il y a la fraude. Donc c’est pour dire que si on constate qu’à la base de la procédure, il y a des éléments délictueux, des éléments frauduleux, on arrête tout. Si ces concours sont annulés, il y en aura d’autres qui seront organisés et les jeunes à la quête de l’emploi devront pouvoir y participer. Mais s’ils estiment qu’ils ont eu des préjudices, alors ils s’attaquent à l’Etat par des voies de recours. Mais il faut qu’ils prouvent leur intégrité et leur honnêteté à pouvoir exiger la justice ?
Propos recueillis par Claudel HOUNTON (Stagiaire)