La Nation Bénin...
Invité,
ce lundi 3 mars sur la télévision nationale, Père Eric Aguénounon, directeur de
l’Institut des Artisans de justice et de paix, a dissipé les confusions
alimentées par des commentaires erronés sur le rôle de l’Eglise dans la sphère
politique. Dans son intervention, il a expliqué que les positions de l’Eglise
s’inscrivent dans sa doctrine sociale, et qu’elles n’ont en rien une couleur
politique, encore moins celle de l’opposition.
Face
aux interrogations récurrentes concernant l’attitude de l’Eglise catholique,
notamment ses prises de position qui appellent parfois à une révision des
décisions gouvernementales en raison du contexte politique sensible, une
question a été posée par le journaliste Hermann Amègan: « L’Eglise ne
s’égare-t-elle pas? ». Sans hésitation, le Père Aguénounon a répondu :
«L’Eglise ne s’égare pas » .
Selon
lui, l’homme est constitué d’âme, de corps et d’esprit, et vit au sein de la
société. Par conséquent, toutes les questions liées à la paix, à la justice et
au bien-être social concernent également l’Eglise. Il insiste sur le fait qu’il
serait réducteur de limiter l’Eglise à une simple activité de sacristie. «
L’Eglise est au cœur du monde; et avec le Concile de Vatican II, nous avons vu
que l’Eglise est une institution qui est Sel de la terre et Lumière du monde ».
Un
rôle traditionnel de l’Eglise
Le Père Aguénounon rappelle que la mission de l’Eglise dans la société trouve son fondement dans la doctrine sociale de l’institution religieuse. Selon lui, l’Eglise rassemble des électeurs, des citoyens, et en tant que tels, ses membres ont tout à fait le droit d’intervenir sur les questions touchant la vie publique. D’ailleurs, il considère comme de la mauvaise foi l’idée que l’Eglise devrait se désintéresser de la chose publique. Pour lui, l’Eglise se propose simplement d’initier des dialogues, de favoriser la réflexion et de promouvoir la fraternité. Le directeur de l’Institut des Artisans de Justice et de Paix se demande pourquoi une telle confusion persiste, surtout dans un contexte où la plupart des responsables politiques revendiquent leur appartenance au catholicisme. Il rappelle aussi que l’Eglise a toujours été présente au Bénin, depuis 1861, dans les domaines de l’éducation, de la santé et de la formation. Il cite l’exemple des prélats comme Bernardin Cardinal Gantin, Monseigneur Adimou ou Monseigneur Sastre, qui ont joué un rôle important dans l’accompagnement des gouvernants pour instaurer une société plus pacifiée. Le Père Aguénounon mentionne aussi les actions visibles de feu Mgr Isidore de Souza, tout en soulignant que de nombreuses interventions de l’Eglise restent peu connues du grand public.
«
Toujours présente »
Le Père Eric Aguénounon a tenu à lever toute ambiguïté concernant l’implication de l’Eglise dans les affaires politiques. Il rappelle que les évêques ont toujours publié des lettres pastorales, tant au niveau national qu’au niveau des diocèses. Par ailleurs, l’Eglise a mis en place des institutions telles que l’Institut des Artisans de Justice et de Paix, l’Aumônerie des cadres et personnalités politiques, pour accompagner la marche démocratique et soutenir la société. « Ce n’est pas parce qu’on exprime une idée ou une pensée contradictoire que l’on est une opposition », a-t-il précisé. Il rappelle que les encycliques papales ont pour objectif d’enseigner les peuples et les civilisations. Lorsqu’un pape se rend dans un pays, il s’adresse au chef de l’État, aux autorités politiques, au corps diplomatique et à la société civile. Pour conclure, le Père Aguénounon réaffirme que l’Eglise n’est pas une opposition. Elle fait des observations par souci de paix et de justice.
Père Eric Aguénounon