La Nation Bénin...
Démarré
mardi 11 mars 2025, le procès de l’affaire Pierre Urbain Dangnivo permet de
noter que le corps sans vie exhumé à Womey, le 27 septembre 2010, pourrait bien
être celui de Dangnivo. Codjo Alofa se dédouane et dédouane ses coaccusés
devant le tribunal. Chaque partie continue de tirer le drap de son côté et le
mystère demeure entier sur le ou les auteurs et les raisons de la disparition
et de l’assassinat éventuel de Dangnivo.
Où
est passé Pierre Urbain Dangnivo depuis sa disparition le 17 août 2010? A-t-il
vraiment été assassiné ? Est-il en séquestration ou hors du territoire béninois
? Les premiers éléments du procès sur la disparition de cet ancien cadre et
syndicaliste du ministère de l’Economie et des Finances, repris mardi 11 mars
2025 au Tribunal de première instance de Cotonou, suggéraient la piste de
l’assassinat.
Il ressort, en effet, des interventions des médecins légistes conviés à la barre que les résultats des tests et comparaisons génétiques effectués par le Français Guillaume Monique en décembre 2024 sur les tissus osseux de la dépouille retrouvée à Womey, concordent avec ceux des tests et comparaisons génétiques effectués en 2018 par le professeur Anatole Laleye sur les tissus mous du même corps. Le taux de compatibilité génétique entre le corps exhumé à Womey et des proches de Pierre Urbain Dangnivo, serait très élevé (99,99 %). Ainsi, Dangnivo serait mort assassiné au regard de ces résultats de tests. L’autopsie du corps faite par le Dr Clément Kpadonou révèlerait des écrasements faciaux contondants. D’autres résultats d’autopsie seront présentés au tribunal dans la suite de l’audience.
Et
si Dangnivo avait été assassiné, qui l’aurait fait, comment et pourquoi ? C’est
là que demeure toute l’énigme. Dans ce dossier, le co-accusé Donatien Amoussou
clame son innocence depuis son arrestation. Devant le tribunal, Codjo Cossi
Alofa, le principal accusé, qui l’avait pourtant désigné comme son complice,
affirme au 3e jour du procès que Donatien Amoussou n’en est pour rien. «
Monsieur Alofa, confirmez-vous que Donatien Amoussou, Jérôme Tchiakpè et Prisca
Lègba sont innocents ? », lui demande le ministère public. « Oui, je le
confirme ! », a-t-il répondu dans la salle d’audience.
Outre
les témoins Enock Laourou, ancien patron des Services de renseignement ; le
Colonel Sévérin Koumasségbo, ancien chef de la sécurité rapprochée de Boni Yayi
et Jérôme Tchiakpè, dignitaire Thron ayant fait cinq ans de prison dans ce
dossier, l’huissier qui a scellé le corps retrouvé à Womey a aussi déposé en
qualité d’expert.
Un procès minutieux
Les
propos contradictoires relevés entre des témoins et les accusés ont conduit le
juge à solliciter la vérification de certaines déclarations et faits ; à
demander que les feuilles de notes d’audience à l’époque soient reversées à la
cour pour examen; à écouter d’autres témoins dont Julien Akpaki, ancien
directeur général de l’Ortb, le président de la commission d’enquête mise en
place à l’époque et la famille Dangnivo.
Suivant
le programme établi au début du procès, le président de céans et ses assesseurs
prévoyaient de finir le procès vendredi dernier. Mais ils ont estimé
qu’apprécier juste la culpabilité ou non de Alofa et son co-accusé Donatien
Amoussou serait un bon début. Sauf que cela ne permettrait pas forcément
d’élucider à fond le dossier pour la manifestation de la vérité. Le président a
alors pris une ordonnance pour ouvrir le procès jusqu’à la date à laquelle la
décision de première instance sera prise. Autrement dit, il y aura des
audiences en fonction des témoins conviés, des actes sollicités par le
tribunal, etc.
« Nous essayons, par ce procès, de réconcilier les Béninoises et Béninois avec la justice de leur pays, de démontrer à quel point ils peuvent s’exprimer librement. Au terme du procès, chacun aura eu le sentiment que sa voix aura été entendue », a affirmé un magistrat. L’audience reprend ce mercredi 19 mars 2025. Le tribunal n’exclut pas de convoquer à nouveau des témoins déjà interrogés pour complément d’informations ou autres.