La Nation Bénin...
Il
est en gestation dans le laboratoire de la mouvance présidentielle, un cadre de
concertation pour les quatre partis politiques soutenant les actions du
gouvernement du président Patrice Talon. Sans doute, une façon pour le chef de
l’Etat d’œuvrer de manière à assurer l’élection de son dauphin en 2026.
Patrice
Talon prépare le terrain pour la désignation de son dauphin et l’élection de ce
dernier en 2026. C’est l’image que projettent les rencontres entre le président
de la République et ses soutiens des partis Mouvement des élites engagées pour
l’émancipation du Bénin (Moele-Bénin) et Rassemblement national (Rn), qu’il a
reçus en audience la semaine dernière, ceci à la lecture du communiqué de
Moele-Bénin au sortir du tête-à-tête entre Patrice Talon et Jacques Ayadji,
président de ce parti.
Selon
la note de Moele-Bénin, « le chef de l’Etat a informé la délégation du parti,
de la création imminente d’un cadre de concertation regroupant les quatre
partis de la mouvance présidentielle représentés chacun par deux membres dont
le président du parti ». L’annonce donne ainsi un aperçu des tractations en
cours dans le camp présidentiel pour les élections générales de 2026, notamment
la désignation du futur successeur de Patrice Talon. L’idéal étant d’avoir un
candidat qui fait l’unanimité dans le camp présidentiel.
L’idée
d’un creuset du genre est tout à fait normale et naturelle. Le président de la
République étant en fin de mandat, mais souhaitant voir sa vision et ses
réalisations perpétuées dans le temps et l’espace, travaille de sorte à
convaincre le peuple à transmettre le pouvoir à quelqu’un qui pourra s’inscrire
dans la préservation et la consolidation des acquis.
Cette
volonté du chef de l’Etat n’est d’ailleurs pas une nouveauté en politique. En
2016 par exemple, face à lui-même Patrice Talon, il y avait un certain Lionel
Zinsou porté par le président sortant Boni Yayi. Au Niger en 2021, Mohammed
Bazoum, candidat du parti au pouvoir, est sorti vainqueur de la présidentielle,
non pas sans le soutien de son mentor Mahamadou Issoufou. En Côte d’Ivoire,
Alassane Ouattara a aussi tenté ce même schéma avec son ancien premier ministre
feu Amadou Gon Coulibaly. Avant le changement récent de régime au Sénégal,
Macky Sall a soutenu son ancien premier ministre Amadou Ba, candidat désigné du
parti présidentiel et de la coalition au pouvoir.
Marche commune
Patrice Talon sait que de sa gouvernance et de son choix, va dépendre le sort qui sera réservé à son dauphin. Le chef de l’Etat pourrait bien atteindre son objectif comme il peut en être autrement. Ce sera au peuple d'en décider, au regard des acquis de la gouvernance actuelle et de la carrure du dauphin choisi pour poursuivre la dynamique en cours depuis 2016.
Par
ailleurs, les ambitions présidentielles naissantes dans le camp de la mouvance
pour la succession de Patrice Talon sont aussi normales même si elles ne sont
pas de nature à assurer la cohésion de groupe. Il est donc dans l’ordre normal
des choses que le chef de l'État réagisse lorsque des gens de son camp décident
d’emprunter, sans son aval, un chemin qui met en péril les objectifs communs
pour 2026. Plus la mouvance sera divisée, mieux l’opposition politique a des
chances de s’imposer lors des joutes électorales de 2026. C’est sans doute ce
qui justifie l’idée de création du cadre de concertation de la mouvance
présidentielle. Patrice Talon a compris qu'il vaut mieux travailler à resserrer
les liens avant qu'il ne soit trop tard.