La Nation Bénin...
Le programme ‘’ Alliance pour l’engagement citoyen’’ a été lancé, ce jeudi 26 octobre à Cotonou. Financé par le Royaume des Pays-Bas, il vise à mobiliser les organisations de la société civile autour du développement des filières anacarde et karité.
La veille citoyenne investit davantage le champ des filières agricoles. Autour de l’anacarde et du karité, le programme ‘’ Alliance pour l’engagement citoyen au Bénin’’ (Aec) se veut l’initiative déclencheur de la mobilisation des Organisations de la société civile (Osc) autour du développement de ces deux spéculations agricoles. Le programme lancé hier à Cotonou vise à améliorer l’environnement politique des organisations de la société civile et le système de gouvernance des chaînes de valeur qui favorisent l’inclusion de groupes marginalisés, protègent et promeuvent le droit des travailleurs. Il s’agit aussi de contribuer au développement durable et à l’amélioration des revenus et des moyens de subsistance des acteurs du karité et de l’anacarde.
Le projet qui court de 2016 à 2020 est financé par l’Organisation inter-religieuse pour la coopération au développement (Icco) pour un montant de 2 261 963 euros, soit 1,3 milliard F Cfa. Leena Lindqvist, directrice régionale d’Icco, soutient que l’Aec ouvre une nouvelle approche qui fait de la responsabilisation des acteurs le principal levier de développement des filières concernées. Elle rappelle que les interventions d’Icco au Bénin ont significativement impacté la production et la transformation du karité et du cajou. « La convergence des interventions des uns et des autres a contribué à doubler les exportations de l’anacarde qui sont passées de 51.348 tonnes en 2011 à 131 241 tonnes en 2015, soit un accroissement de 156%. Il en est de même du karité qui, en quelques années, s’est imposé comme le troisième produit d’exportation du pays », informe-t-elle.
Le programme cible le renforcement des capacités des organisations professionnelles de petits exploitants du karité et de l’anacarde dans le but de les rendre capables de dialoguer avec l’Etat pour la compétitivité de leurs produits et l’amélioration de leur accès au marché équitable ainsi que leurs revenus. Sa mise en œuvre repose sur deux principes : le principe d’intervention multi-acteurs et celui de la complémentarité dans les appuis, faisant appel à une dynamique de concertation et de dialogue permanents entre les acteurs.
Stratégie innovante
Harry Van Dijk, ambassadeur du Royaume des Pays-Bas près le Bénin, estime que les rôles écologiques et de lutte contre l’extrême pauvreté que jouent ces deux filières plaident en faveur du soutien de la Hollande. Il confie que plus de 200 000 ruraux vivent de l’anacarde et plus de 500 000 femmes ont leur vie essentiellement liée à la transformation du karité. « Le programme Alliance pour l’engagement citoyen se positionne comme un levier de renforcement de l’espace de dialogue politique en faveur de l’anacarde et du karité », souligne le diplomate. Il ajoute qu’un tel programme vient renforcer les Osc des filières anacarde et karité par des stratégies de lobby, de plaidoyer et de dialogue à tous les niveaux de décision. Il favorise aussi un meilleur accès aux marchés pour les petits exploitants et amène le gouvernement à porter le karité au rang de filière phare.
« Le succès de ce processus de réformes du secteur agricole, dépend, entre autres, de la capacité des acteurs à dialoguer. Ce programme est tout opportun et nous resterons très attentifs à sa mise en œuvre », commente Nicolas Dandoga, directeur de cabinet du ministre en charge du Commerce. Delphin Koudandé, ministre en charge de l’Agriculture pense que la stratégie d’actions de l’Aec paraît innovante et tranche avec les habitudes, à savoir le développement de services et la responsabilisation des acteurs eux-mêmes. « Le programme considère les familles d’acteurs des filières comme un maillon de la société civile qu’il se propose de renforcer afin qu’elles soient en mesure de dialoguer avec l’Etat sur leurs besoins et demandes. Cette approche concourt à l’émergence d’un secteur privé fort et compétent pouvant stimuler l’Etat à agir efficacement », soutient-il. Il conclut que l’Aec va créer entre l’Etat et les autres acteurs, un espace de dialogue inclusif pour de meilleurs choix dans les actions, décisions et interventions de l’Etat dans le développement des deux filières.