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Rapport de la Cnuced : Le Bénin crédité d’un taux d’Ied de 19,7% en 2015

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Par   LANATION, le 04 mai 2017 à 10h04

Le taux d’investissement étranger direct (Ied) au Bénin s’est multiplié par six entre 2005 et 2015 mais reste encore faible en pourcentage du Produit intérieur brut (Pib), soit 19,7%. Le rapport de suivi sur la mise en œuvre de l’examen de la politique d’investissement rendu public fin décembre 2016 par la Conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement (Cnuced) mesure l’étendue des défis.

La conclusion du rapport de suivi sur la mise en œuvre de l’examen de la politique d’investissement de la Cnuced est sans appel. Entre 2005 et 2015, le Bénin a enregistré une tendance haussière des flux des investissements étrangers directs (Ied), passant de 50 millions de dollars en 2005 à 229 millions en 2015, avec un pic de 405 millions de dollars en 2014. Ce bond n’est que l’arbre qui cache la forêt. Comparé au produit intérieur brut du pays, le stock d’Ied affiche un taux de 19,7% en 2015, largement en deçà de la moyenne des pays de la Cedeao estimée à 24,1% et des Pays les moins avancés (Pma) en Afrique de l’ordre de 35,9%. Dans le même temps, le Niger est crédité d’un taux d’investissement de 72,2% de son Pib, la Côte d’Ivoire de 35%, le Togo de 32,8% et le Mali de 22%. « Le potentiel du Bénin en termes en d’attraction des Ied n’est pas suffisamment exploité. Ceci peut s’expliquer par plusieurs facteurs qui impactent négativement les perspectives de croissance de l’économie béninoise, la capacité à tirer pleinement profit de la position géostratégique du pays et son attractivité vis-à-vis des investisseurs étrangers », note le rapport. Ces facteurs, estime la Cnuced, comprennent, notamment les contraintes liées à l’environnement des affaires, la perception de la corruption ainsi que l’insuffisance des infrastructures de soutien au développement du secteur privé.

Pour autant, le rapport note que les flux d’investissements étrangers, qui se sont multipliés par six ces dix dernières années, découlent des projets financés par les bailleurs de fonds dans les infrastructures portuaires. « Une grande partie des flux d’Ied s’est dirigée vers ces infrastructures portuaires de même que vers le commerce et les télécommunications, trois secteurs qui ensemble contribuent de manière significative au Pib (constitué à plus de 50% par les services) », souligne la Cnuced qui ajoute que le tourisme, l’agroalimentaire, le ciment et le bâtiment et travaux publics sont aussi pourvoyeurs d’Ied.

 

Des réformes à approfondir

Le rapport de suivi a aussi examiné les réformes entreprises depuis l’examen de la politique d’investissement en 2005. A ce propos, la Cnuced indique que des progrès ont été enregistrés dans la mise en œuvre des recommandations. L’agence onusienne retient surtout la création du Guichet unique de formalisation des entreprises (Gufe), la modernisation partielle des infrastructures et de la gestion du port de Cotonou ainsi que la révision des taux d’imposition des entreprises. Le rapport note par exemple que l’impôt sur les sociétés (IS) des entreprises commerciales est passé de 38 à 30% et une taxe professionnelle synthétique, déterminée selon le chiffre d’affaires a été mise en place pour certaines catégories d’entreprises afin d’encourager la formalisation. « L’intervention des opérateurs privés a permis une amélioration des infrastructures du quai sud au port de Cotonou. Par ailleurs, l’établissement de la Société d’exploitation du guichet unique du Bénin (Segub), la dématérialisation de certaines procédures, le lancement récent du Guichet unique des opérations de commerce extérieur (Guoce-Bénin) et l’utilisation de Sydonia ++2 ont permis d’entamer une simplification des opérations portuaires », salue la Cnuced.

Toutefois, le rapport avance que certaines réformes importantes encore inachevées devraient faire l’objet d’une attention particulière. Il s’agit en l’occurrence de la création de l’Agence de promotion des investissements et des exportations (Apiex), l’adoption du Code domanial et foncier, l’opérationnalisation de l’Agence nationale de lutte contre la corruption, le renforcement du dialogue public-privé et la mise en place de la loi sur les partenariats publics-privés. Le rapport soutient que la résolution des différends commerciaux demeure problématique : « La proposition de loi sur la création des tribunaux commerciaux est en attente d’adoption et la création d’une section commerciale au sein du Tribunal de première instance à Cotonou ne peut constituer qu’une mesure transitoire ». Avec 19,7%, le Bénin a visiblement du chemin à faire pour convaincre les investisseurs étrangers. La nouvelle matrice d’application des recommandations ne dit pas mieux?