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Rencontre entre le président du Bénin et son prédécesseur à Abidjan: Patrice Talon -Boni Yayi la paix des braves !

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Par   Bruno SEWADE, le 19 avr. 2016 à 07h37

Le président de la République du Bénin Patrice Talon et son prédécesseur Boni Yayi ont passé la journée du lundi 18 avril à Abidjan en Côte d’Ivoire en présence des présidents Alassane Dramane Ouattara de la Côte d’Ivoire et Faure Gnassingbé du Togo. Pour quel but ? Développement du Bénin ou réconciliation ?

Qu’est ce que l’ex-président de la République du Bénin Boni Yayi et son successeur Patrice Athanase Guillaume Talon se sont-ils dit en présence des présidents de la Côte d’Ivoire Alassane Dramane Ouattara et du Togo, Faure Gnassingbé à Abidjan en Côte d’Ivoire lundi 18 avril ? La question préoccupe les Béninois. Car, entre les deux présidents, ce n’était pas la lune de miel durant le processus électoral qui a conduit Patrice Talon au palais de la Marina au terme du scrutin présidentiel de mars dernier.

En effet, Boni Yayi et Patrice Talon collaboraient en cordiale entente depuis l’élection du premier à la présidence de la République depuis 2006. Mais leurs relations seront brouillées après la présidentielle de 2011 quand le président Boni Yayi aurait demandé à Patrice Talon de l’aider à réviser la Constitution du 11 décembre 1990 pour lui permettre d’accéder à un troisième mandat. N’ayant pas adhéré à cette demande, les problèmes entre les deux personnalités ont commencé par là. C’est ainsi que les affaires de tentative d’empoisonnement et de coup d’Etat sont survenues après les crises autour du dossier Programme de vérification des importations (PVI) nouvelle génération et du coton.
La dégradation des relations entre les deux ont fait que Patrice Talon a été obligé de quitter le pays pour se réfugier à Paris en France. Le dossier empoisonnement et tentative de coup d’Etat porté devant les tribunaux n’ont pas donné les résultats escomptés par le président Boni Yayi. C’est-à-dire ramener au pays son ex-ami Patrice Talon. Tout le monde était là quand le président Boni Yayi à la veille d’une fête de l’indépendance a déclaré qu’il pardonnait à Patrice Talon et Olivier Boko qui ont été cités nommément dans le dossier avec leurs prétendus complices qui étaient en prison au Bénin. Pour tous les Béninois, le dossier était clos. Mais erreur ! Il fallait attendre la veille de l’élection présidentielle de mars 2016 pour se rendre compte que les querelles entre les deux hommes étaient encore vraiment d’actualité.
La pré-campagne, la campagne et la période électorale ont été une occasion pour les deux camps de montrer à la face du monde que ça n’allait pas du tout entre l’ex-président et celui qui devient aujourd’hui son successeur. Des invectives par ci, des propos désobligeants par là. Et quoi encore?
Le président Boni Yayi ne voulait pas du tout voir son ennemi juré au palais de la Marina comme président de la République. Si c’est le cas, les rumeurs avaient annoncé qu’il a déclaré qu’il ne lui passerait jamais le pouvoir. Mais l’autre de son côté travaillait pour qu’élu, il donne une autre orientation de la gestion du pays. C’est dans cette ambiance que Patrice Talon a eu l’onction du peuple béninois pour prendre le pouvoir au terme du scrutin du 20 mars dernier. Investi, peut-il gérer le pouvoir en gardant toujours ses relations tendues avec son prédécesseur ? Toute la question est là.
En faisant l’option de gérer le pays dans l’unité nationale, le président Patrice Talon sera dans l’obligation de se réconcilier avec ceux qui hier étaient ses ennemis. Et la rencontre avec son prédécesseur à Abidjan en Côte d’Ivoire s’inscrit certainement dans cette logique.
Le voyage du nouveau président du Bénin n’étant pas un déplacement officiel, les Béninois sont en droit de se demander ce qu’il peut aller discuter avec Boni Yayi si ce n’est pas pour la réconciliation. Et les déclarations des quatre présidents au cours de cette rencontre en disent long.

Les déclarations

«C’est une joie pour moi d’accueillir mes frères. Nos pays sont membres du Conseil de l’Entente. Nous faisons de sorte à renforcer la coopération entre nos États. Je voudrais dire au président Patrice Talon que nous sommes fiers de son parcours et dire à Boni Yayi que le Bénin est entre de bonnes mains avec le président Patrice Talon», a déclaré le président de la Côte d’Ivoire Alassane Dramane Ouattara. Au président du Togo Faure Gnassingbé, il affirme que c’est un immense plaisir pour lui de le recevoir. Car, la rencontre du lundi 18 avril, indique-t-il est une rencontre d’amitié et de fraternité.
Pour sa part, le président Boni Yayi a remercié les autres présidents pour la journée passée ensemble. «Nous avons échangé conformément à l’esprit qui prévaut dans la sous-région. Les présidents Alassane Ouattara et Faure Gnassingbé viennent de poser un acte fort», se réjouit Boni Yayi qui a renouvelé ses félicitations à Patrice Talon pour sa brillante élection. «Il y avait cette complicité entre mon frère Patrice et moi. J’ai eu l’occasion d’appuyer mon frère dans sa mission qui est de faire du Bénin un pôle de croissance. Nous étions des amis et nous le demeurons dans l’intérêt du peuple béninois et de notre sous-région», a réitéré l'ancien président Boni Yayi. Il a ajouté que Dieu aide Patrice Talon à réussir son mandat avant de souligner que le président Alassane Ouattara appuyé par le président Faure Gnassingbé joue un rôle de leadership.

Les assurances de Patrice Talon

En ce qui le concerne, le président du Bénin, Patrice Talon a remercié les présidents Faure Gnassingbé et Alassane Ouattara pour le soutien dont il a bénéficié. «Le temps que nous venons de passer ensemble est un témoignage de leur leadership. Je fais le serment à Boni Yayi d’être un bon président et je rassure que je donnerai le meilleur de moi-même pour garantir au Bénin et à toute la sous-région une bonne ambiance de solidarité et de paix», rassure le président Patrice Talon. Pour lui, les intrigues de la compétition politique ne prendront pas le pas sur le devoir d’œuvrer pour la paix.
Le président de la République du Togo Faure Gnassingbé, après avoir remercié Alassane Ouattara pour son initiative a salué les deux frères du Bénin qui ont su s’élever et démontrer que la perception qu’on pouvait avoir d’une mésentente n’a rien à voir avec la réalité. « Ils ont démontré que ce qui compte c’est le Bénin», conclut-il¦