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Renforcement de la gouvernance et des droits de propriété: Le Bénin attire les capitaux et réduit l’informalité

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Le Bénin a franchi une étape décisive en simplifiant l’enregistrement des propriétés et étendant l’usage des outils numériques. Cette avancée saluée par la Banque mondiale, illustre comment la sécurisation des droits de propriété et la gouvernance fondée sur des règles peuvent stimuler l’investissement, réduire l’informalité et instaurer un climat de confiance économique.

Par   Babylas ATINKPAHOUN, le 13 août 2025 à 07h40 Durée 3 min.
#Gouvernance au Bénin

La protection des droits de propriété et l’application équitable des règles sont des éléments importants pour un environnement économique sain dans un pays. Ainsi, un système judiciaire efficace crée les conditions pour que les marchés fonctionnent, que les contrats soient respectés et que les investisseurs opèrent dans un cadre sûr et prévisible. C’est dans cet esprit que le Bénin a entrepris ces dernières années une réforme en profondeur de son administration foncière. Selon les données récentes de la Banque mondiale, le pays a étendu l’utilisation de systèmes numériques pour l’enregistrement des propriétés, tout en simplifiant les procédures administratives. Le résultat est qu’il y a désormais moins de lourdeur administrative, une réduction notable des litiges en zone urbaine et une baisse du recours aux pratiques informelles. Cette transformation numérique ne constitue pas seulement une modernisation technique. Elle représente selon les objectifs du gouvernement, un levier stratégique pour sécuriser les investissements, améliorer la transparence et renforcer la confiance des acteurs économiques, qu’ils soient locaux ou étrangers. La clarification des droits de propriété est en effet un facteur clé pour l’accès au crédit, la valorisation des biens et la mobilisation des ressources foncières en faveur du développement. Si le Bénin se distingue par ses avancées, d’autres pays africains ont également multiplié les réformes pour améliorer leur gouvernance judiciaire et foncière. Selon la Banque mondiale, le Rwanda, par exemple, a presque atteint la couverture universelle dans la délivrance des titres fonciers, tandis que la Côte d’Ivoire a fait progresser la reconnaissance juridique des droits coutumiers grâce à des initiatives de cartographie communautaire. La Banque mondiale note par ailleurs que la digitalisation gagne du terrain. Le Ghana et le Malawi testent actuellement des systèmes de dépôt électronique et de suivi en ligne des affaires, visant à réduire les délais et à accroître la transparence. En renforçant la sécurité juridique, les États créent un environnement plus propice à l’investissement, favorisent la croissance des entreprises, encouragent l’innovation et stimulent le commerce international.

 

Modèle en construction

Malgré les progrès, la Banque mondiale relève plusieurs obstacles qui freinent l’efficacité des systèmes judiciaires en Afrique. Dans certains pays, l’ingérence de l’exécutif compromet l’indépendance de la justice. Dans d’autres, le manque de ressources, les arriérés d’affaires et la dépendance aux procédures papier ralentissent le traitement des dossiers. Les disparités territoriales restent également fortes. Dans des zones rurales ou fragilisées par des conflits, l’accès à la justice formelle demeure limité, poussant les populations à recourir à des mécanismes coutumiers, parfois mal intégrés au système juridique national. Ce chevauchement peut entretenir l’insécurité foncière, notamment dans des pays comme le Liberia ou le Mozambique.

En misant sur la dématérialisation des procédures et la simplification administrative, le Bénin se donne les moyens de bâtir un système foncier plus transparent et plus efficace. Cette réforme, qui s’inscrit dans une vision plus large de modernisation de la gouvernance, pourrait servir de modèle régional, à condition de maintenir l’élan et de veiller à ce que l’accès à ces services numériques soit équitable sur l’ensemble du territoire. Les experts soulignent qu’un système judiciaire et foncier crédible ne se décrète pas. Il se construit dans la durée, à travers des investissements constants dans la formation, l’équipement et l’indépendance des institutions. Pour le Bénin, le défi sera de consolider les acquis, tout en élargissant l’accès aux zones moins connectées et en renforçant la confiance des citoyens. La sécurisation des droits de propriété n’est pas un luxe réservé aux économies développées. En Afrique, elle constitue l’un des socles de la stabilité et du développement. Le Bénin, en adoptant les outils numériques et en simplifiant ses procédures, démontre qu’une gouvernance fondée sur des règles peut s’allier à l’innovation pour répondre aux besoins de ses citoyens et de ses entreprises. À terme, ces efforts permettront d’instaurer une véritable culture de la confiance, où la loi protège, les règles s’appliquent à tous, et la justice devient un moteur de prospérité partagée.

Il faut stimuler l’investissement et instaurer un climat de confiance économique avec un système judiciaire efficace et une gouvernance fondée sur des règles.