La Nation Bénin...
Vingt-deux acteurs clés de la sûreté portuaire venus de plusieurs pays du golfe de Guinée ont pris part du 3 au 7 novembre, à une formation de niveau 1 sur le thème «Cybercriminalité, terrorisme et sécurité portuaire ». Organisée dans le cadre du programme Safe Port II, cette session vise à renforcer les capacités des personnels portuaires face aux nouvelles menaces dans l’espace maritime.
Face à la montée des cybermenaces, les ports exigent désormais non seulement des compétences mais aussi des textes et des procédures permettant d’anticiper sur une éventuelle cyberattaque pouvant paralyser les activités. La formation de cinq jours organisée à Cotonou au Bénin dans le cadre du programme Safe Port II vise précisément à doter les acteurs des outils techniques et juridiques nécessaires pour prévenir, détecter et répondre avant que la vulnérabilité ne se transforme en catastrophe. Organisée par l’Institut de sécurité maritime interrégional (Ismi) et sous la direction de l’Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche (Unitar), avec le financement du ministère fédéral allemand des Affaires étrangères et le soutien institutionnel de la Préfecture maritime du Bénin, cette formation s’inscrit dans la deuxième phase du programme Safe Port II, une initiative qui vise à renforcer la résilience des systèmes portuaires face aux menaces contemporaines que sont la cybercriminalité, le terrorisme, et l’insécurité maritime. Cette session a rassemblé 22 cadres des administrations maritimes et portuaires du golfe de Guinée. Tous ont en commun d’être confrontés dans l’exercice de leurs fonctions, à la montée des risques liés à la numérisation des infrastructures portuaires et à la recrudescence des actes terroristes.
Sous la conduite d’experts nationaux et internationaux, les participants ont été initiés aux fondamentaux de la cybersécurité portuaire, à la prévention des actes terroristes et aux bonnes pratiques de gestion des risques dans les espaces portuaires. Le lieutenant-colonel Jean-Modeste Kouadio, coordonnateur pédagogique de l’Ismi, a rappelé l’importance de cette formation dans un contexte où les ports, de plus en plus numérisés, deviennent des cibles potentielles. « Il était important pour nous d'organiser ce stage pour donner des rudiments aux acteurs de la sécurité portuaire afin qu'ils puissent intégrer ces fléaux dans leur stratégie de lutte », a-t-il déclaré. Il a souligné que la cybercriminalité et le terrorisme représentent désormais des menaces réelles pour la stabilité et la sûreté des activités maritimes.
Connaissance approfondie
La connaissance approfondie du fonctionnement de ces fléaux est une étape indispensable pour concevoir des stratégies efficaces de prévention et de réponse. Pour Mamadou Mbengue, expert-formateur en cybercriminalité, la digitalisation accélérée des ports rend urgente l’intégration de la cybersécurité dans les politiques de sûreté maritime. « Les ports sont désormais des infrastructures numériques. Les pirates informatiques peuvent perturber leur fonctionnement sans même se rendre sur les lieux. Il fallait donc comprendre les liens entre cybercriminalité et sécurité portuaire », a-t-il expliqué. Le formateur a détaillé les mécanismes d’attaque, les méthodes de protection et le cadre juridique international encadrant la lutte contre la cybercriminalité, citant notamment la Convention de Budapest, la Convention de Malabo et la récente Convention de Hanoï des Nations Unies. Les travaux pratiques ont permis aux participants d’expérimenter des cas concrets, notamment sur la préservation des preuves numériques et la détection de métadonnées compromettantes dans les échanges électroniques. Les formateurs ont insisté sur la nécessité de considérer les actifs critiques immatériels, données, systèmes d’information, plans numériques, comme des composantes à part entière de la sécurité portuaire. À l’issue de la session, les participants ont exprimé leur satisfaction et leur détermination à appliquer les connaissances acquises dans leurs administrations respectives. Pour Pascal Marie Faye, participant venu du Sénégal, cette initiative est porteuse d’avenir. «Ce séminaire est une révélation pour plusieurs pays représentés. Nous avons appris des méthodes et procédures pour contrer la cybercriminalité et le terrorisme, qui freinent le développement économique», a-t-il reconnu. L’un des points forts de cette session a été la participation féminine, encouragée par l’Ismi. Armelle Dangue Bah, participante venue du Cameroun, a salué l’initiative. « Cette formation nous a permis de comprendre des notions nouvelles comme la cybersécurité et le terrorisme dans le domaine maritime. Grâce aux outils reçus, je compte proposer dans mon pays une révision des plans de sécurité portuaire pour y intégrer la lutte contre la cybercriminalité», a-t-elle projeté.
Des acteurs de la sûreté portuaire du golfe de Guinée ont participé à la formation sur la cybercriminalité et le terrorisme