La Nation Bénin...
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son séjour en terre brésilienne, Patrice Talon, président de la République du
Bénin, s’est rendu, vendredi 24 mai, à Salvador de Bahia. Une visite pleine
d’émotions et d’engagement à restaurer les relations entre les deux peuples.
A
l’accueil de Patrice Talon, président de la République du Bénin, à Salvador de
Bahia, il n’y avait pas que des autorités politiques. Il y avait surtout un bon
nombre de têtes couronnées et chefs de religions endogènes. Des religions qui
ne sont rien d’autres que celles emportées par les aïeux du Bénin lors de la
traite négrière. C’était donc le signe palpable que le Bénin et Bahia sont un
même peuple puisque ayant la même histoire. Le chef de l’Etat était donc très
enthousiaste en visitant cette cité au cours de son séjour au Brésil. “Je suis
ému parce que ici à Salvador, je me sens comme chez moi. Nous avons un lien
historique entre Bahia et le Bénin. Pour moi, Bahia, c’est un peu le Bénin”, a
déclaré Patrice Talon devant un parterre d’autorités brésiliennes. Fort de
cette conviction, il ne pouvait qu’être submergé d’émotions. Mais le président
de la République a aussi exprimé une certaine frustration. “ Je suis ému mais
aussi frustré parce que pour deux communautés, deux régions du monde, deux
peuples qui sont si proches par l’histoire, c’est dommage qu’on ne se connaisse
pas assez. C’est seulement à travers les écrits, les documents, l’histoire
qu’on se connait. Mais les contacts humains n’existent presque pas. Bahia ne
connait pas le Bénin. C’est dommage”, a indiqué le président Patrice Talon.
Sauf que tout n’est pas encore perdu. Il y a encore une possibilité de
restaurer les liens entre les deux peuples pour une meilleure connaissance
mutuelle. “Il n’est jamais tard pour réparer et pour faire les bonnes choses.
Ma visite ici à Bahia est destinée un peu à faire cette réparation”,
confesse-t-il avant d’étaler les atouts économiques du Bénin et la
prédisposition de son pays à oeuvrer pour des relations fortes entre les deux
peuples. “On peut faire des affaires au Bénin. On peut faire des
investissements au Bénin. On peut échanger avec le Bénin. Pour faciliter les
choses et permettre que les Brésiliens découvrent le Bénin et que les Béninois
découvrent le Brésil, et viennent sentir ici que cette terre est également la
leur, nous allons travailler à mettre en place une liaison aérienne, voire une
ligne directe entre Cotonou et Salvador”, a annoncé le président de la
République sous les applaudissements de ses interlocuteurs.
Avant
ce déplacement à Salvador de Bahia, le chef de l’Etat avait eu des échanges
avec le président brésilien à Brasilia.
Le
président Patrice Talon se rendra aussi à São Luis, ville dans laquelle a vécu
la mère du roi Guézo. Sur cette terre, elle avait d’ailleurs créé un temple
dénommé La Casa das Minas. En ce lieu, se déroulent encore jusqu’à ce jour des
rites vodun. Une preuve de la profondeur des liens séculaires et historiques
entre les deux pays.
Dans
l’agenda du chef de l'Etat, il est aussi prévu qu’il ait des séances de travail
avec les autorités politico-administratives des villes ou Etats qu'il visitera.
Des signatures d'accords sont aussi au menu de ce déplacement.
Un tête-à-tête, une annonce forte
Les Brésiliens et tous les Afro-descendants sont désormais officiellement informés de la bonne nouvelle qui leur venait du Bénin, la terre de leurs aieux. Et c’est Patrice Talon, président de la République en personne qui s’en est chargé, lors de son audience avec Luiz Inacio Lula da Silva, président de la République fédérative du Brésil, ce jeudi 23 mai au Planalto, le palais présidentiel du Brésil à Brasilia. « Désormais, monsieur le président vous serez Béninois ! », a lancé le chef d’Etat béninois à son homologue. Il venait à peine d’annoncer au grand public la décision de son pays d’offrir la nationalité béninoise aux Afro-descendants. « Le Bénin est un peu le Brésil, le Brésil est un peu le Bénin », a-t-il insisté tout en rappelant que les Brésiliens ont des origines dahoméennes puisque les ancêtres y ont été déportés à la faveur de la traite négrière.
Bien
évidemment, cette information a été favorablement accueillie par les potentiels
bénéficiaires qui n’ont pas manqué d’ovationner le porteur de la bonne
nouvelle. Désormais, estiment-ils, ils ne seront plus étrangers au Bénin, leur
pays d’origine.
Selon
le projet de loi introduit par le gouvernement à l’assemblée nationale pour
l’octroi de nationalité aux Afro-descendants, est Afro-descendant « toute
personne qui, d’après sa généalogie, a un ascendant africain subsaharien
déporté hors du continent africain dans le cadre de la traite des Noirs». Mais
la nationalité ne sera pas distribuée à tout vent. A en croire le projet de
loi, « la preuve de l’Afro-descendance est fournie par le demandeur au moyen de
toute documentation d’état civil ou officielle, de tous témoignages constatés
par acte authentique, d’un test Adn réalisé par une structure agréée au Bénin
ou par tout autre moyen technique ou scientifique ».
La
nationalité acquise confère à son détenteur tous les droits et obligations
attachés à la nationalité béninoise, mais elle l’excepte cependant des droits
politiques et de l’accès à la fonction publique béninoise.