La Nation Bénin...
La décision du Conseil des ministres en date du 13 avril dernier, de suspendre les concours à polémique, intervient alors que les nouvelles recrues à la Douane sont presque à terme de la formation militaire. Marcellin Laourou, secrétaire général du syndicat de la Douane, donne son appréciation de cette décision et des autres qui sortent du dernier Conseil des ministres concernant sa corporation.
La Nation : Le dernier concours de recrutement d’agents à la Douane vient d’être suspendu. Vous en êtes certainement satisfait ?
Marcellin Laourou : A priori, je dis que c’est un motif de satisfaction si je veux vous répondre sans ambages. Dans nos précédentes revendications, le premier acte que nous avons demandé au gouvernement de prendre, c’est la suspension. Ensuite, il faut mener les investigations et situer les responsabilités et annuler le concours au regard des irrégularités que nous aurons à révéler et mis à leur disposition. Nous sommes conscients qu’il y a eu beaucoup d’irrégularités et nous avons les preuves. En son temps, on savait que si le gouvernement engage l’enquête, les choses allaient être mises au clair. Mais au-delà de ça, notre objectif, ce n’est pas une suspension ou pour nous donner l’impression d’un dilatoire pour calmer les syndicalistes afin que la situation reste telle. C’est un dossier que nous allons suivre. Par rapport à la seconde étape, nous voudrons, afin d’être totalement satisfaits, que la commission d’enquête commence le travail le plus tôt possible. Secundo, que cette commission écoute toutes les personnes qui ont des éléments à mettre à leur disposition, surtout les partenaires sociaux. Ensuite, que des enquêtes soient menées au niveau des lauréats. Parce que, même les lauréats ont commencé par parler. Que les professeurs qui ont corrigé les copies soient écoutés. Tout ça rassemblé fera jaillir la vérité. Cette vérité conduira le gouvernement à l’annulation. Les preuves seront tellement palpables que le gouvernement sera obligé de prendre une décision, faute de quoi l’esprit d’équité et de justice qui devait guider les concours sera brisé. Nous sommes déjà satisfaits mais nous voulons que le gouvernement aille loin. Si les responsabilités sont situées, que des sanctions soient prises pour qu’on n’assiste plus à ces genres de concours au Bénin.
Les douaniers admis à ce concours sont presque à terme de la formation et la suspension tombe. Que vont-ils devenir ?
En réalité, les lauréats ont reçu une formation militaire commune de base. Mais, la Constitution fait obligation à tout citoyen de faire le service militaire. A partir du moment où, ils sont des citoyens béninois et que c’est l’Etat même qui a voulu les mettre dans cette situation en les soumettant à la formation de façon précipitée et illégale, ils ne peuvent que s’en prendre à ceux qui les y ont envoyés. Puisque quand on négociait, l’ancien président de la République a dit que si on constate qu’il y a des irrégularités, nous allons purement et simplement les renvoyer. Nous considérons donc qu’ils ont fait le service militaire d’intérêt national. Ce n’est pas encore une formation douanière.
Le Conseil des ministres a également abrogé des décrets relatifs aux forces de sécurité et assimilés, notamment la Douane. Qu’en dites-vous ?
Les décrets qui concernent la Douane, sont des décrets spécifiques. C’est-à-dire des décrets qui ont trait à la spécificité de nos missions. Quand on prend les décrets de manière générale, on voit que les décrets spécifiques ne concernent pas les autres corps. C’est dire que peut-être ils ont fait le travail dans le cadre tracé, aux yeux du gouvernement. En ce qui concerne la Douane, c’est peut-être que le gouvernement reproche quelque chose à ces décrets. Ce qui est sûr, nous serons appelés et on nous demandera d’expliquer tel aspect ou telle disposition. On va se comprendre. Puisque nous avons besoin de certains décrets pour régir notre corporation. Il y a un décret sans lequel, c’est comme si nous ne sommes régis par aucune loi de la République. Parce que la loi 2015-20 abroge déjà tous les anciens textes qui nous régissent. S’il y a des choses à corriger, on va le faire pour répondre à l’attente du gouvernement et la lutte va continuer.