La Nation Bénin...
Le
gouvernement a introduit une nouvelle mesure dans la loi de finances 2025,
visant à limiter l’utilisation de cash dans les transactions commerciales. A
partir de 2025, un droit de timbre de 1 % sera appliqué sur les paiements en
espèces supérieurs à 100 000 F Cfa, afin de promouvoir la bancarisation et de
renforcer la transparence, tout en luttant contre la fraude fiscale.
A
partir du 1er janvier 2025, tout paiement en espèces supérieur à 100 000 F Cfa
sera soumis à une taxe de 1 %, reversée au Trésor public. Cette mesure vise à
encourager l’utilisation de moyens de paiement plus sécurisés et à renforcer la
transparence des transactions.
Selon
Nicolas Yènoussi, directeur général des Impôts (Dgi), cette réforme a pour
objectif de lutter contre la fraude fiscale et de promouvoir la bancarisation.
« Les paiements en espèces, bien qu’utiles dans certaines situations, sont
souvent utilisés à des fins illicites. En sanctionnant leur usage excessif,
nous voulons favoriser des modes de paiement plus sûrs et traçables »,
a-t-il expliqué. Il est question de réduire les risques liés à l’utilisation
massive de cash, qui échappe souvent au contrôle de l’Etat.
Cette
nouvelle disposition n’est pas une révolution en soi, mais plutôt un
renforcement de mesures déjà existantes. En 2003, un arrêté ministériel avait
déjà limité les paiements en espèces à 100 000 F Cfa, conformément à la
directive n°08/2002/Cm/Uemoa. L’article 1 de cet arrêté imposait à tous les
commerçants d’accepter les paiements supérieurs à ce montant sous forme de
virement, de chèque bancaire ou postal. Toutefois, l’efficacité de cette mesure
avait été limitée, notamment en raison de l’absence de sanctions immédiates
pour les contrevenants.
Une
mesure revisitée
Si la loi prévoyait déjà une amende de 5 % sur les paiements en espèces supérieurs à 100 000 F Cfa, son application s’est avérée peu dissuasive, en raison de son caractère réactif (intervenant après un contrôle fiscal) et de l’usage persistant de l’argent liquide dans les transactions. C’est pourquoi, pour la loi de finances 2025, le gouvernement a décidé de remplacer l’amende par un droit de timbre de 1 %, collecté au moment de l’encaissement et reversé directement au Trésor public, clarifie Nicolas Yènoussi. Cette approche vise à garantir une application plus efficace et immédiate de la législation.
Le
Bénin n’est pas le premier pays de l’Uemoa à adopter une telle réglementation.
Le Sénégal, par exemple, applique depuis plusieurs années des mesures
similaires pour limiter les paiements en espèces. Ces pays ont constaté les
avantages de la bancarisation, tant sur le plan de la transparence fiscale que
sur celui de la sécurité des transactions.
Cette nouvelle disposition encourage donc non seulement la traçabilité des paiements, mais aussi la sécurité des commerçants et des consommateurs. Les paiements électroniques, qu’il s’agisse de virements bancaires, de chèques ou de paiements mobiles, laissent des traces, ce qui facilite les enquêtes en cas de litiges ou de fraudes. « Cette mesure va dans le sens de la modernisation de notre économie et de la lutte contre l’évasion fiscale », précise Nicolas Yènoussi.
Conséquences
pratiques
Les autorités espèrent que la réduction des paiements en espèces permettra une meilleure collecte des impôts et une plus grande sécurité pour les citoyens, tout en soutenant l’adoption des technologies financières.
Pour
les commerçants, l’implémentation de cette nouvelle règle exigera une mise à
jour de leurs systèmes de paiement. Ils devront s’assurer de pouvoir accepter
les paiements électroniques à partir du 1er janvier 2025, en privilégiant les
solutions telles que les virements bancaires, les chèques ou les paiements via
téléphone mobile. Les institutions bancaires auront également un rôle clé à
jouer en rendant ces moyens de paiement plus accessibles, notamment en
fournissant des terminaux électroniques de paiement (Tpe) et en facilitant
l’accès aux cartes bancaires.
Du
côté des consommateurs, la mesure invite à privilégier les paiements
électroniques pour toute transaction supérieure à 100 000 F Cfa. Si ces
derniers ne respectent pas la règle, ils seront responsables du paiement du
droit de timbre de 1 %. Il est toutefois important de préciser que cette règle
ne concerne pas les dépôts d’espèces dans les banques, qui restent soumis au
timbre fiscal traditionnel de 100 F Cfa, ni les retraits d’espèces effectués
depuis les comptes bancaires.
Bien que l’adoption de paiements électroniques demande un certain effort de la part des commerçants et des consommateurs, cette transition vers des transactions plus sûres et traçables est essentielle pour le développement économique du pays.