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Violences et cancer du sein: L’Inf met des mots sur l’indicible

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Octobre Rose à Cotonou, lever les tabous pour protéger les femmes Octobre Rose à Cotonou, lever les tabous pour protéger les femmes

Au siège de l’Institut national de la femme (Inf), à Cotonou, la journée du 31 octobre n’avait rien d’ordinaire. Dans l’enceinte sobre du bâtiment, un ruban rose, symbole universel de la lutte contre le cancer du sein, côtoyait des messages appelant à mettre fin aux violences faites aux femmes. Pour marquer « Octobre rose », l’Inf a choisi un thème fort  « Violences faites aux femmes et risques accrus de cancer : brisons le silence ».

Par   Abdul Fataï SANNI, le 04 nov. 2025 à 02h46 Durée 3 min.
#lutte contre le cancer du sein

Dans le cadre d’ « Octobre rose », mois consacré à la lutte contre le cancer du sein, l’Institut national de la femme (Inf) a organisé, vendredi 31 octobre dernier, une journée de réflexion placée sous le thème : « Violences faites aux femmes et risques accrus de cancer : brisons le silence ». Cette rencontre n’était pas seulement un moment de sensibilisation ; elle a permis de questionner la société sur une réalité souvent mal nommée : la violence physique ou psychologique infligée aux femmes a des conséquences directes sur leur santé, parfois jusqu’à la maladie. A l’ouverture de la journée, la présidente de l’Institut, Huguette Bokpè Gnacadja, a rappelé l’urgence d’aborder ces sujets. « Le cancer, c’est violent. Et la violence, c’est violent. Entre les deux, il y a le silence, et le silence tue », a-t-elle lancé. Derrière ses mots, un appel notamment à dénoncer, prévenir et soutenir. Les femmes victimes de violences retardent souvent les dépistages, par peur ou par honte. Un retard qui peut coûter la vie. Aux côtés de l’Inf, Air France a apporté son soutien. Son directeur au Bénin, Jean-Marc Breton, a évoqué les vingt années d’engagement de la compagnie dans des actions de prévention. « Octobre rose mobilise le monde entier. Sensibiliser, c’est sauver des vies », a-t-il affirmé, saluant les professionnels de santé présents.

Lien entre violence, stress et maladie

Face au public composé de femmes, d’étudiantes, de membres d’associations et de responsables institutionnels, des experts du milieu médical ont pris la parole pour situer sur le lien entre violence, stress et maladie. La psychologue Souliatou Abiola a été catégorique. Pour elle, le stress chronique, fréquent chez les victimes de violences, dérègle l’organisme. « Le cortisol produit en excès affaiblit le système immunitaire et peut favoriser des comportements de survie, comme l’oubli de soi ou l’alcool. Prendre soin de sa santé mentale, c’est déjà prévenir la maladie », a-t-elle insisté. Le chirurgien oncologue Dr Freddy Gnangnon a pour sa part livré un constat alarmant.  Au Bénin, le cancer du sein est non seulement le premier cancer chez la femme, mais le premier cancer tous sexes confondus. « Sur dix femmes diagnostiquées, seules quatre ou cinq sont encore en vie après cinq ans », a-t-il expliqué. Le dépistage précoce, selon lui, change tout. « Plus tôt on détecte, plus grandes sont les chances de guérison, et l’on peut même préserver le sein », souligne-t-il en rappelant les quatre niveaux de prévention, éviter les facteurs de risque, se faire dépister régulièrement, traiter efficacement les cas diagnostiqués et accompagner humainement les patientes en fin de vie. Un véritable chemin de soins, qui exige l’implication de tous. En clôturant la journée, Huguette Bokpè Gnacadja a rappelé que ce combat dépasse la seule cause féminine. « Ce n’est pas une lutte des femmes contre les hommes. C’est une responsabilité collective, une dette sociale envers chaque femme de ce pays », a-t-elle conclu.