La Nation Bénin...
Tout
est fin prêt pour l’édition 2025 des Vodun days. Wenceslas Adjognon-Monnon,
directeur projet de l’évènement, assure et rassure. Des détails sur l’événement
et son organisation, il en donne dans cet entretien.
La
Nation: Monsieur le directeur, quelle est la philosophie des Vodun days ?
Wenceslas Adjognon-Monnon : Pour vous répondre simplement, je dirais que c’est un nouveau format de la célébration de la fête des religions traditionnelles. Depuis l’an passé, on a fait un test pour voir comment on allait présenter ce nouveau format. Etant donné que nous avons la volonté de sortir de nos murs, de faire connaître ce qu’est le Vodun au monde entier, puisque c’est notre richesse, notre patrimoine, il a plu au Bénin de se donner les moyens d’accorder l’année dernière un jour, cette année deux jours, à la célébration de cette richesse qui est la nôtre et de la faire connaître au monde entier.
Vous parliez des éléments qui ont été testés l’année dernière et qui font que les Vodun days sont revenus cette année en meilleure version. Quels sont ces éléments-là ?
L’année dernière, ce que nous avions essayé de faire, c’était plutôt de nous adresser exclusivement dans un format amélioré de ce qui se faisait où l’on délivrait un discours d’ouverture et il y avait juste une célébration purement culturelle, orchestrée, et quelques dignitaires autour. C’est l’année dernière déjà, que nous l’avons plus ouverte à l’ensemble de la population. C’est pour cela qu’on a voulu mixer la culture, le côté culturel pur avec des artistes béninois et internationaux, avec des découvertes de différentes places dans la ville de Ouidah, animées par différentes divinités, les masquées et les non-masquées. Et on a aussi voulu créer un espace où tout le monde peut se rencontrer avec une zone de concerts, de brassages, où plusieurs communautés peuvent se côtoyer. Pour autant, le point d’orgue des Vodun days reste et restera la grande cérémonie. C’est vraiment le point d’orgue de notre rencontre, de notre manifestation.Comment
comptez-vous dans une célébration comme celle-ci séparer le cultuel du
culturel ?
Vous savez, il y a la loi qui précise la séparation de l’Église et de l’État. Donc la religion ne fait pas partie des choses que l’État promeut. Pour autant, l’État accompagne les acteurs religieux à différents titres. Vous savez, l’État béninois donne un appui tout au moins technique à ceux qui vont faire le hadj à la Mecque. Il pourrait aussi appuyer ceux qui voudront aller au Vatican, à Lourdes, et ainsi de suite. Les célestes qui se réunissent à Sèmè… Nous avons voulu, tout simplement, sans que l’État ne se mêle du culte, montrer que le Vodun existe. C’est une religion qui est béninoise, c’est notre richesse. Mais on ne fait pas de prosélytisme. On ne demande pas aux gens de devenir adeptes ou fidèles, en aucun cas. Donc nous mettons la culture pour découvrir le culte.
Peut-on alors dire aujourd’hui que le Bénin est dans une sorte de réappropriation de l’identité autour du Vodun ?
La
seule vraie contribution que l’Afrique noire ait apportée à l’humanité, c’est
le Vodun. Et c’est chez nous. Alors,
oui, on se l’approprie, on affirme ce patrimoine, mais on n’est pas en train
d’affirmer que l’État est Vodun. On affirme juste ce patrimoine pour en faire
un point d’attention qui amène les touristes chez nous. Vous savez, on va
visiter Lourdes, on va visiter la Mecque, on va visiter le Vatican. Et pour
nous, nous avons cette possibilité de nous appuyer sur ce patrimoine immatériel
pour faire venir des gens qui vont découvrir cette tradition et du coup
découvrir le Bénin.
Parce
que parmi les gens qui vont arriver, il y a beaucoup de délégations étrangères.
Il y a beaucoup de pays qui viennent. Ces personnes vont se déplacer, dormir,
manger, et ainsi contribuer à l’économie du pays, d’une certaine façon. Celui
qui se déplace, a minima, va mettre du carburant dans le véhicule, même si ce
n’est pas lui qui le fait, celui qui le transporte va le faire. Donc, vous
voyez, toute la chaîne va vivre de ça. Vous prenez celui qui va au restaurant,
qui va manger, au bout de la chaîne, il y a l’agriculteur, il y a le meunier,
il y a celui qui a travaillé le produit à la base. Donc, c’est un tout. C’est
un des points d’appui sur la globalité du tourisme que nous voulons faire. Ce
ne sera pas exclusif, puisque nous avons beaucoup d’autres choses à montrer.
Parlez-nous des infrastructures qui ont été érigées, à cet effet, dans la ville de Ouidah.
Déjà
l’année dernière, pour l’édition zéro, nous avons travaillé sur des places que
nous avons réaménagées pour pouvoir accueillir des manifestations de façon
structurée sur plusieurs espaces. Le seul que nous avons rajouté dans ce lot,
cette année, c’est ce qu’on appelle le « Satô » du couvent Zakpata de
Zoungbodji. Sinon, les autres existaient. Nous sommes en train de recréer des
infrastructures. Donc, nous capitalisons sur ce qui existe. Et, la nouveauté
qu’on va avoir aussi sur l’édition 2025, c’est la découverte, l’ouverture au
public de l’arène culturelle de Ouidah, le 11 janvier.
Quel point peut-on faire à l’heure actuelle de l’organisation générale ?
L’organisation générale, c’est une coordination de plusieurs corps de métiers, de plusieurs corps d’État. C’est ça qui est beau dans le tourisme, puisque tout le monde est concerné. Aujourd’hui, c’est Bénin Tourisme qui est à la charge de l’organisation globale. Pour autant, Bénin Tourisme travaille en synergie totale avec le ministère du Tourisme, de la Culture et des Arts, avec l’Agence de développement des arts et de la culture (Adac), la Police républicaine, le ministère de la Santé, la mairie de Ouidah, le ministère de la Communication et de la Digitalisation… Donc, c’est une grande famille qui se crée autour de ce projet, où chacun a sa partition à jouer.
En venant à Ouidah, cette année, à quoi peut-on s’attendre en termes d’attractions ?
Quand
on va venir à Ouidah, cette année, on va découvrir beaucoup de choses. La plus
importante, c’est l’animation des places. Donc, nos places sont animées tous
les jours, les 9, 10 et 11, en matinée et en après-midi. Ensuite, nous avons en
permanence un village des festivités. Dans ce village, on va retrouver des
artisans, des restaurateurs. Donc, c’est un espace de brassage qui se trouve au
niveau de la plage. Une fois qu’on arrive en fin d’après-midi, on désactive, on
va dire entre guillemets, les places en ville pour se concentrer sur ce qui va
se passer au niveau de la plage. Là, nous avons le 9, un concert géant avec des
artistes locaux et internationaux. Ensuite, le 10, qui est le point d’orgue de
Vodun Days. L’histoire a voulu que ça tombe sur le 10 janvier, puisque c’était
jadis le 10 janvier. Sauf que désormais, c’est le deuxième vendredi du mois de
janvier de chaque année. Donc, ça pourrait fluctuer, mais cette fois-ci, ça
tombe sur le 10.
Donc, le 10, on a la grande cérémonie Vodun, suivie d’une prestation de musique traditionnelle. Le 11, on fera une animation avec des danseurs sur bambou et des Egungun au niveau de l’arène culturelle. Il y aura aussi la troupe d’enfants les Pépit’arts, qui va jouer. Il y aura également une troupe d’enfants qui s’appelle « Alossè ». Ensuite, on ira à la plage où il se passera un concert géant, populaire, animé par des DJ béninois et internationaux. Et on fera la fête jusqu’à l’aube, puisque le dimanche, c’est un jour pour se reposer. Donc, pour cette édition, on a quatre jours d’affilée, et ça donne plus de force à ce que nous sommes en train de produire. Les gens pourront vraiment, sans limitation, se défouler, s’amuser, et profiter de la fête des religions traditionnelles.
Quelles sont les dispositions prises en termes de logistique pour pouvoir accueillir tous ceux qui feront le déplacement?
L’année dernière, nous avons fait 96 000 en termes de chiffres. Cette année, au vu de ce qui s’annonce, nous nous attendons à beaucoup plus. On ne pourra pas donner un chiffre exact, ce serait un peu prétentieux. Pour autant, on est prêt. Nous sommes aguerris pour faire face à tout type de public. En termes de préparatifs ou de préparation, si on va estimer, nous sommes à 100 % de nos prévisions. Nous avons établi des chronogrammes, des rétro-plannings et nous sommes dans l’exécution. La fête commence demain. Nous sommes prêts et nous espérons que tout se passera comme prévu.
Est-ce que vous avez l’impression, dans tout ce qui se fait que nos compatriotes de la partie septentrionale du pays se sentent véritablement impliqués, concernés ?
J’aurais pu vous dire que vous avez raison, mais cette année, ils sont de la partie. Donc, ils seront là. Vous les verrez le 10. Ils seront même présents sur l’esplanade du Temple des Pythons, pour animer. Parce que ce qui se disait jusque-là, c’est que le Vodun s’arrête au niveau méridional. Mais nous savions que ce n’était pas la vérité. La preuve, c’est que le comité des rites Vodun est allé jusqu’à Gogounou et a trouvé la pratique du Vodun. Vous voyez donc toute l’étendue du Vodun sur le plan national, et sûrement international.