Investissements de l’Afd au Bénin depuis 2014

Impacter le quotidien de milliers de Béninois en investissant dans des domaines prioritaires tout en soutenant les ambitions des gouvernants pour un développement durable et inclusif. Ainsi se résume la ligne de conduite du groupe Agence française de développement (Afd) au Bénin. De 2014 à 2022, l’Afd a engagé plus de 615 millions d’euros soit près de 400 milliards de francs Cfa au Bénin, essentiellement dans les secteurs de l’éducation secondaire et de la formation professionnelle, de l’énergie, de l’agriculture, du développement urbain, de la valorisation du patrimoine culturel et de l’appui au secteur privé. L’Afd est partenaire financier sur 37 projets de développement en cours au Bénin.
Dans le secteur de l’éducation secondaire et de la formation professionnelle, priorité inscrite au Programme d’action du gouvernement, l’Afd est un partenaire de proue qui accompagne les gouvernants sur plusieurs axes. L’agence s’est engagée dans la construction d’infrastructures scolaires notamment 1000 salles de classe, 14 lycées techniques et 3 centres de formation ; dans la formation des enseignants ; dans le maintien à l’école des filles; dans l’enseignement des matières scientifiques et dans le développement d’une offre de formation professionnelle et technique de qualité portant sur des secteurs créateurs d’emplois dont l’agriculture et les Btp (Bâtiments et Travaux Publics). Ce sont globalement 85 mille jeunes qui bénéficient des projets de l’Afd en faveur d’un meilleur accès à l’éducation secondaire et à des formations techniques. 14 % des investissements de l’agence depuis 2014 sont consacrés à l’éducation secondaire et à la formation professionnelle. Les interventions de l’agence s’étendent également au secteur privé à travers le soutien à l’entreprenariat et à l’innovation. Plus de 98 % des entreprises au Bénin sont informelles et représentent 95 % de l’emploi total. Ces entreprises sont confrontées à de nombreuses difficultés pour leur survie et leur développement. « Le groupe Afd mobilise alors l’ensemble de ses outils financiers (prêts, subventions, garanties Ariz et Euriz) à destination des acteurs publics ou privés, pour faciliter l’accès aux financements des Tpe/Pme ; appuyer le secteur productif et les investissements verts et faire émerger un environnement propice au développement du secteur privé. L’Afd accompagne également la transition numérique et les entrepreneurs innovants », fait savoir Jérôme Bertrand Hardy, directeur de l’Afd au Bénin.

Agriculture novatrice et sécurité alimentaire

La lutte contre la malnutrition en milieu rural est une préoccupation que l’Afd accompagne à travers le Projet d’Appui au développement des filières protéiniques (Padefip). Féru de la production halieutique, Séraphin Bokossa, président de la coopérative des pisciculteurs de Covè, a fait l’expérience de cet accompagnement de l’Afd. C’est avec plaisir que cet homme, qui dispose de 8 étangs sur une superficie estimée à 5340 mètres carrés, partage ses succès. « Avec l’appui de l’Agence française de développement, je dispose aujourd’hui de plusieurs bassins qui répondent aux normes et je bénéficie surtout de l’expertise de spécialistes qui m’appuient et m’orientent. Grâce à cet accompagnement, ma production annuelle est passée d’un peu plus d'une tonne à près de neuf tonnes. Pour moi, c’est un exploit. J’ai une importante quantité de variétés telles que les clarias, les tilapias, les silures…, et j'approvisionne en gros comme en détail plusieurs marchands qui viennent d’un peu partout. J’étais menuisier charpentier de profession mais je puis vous dire aujourd’hui que j’ai abandonné la menuiserie pour la pisciculture et j’en suis fier », confie Séraphin Bokossa, qui préside une coopérative de 26 membres, une des coopératives les plus dynamiques parmi les sept coopératives mises en place dans les départements du Zou et des Collines dans le cadre du Padefip. « La finalité du Padefip est de contribuer à l’accroissement des revenus des producteurs de la région Centre du Bénin et à l’accroissement de la disponibilité en protéines accessibles financièrement en milieu rural. Il s’agit d’une part de contribuer à l’amélioration de la compétitivité de la filière Soja et d’autre part au développement de la pisciculture continentale paysanne par une extension de la pratique dans la région Centre », fait observer Fidèle Sossa, spécialiste de la filière piscicole pour le Padefip.
Dans le secteur de l’agriculture, un autre secteur prioritaire du Programme d’action du gouvernement, l’action de l’Afd vise à améliorer la compétitivité et la productivité des exploitations familiales, à assurer la sécurité alimentaire et à promouvoir une agriculture novatrice et respectueuse de l’environnement. « Les interventions financées par l’Afd contribuent ainsi à lutter contre la malnutrition et la pauvreté en milieu rural, à renforcer la gestion des ressources naturelles et foncières et à assurer une plus grande implication des femmes et des jeunes », explique le directeur de l’Afd au Bénin. L’agriculture, faut-il le rappeler, emploie plus de 50 % de la population active et contribue à 28 % du Pib du Bénin. L’accompagnement de l’Afd est manifeste dans plusieurs filières. L’agence appuie la Transition agro-écologique dans les zones cotonnières et la lutte contre la dégradation du couvert forestier. Dans tous les projets agricoles financés, l’Afd contribue à améliorer l’appui conseil aux producteurs en introduisant dans les modes d’accompagnement la gestion durable des terres et la préservation des ressources naturelles.

Forte concentration sur l’énergie et le développement durable

Premier bailleur de l’éducation secondaire et de la formation professionnelle au Bénin, l’Afd s’est davantage illustrée ces dernières années dans les domaines de l’énergie et du développement urbain qui mobilisent respectivement 39 % et 24 % de ses investissements. C’est dire que ces deux domaines ont concentré 63 % des investissements de l’Afd depuis 2014. Dans le secteur de l’énergie, l’Afd appuie le Bénin dans l’extension de l’accès à l’électricité et la transition énergétique. Elle consacre près de 40 % de ses engagements au Bénin pour lutter contre la fracture énergétique. En effet, seuls 41 % des Béninois (moins de 12 % en milieu rural) ont accès à l’électricité. « Nos projets visent à faciliter l’accès à l’électricité de plus de 900 mille personnes grâce à l’extension du réseau de distribution ; la promotion des énergies renouvelables et l’amélioration des performances des sociétés nationales d’électricité », relève le directeur de l’Afd au Bénin. Un tour dans les postes de transformation de haute tension sis à Akassato et Cococodji, permet d’avoir un aperçu des résultats des investissements de l’Afd à travers le Projet de renforcement du réseau de distribution électrique au Bénin (Réseau Sbee – Prera). Un projet multi-bailleurs que l’Afd finance à hauteur de 25 millions d’euros. A en croire Vincent de Paul Ahoussinou, coordonnateur du Prera, ce projet qui va contribuer à la croissance économique et à la réduction des inégalités territoriales dans le département de l’Atlantique a pour objectifs : l’amélioration de la disponibilité et de la qualité de l’électricité pour les abonnés de la Sbee grâce à une meilleure fiabilité du réseau ; l’augmentation de l’accès à l’énergie électrique dans le département de l’Atlantique et la contribution au redressement financier de la Sbee par la réduction des pertes techniques et commerciales. Pour ce qui concerne les énergies renouvelables, l’Afd a soutenu la construction au Bénin d’une des plus grandes centrales photovoltaïques d’Afrique de l’Ouest d’une capacité cumulée de 50 MWc.
Sur le chantier du développement durable, l’Afd soutient l’adaptation aux changements climatiques et la promotion du développement urbain. Le Bénin fait partie des pays exposés au réchauffement climatique d’une part et d’autre part à l’inondation en période de crue dans les zones hydromorphes dont la capitale économique. L’Afd appuie un développement urbain inclusif et durable, articulé autour de villes résilientes qui prennent en compte l’impératif d’adaptation aux changements climatiques. Le projet
« Porto-Novo Ville Verte » ; le « Programme d’adaptation des villes au changement climatique » (Pavicc) et le Programme d’assainissement pluvial de la ville de Cotonou (Papc) sont des illustrations des investissements de l’agence en la matière.
Initié par le gouvernement, le Programme d’Assainissement pluvial de Cotonou (Papc) a pour ambition première de sortir définitivement la ville de Cotonou de l’inondation, à travers la construction de collecteurs d’assainissement pluvial et l’aménagement de voies connexes, pour un coût de réalisation estimé à 264 milliards francs Cfa. A terme, renseigne Ghislain Hounnou, directeur de l'Environnement et de l'Urbanisme, le Papc va soulager les 34 bassins versants sur les 50 dont dispose la ville et va doter Cotonou de 46 km de caniveaux et de grands collecteurs, ainsi que 90 km de caniveaux de taille moyenne. Ce projet a reçu l’adhésion de six bailleurs de fonds. L’Afd contribue au Papc en finançant l’aménagement du bassin XX, d’une superficie de 524 hectares situé dans la partie Ouest de Cotonou (Mènontin, Agla) et dont les travaux vont bon train. Quant au Pavicc, il a pour finalité d’améliorer le cadre de vie et la résilience des territoires et des populations béninoises en prenant en compte les risques liés au changement climatique dans la planification urbaine. « Ce programme devrait bénéficier directement à 120 mille personnes avec la mise en place d’infrastructures notamment de caniveaux, de collecteurs et de voirie à Cotonou, Sèmè-Podji, Comè et Bohicon », a expliqué Abraham Avakoudjo, coordonnateur du Pavicc. De façon transversale, l’Afd intègre les problématiques liées au climat et à l’environnement dans l’ensemble de ses interventions. Près de 45 % des montants des projets en cours d’exécution sont orientés dans ce sens.

Aux côtés du Bénin pour valoriser le patrimoine culturel

L’Afdest devenue le partenaire de choix du Bénin dans sa politique de préservation et de valorisation du patrimoine culturel. Depuis 2018 et en lien avec la dynamique de restitution des biens culturels par la France au Bénin, l’Afd soutient la démarche de la valorisation du potentiel touristique et patrimonial à travers le projet « Réinventer la cité lacustre de Ganvié », et la construction du Musée de l’Epopée des amazones et des Rois du Dahomey dans la ville d’Abomey sur le site palatial classé au patrimoine mondial de l’Unesco. Sur le site de la Cour des Amazones vieux du règne de Guézo, sera érigé le musée des Rois et des Amazones du Dahomey. En amont, des fouilles en archéologie préventive ont été réalisées sur les espaces où sont potentiellement enfouies des reliques. Les découvertes devraient servir à enrichir le musée. « C'est une place hautement historique. Il fallait qu'on vérifie ce qu'on pourrait trouver en dessous. Nous avons fait appel aux collègues de l'université qui font la géophysique. Ils ont sorti une carte qui permet d'avoir les anomalies et les structures sur cet espace. Cela a permis d’identifier plusieurs types de structures : un atelier de forge, une zone de rituels, des ateliers de taille de cauris qui témoignent de ce que le Dahomey frappait sa propre monnaie. Le but de la fouille est d'exposer ces structures et de les mettre en valeur. C’est une fouille très intéressante qui révèle davantage l’ingéniosité des Dahoméens », explique Didier N'dah, l’archéologue qui conduit les investigations. En outre, cinq palais seront réhabilités dans le cadre du projet de réhabilitation du site palatial. « Le palais du Roi Béhanzin aura une fonction pédagogique. C'est là que seront accueillis les groupes scolaires et chercheurs. Il y aura un bâtiment important qui sera un centre de documentation », fait savoir Osseni Souberou, chargé des programmes culturels à l’Agence nationale de promotion des patrimoines et de développement du tourisme (Anpt). Rosemonde Mitchaï, architecte urbaniste impliquée dans les travaux in situ, va ajouter : « Les palais des rois Glèlè et Guézo seront également réaménagés. Le palais du roi Glèlè aura une fonction artisanale. Il va servir de village artisanal et abritera les artisans (tenturiers, forgerons et tisserands) de la cour royale pour la production et l'exposition d'œuvres d'arts, avec des espaces cultuels réservés aux activités du roi. Le palais du roi Guézo aura une fonction de restauration. L’édifice à étage offert par Tchatcha au roi Guézo sera conservé et servira de cuisine et de réserve ; la cour sera aménagé pour servir de lieu de restauration. Le site étant un site classé, on ne peut pas construire n'importe comment». A l’en croire, le palais du roi Agoli-Agbo aura une fonction artisanale, commerciale et touristique. Il sera destiné aux artistes plasticiens avec une aire pour l'exposition des œuvres, un atelier de création et une réserve.... Le cinquième palais à réhabiliter est celui du roi Akaba et aura une fonction événementielle. Sur toute la chaîne, l’Afd accompagne ce projet non seulement à travers le financement mais aussi en mettant à disposition l’expertise technique grâce à Expertise France. Faut-il le rappeler, le groupe Afd est composé de l’Agence française de développement (Afd) en charge du financement du secteur public et des Ong, de la recherche et de la formation sur le développement durable; de sa filiale Proparco dédiée au financement du secteur privé; et d’Expertise France qui est une agence de coopération technique. Présente au Bénin depuis 1956, l’Afd est un partenaire historique du Bénin■