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Usages numériques dans le secteur de l’enseignement: « Avec les innovations technologiques, l'éducation n'est plus limitée », dixit Roland Houngbadji

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Roland Houngbadji Roland Houngbadji

Classe 19 est un outil digital qui aide les apprenants à préparer et réussir leur parcours scolaire en toute sérénité. Dans cette interview, Roland Houngbadji, concepteur de cette innovation, parle de comment le numérique peut redéfinir les approches, voire les politiques publiques de l’éducation au Bénin et plus généralement dans les pays en voie de développement. 

Par   Propos recueillis par Isidore GOZO, le 27 juin 2023 à 07h10 Durée 3 min.
#numérique dans l'enseignement
Vous prédisez que le futur de l'éducation sera fondé sur le numérique. Pourquoi pensez-vous cela ?

Roland Houngbadji : En dépit du fait que nos gouvernants investissent des centaines de milliards chaque année dans le secteur de l’éducation, plusieurs défis demeurent et si l’on ne change pas radicalement d’approche, le bout du tunnel est encore très loin. En plein XXIe siècle, nous sommes toujours témoins de situations où c'est un enseignant pour 40 apprenants, il y a des écoles très mal équipées, des enseignants se plaignent continuellement de leurs rémunérations trop faibles. Le constat est sans appel. Notre besoin urgent en formation dépasse de loin notre capacité d’investissement. Il est évident que le statu quo n’est plus une option. Il nous faut urgemment trouver des moyens innovants permettant de réduire les coûts tout en offrant des formations de qualité. C’est en cela que j’estime que l'innovation et la technologie constituent une réponse à ce défi majeur. En effet, le digital, en plus de faciliter l’individualisation des apprentissages, permet de mettre à l’échelle l’innovation pédagogique tout en minimisant les coûts sur la durée. 

Classe19 est l’une de vos initiatives innovantes dans le secteur de l’éducation. De quoi s’agit-il ?

Les apprenants ont de plus en plus de difficulté à assimiler les notions abordées en classe. Ce qui semble plutôt logique dans un contexte où nous avons souvent un enseignant pour plusieurs dizaines d’apprenants dans une salle. Voyant que la seule alternative (les répétiteurs de maison) coûte extrêmement cher et donc inaccessible au plus grand nombre, nous avons en 2020 créé Classe 19. Classe 19 qui est un soutien scolaire digital qui aide les apprenants à préparer et réussir leur parcours scolaire en toute sérénité. Il s’agit d’un ensemble de ressources éducatives dans les matières principales (Mathématiques, Pct, Svt, Français et Anglais). Les contenus sont préparés et conçus avec des professeurs certifiés par l’Etat béninois sous la supervision de conseillers pédagogiques.

Comment le numérique peut-il redéfinir les approches, voire les politiques publiques de l’éducation au Bénin, et plus généralement dans les pays en voie de développement ?

Il y a plusieurs axes d’impact du numérique dans l’éducation. Je ne vais en citer ici que trois. 
D’abord, le numérique offre une facilité d’accès à l'éducation. Avec les technologies et les innovations du numérique, l'éducation n'est plus limitée à ceux qui peuvent se rendre physiquement dans les salles de classe. Il n’y a donc plus de contrainte géographique. Les investissements sont mutualisés, amortis sur la durée et permettent de baisser le coût d’accès au savoir. C’est fondamental, notamment dans un pays en développement où les inégalités peuvent être manifestes.
Ensuite, il y a la possibilité de personnalisation de l'apprentissage. Les technologies numériques permettent un apprentissage adapté au rythme et aux préférences de chaque étudiant. L’éducation est plus inclusive et adaptée aux besoins individuels de l’apprenant.
Enfin, le numérique assure le suivi et l’évaluation. Les plateformes numériques permettent un suivi en temps réel des progrès des étudiants, ce qui peut aider les enseignants à identifier rapidement les domaines où les étudiants ont du mal à assimiler et à adapter leur enseignement en conséquence. Nous parlons de nouvelles possibilités qu’il serait impossible d’envisager en dehors du numérique. 

Quelles sont les barrières à lever pour réaliser ce potentiel qui semble si prometteur ?

Il est évident que le passage au numérique dans l'éducation présente également des défis, tels que l'accès égal à la technologie, la nécessité de formation pour les enseignants, et des questions de confidentialité et de sécurité des données. Et c’est justement là où chacun devra prendre ses responsabilités. Seuls, un investissement responsable et un solide partenariat public-privé permettront de réussir cette transformation désormais vitale de l’école pour l’avenir de nos enfants et pour le développement de notre pays. A ce titre, on peut se réjouir de l’environnement globalement propice que le gouvernement béninois met progressivement en place via les projets de dématérialisation d’ordre général, et en particulier, dans le secteur de l’éducation. 

Que faut-il attendre du secteur privé en la matière ?

La responsabilité du secteur privé dans tout pays est de constamment questionner le statu quo, de réfléchir et d’apporter des solutions efficaces et innovantes aux problèmes du pays. Dans le cas d’espèce, c’est au secteur privé d’amorcer cette transformation de notre système éducatif. C’est justement dans cette démarche que nous travaillons au quotidien à Swiitch Design pour concevoir des produits digitaux tels que Classe 19, qui ont pour mission de démocratiser l'accès à l'éducation. Nelson Mandela disait que « L'éducation est l'arme la plus puissante que l'on puisse utiliser pour changer le monde ». De façon opérationnelle, si nous voulons changer notre pays, nous devons donner accès à une formation de qualité à un grand nombre de personnes à un coût raisonnable. C’est ce que nous faisons déjà avec Classe19. Cependant, la contribution d’autres acteurs privés est souhaitée.
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