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Editorial de Paul AMOUSSOU: Grâce politique ?

Chroniques
Editorial de Paul Amoussou Editorial de Paul Amoussou

Dans une récente interview accordée à Jeune Afrique par le président Patrice Talon, l’une des questions essentielles reste la suivante : “Comptez-vous user de votre droit de grâce avant votre départ ?”. Suite à quoi, la réponse présidentielle s’est voulue on ne peut autant pédagogique que catégorique: “Non. Si je le faisais, cela reviendrait à confirmer que les péchés commis sous le couvert de la politique sont plus pardonnables que les autres. Ce serait injuste”.


Maintes fois sollicité sur la question, Patrice Talon est resté constant sur ce qui se révèle être chez lui une philosophie, une mantra, à savoir qu’il n’y a pas une justice pour les anonymes et une autre pour les Princes, en l’occurrence les acteurs politiques vernis de ce fait par une sorte d’immunité que leur confèreraient leurs positions de privilèges! Immunité dans le cas d’espèce rime avec impunité. L’idée déplaît souverainement à Patrice Talon. Et il a du crédit à cet effet, car certains de ses plus fidèles partisans ont connu sans ménagement la prison. A l’instar d’acteurs politiques qui ne lui sont pas acquis et qualifiés par certaines opinions, sans discernement, de “prisonniers politiques”. Ne doit-on pas subir la rigueur de la loi, du seul fait de son statut politique ?


Le débat fait actuellement rage en France suite à la condamnation de Marine Le Pen qui estime, appuyée en cela par ses partisans, que la faute, avérée pourtant dans ce procès, tombe au seul renfort des intentions de vote qui donnent la cheffe de file du Rassemblement national favorite de la prochaine présidentielle ! A partir de quel pourcentage dans les sondages peut-on s’estimer au-dessus des lois? Il est vrai qu’à un certain niveau de responsabilité publique, l’on accède à quelques privilèges. Mais alors, cela serait-il aux dépens de la loi? C’est la question à un billion de dollars.


Pour le reste, preuve de son empathie, le président Talon accorde régulièrement, à défaut de la grâce politique, la grâce présidentielle suivant les normes. Et même, dans un geste de mansuétude, en considération de quelques circonstances atténuantes, il a bien consenti l’absolution à des jeunes retenus dans les liens de la justice suite à des actes criminels commis dans la foulée des législatives 2019.

Par   Paul AMOUSSOU, le 01 avr. 2025 à 06h17 Durée 3 min.
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