La Nation Bénin...
Le
dimanche 7 décembre 2025, le Bénin a frôlé le pire. Ce jour-là, un coup d'État
manqué a secoué les fondements de notre république, ébranlant notre quiétude
collective et mettant à l'épreuve notre stabilité. Dans une situation où le
chaos aurait pu prendre le dessus, le peuple béninois, soudé dans sa diversité
et fort de ses principes démocratiques, a fait preuve de résilience. Cet
épisode dramatique, bien qu'éprouvant, doit nous rappeler la fragilité de nos
acquis et la nécessité de rester vigilants.
Le
coup d’Etat manqué du 7 décembre nous rappelle une vérité incontournable : la
paix et la stabilité sont des conquêtes précieuses et fragiles. Si notre pays a
su résister aux tumultes du passé, il n’est pas à l’abri des périls du présent.
Comme toute nation en marche vers le progrès, le Bénin se heurte parfois à des
forces réactives qui cherchent à déstabiliser ses institutions démocratiques.
Ces forces, nourries d’intérêts partisans ou de visions régressives, ne se
contentent pas de mettre à mal l’ordre constitutionnel ; elles engagent
également un combat contre nos idéaux de justice, d’égalité et de prospérité.
Le
Bénin a toujours été un modèle de démocratie en Afrique de l’Ouest, un phare
d’espoir pour les autres nations du continent. Nous avons su bâtir une
république où le dialogue, le respect des droits humains et le pluralisme
politique sont des piliers intangibles. Cependant, cette stabilité n’est pas le
fruit du hasard. Elle est le résultat d’un travail constant, d’une vigilance de
chaque instant, et d’une volonté collective d’édifier un Bénin plus juste et
plus prospère.
Il
est crucial de souligner que cette tentative de coup d'État, bien que déjouée,
n’est pas un fait isolé. Elle s’inscrit dans un contexte mondial et régional où
les défis de la gouvernance, de la démocratie et de la paix sont exacerbés par
des tensions géopolitiques croissantes, des crises économiques et des menaces
internes. Le Bénin, comme d’autres nations, doit se préparer à faire face à ces
forces antagonistes, qui œuvrent souvent dans l’ombre.
C’est
dans ces moments de crise que l’unité de notre peuple doit s’affirmer comme
notre plus grande force. L’histoire de notre pays nous enseigne qu’en dépit des
tumultes, c’est l’unité qui a permis de surmonter les épreuves les plus
difficiles. En 1990, lors de la Conférence nationale, le Bénin a fait le choix
de la paix, du dialogue et de la réconciliation nationale. C’est cette même
unité que nous devons aujourd’hui cultiver et renforcer, pour ne pas laisser
l’ombre de l’instabilité miner nos fondements démocratiques.
L’unité
du peuple béninois repose sur une conscience partagée des valeurs essentielles
de notre république. Ces valeurs, telles que la justice, l’égalité des chances
et le respect des libertés, sont le ciment qui lie chaque citoyen à l’autre,
au-delà des différences ethniques, politiques ou sociales. En ces temps
incertains, il est essentiel de maintenir cette cohésion et de rappeler à
chacun d’entre nous qu’aucune idéologie, aucun projet de pouvoir éphémère ne
saurait justifier la rupture de cette unité fondamentale.
Face
à cette tentative de coup d’État, nos forces de défense et de sécurité ont
réagi avec une promptitude et un professionnalisme exemplaire. Ces hommes et
ces femmes, gardiens de notre souveraineté et de notre sécurité, ont démontré
une fois de plus leur engagement indéfectible envers la république. Leur
intervention rapide et coordonnée a permis de préserver la stabilité du pays et
de protéger les citoyens béninois, dans une démarche résolument républicaine.
Nous
leur devons une gratitude sans faille, car ce sont ces patriotes, souvent
invisibles, qui assurent notre sécurité et garantissent la pérennité de notre
démocratie. Leurs sacrifices, leur dévouement à la cause de la nation doivent
être salués et respectés. C’est aussi grâce à eux que nous pouvons regarder
l’avenir avec sérénité, tout en restant vigilants face aux menaces qui, bien
que momentanées, demeurent présentes.
L’armée
républicaine, fidèle à sa mission de protection des institutions et des
citoyens, incarne un modèle de discipline et de loyauté. Son rôle n’est pas
seulement militaire, mais également citoyen, car elle participe activement à la
préservation du bien commun. En ce sens, elle se distingue des forces armées de
régimes autoritaires ou despotiques, qui cherchent à s’impliquer dans la vie
politique pour défendre des intérêts personnels ou partisans.
Dans
cette épreuve, il faut également saluer le rôle du Président de la République,
chef de l’Etat, chef suprême des armées. Depuis son quartier général, il a su
donner des instructions claires et mesurées, évitant que la situation ne
dégénère en affrontements sanglants. Par son sang-froid et son sens élevé de
l’État, il a épargné les populations d’un bain de sang et renforcé la
légitimité des institutions. Ce choix de responsabilité illustre une
gouvernance où la protection de la vie humaine et de l’unité nationale prime
sur toute autre considération.
Chers
compatriotes, cette épreuve ne doit pas seulement être un moment de
consternation, mais aussi une occasion de réfléchir à la manière dont nous
entendons préserver et approfondir notre démocratie. L’avenir du Bénin repose
sur la responsabilité de chacun d’entre nous, à tous les niveaux : citoyens,
dirigeants politiques, forces de l’ordre, et même la société civile. C’est
ensemble que nous devons garantir l’intégrité de nos institutions, qu’ensemble
nous devons nous assurer que de telles tentatives de déstabilisation ne
puissent plus avoir lieu.
Cela
passe par une vigilance continue, par un renforcement de notre système
judiciaire, par une meilleure gouvernance et par la mise en place de politiques
publiques visant à promouvoir l’inclusivité et l’équité. Le développement
économique, la lutte contre la pauvreté, et l’éducation de nos enfants sont
autant de leviers sur lesquels nous devons agir collectivement pour bâtir un
Bénin fort et résilient.
En
ces temps difficiles, nous devons garder l’espérance. L’espérance en un Bénin
meilleur, un Bénin où la paix et la justice ne sont pas des concepts abstraits,
mais des réalités tangibles vécues par tous les citoyens. Nous devons faire
nôtres les leçons de ce coup d’État manqué, et en tirer la force de continuer à
avancer ensemble, dans l’unité et la solidarité.
Comme
je l’ai déjà mentionné, l’histoire du Bénin est celle de la résilience. Nous
avons traversé des moments de crise, mais chaque épreuve a renforcé notre
détermination à faire de notre pays une nation prospère et démocratique.
Aujourd’hui encore, je suis convaincu que nous surmonterons cette épreuve, et
que nous en sortirons plus forts, plus unis et plus résolus à bâtir un avenir
meilleur pour nos enfants.
Que
Dieu bénisse notre nation, le Bénin.
Professeur Gbètchégnon Auguste VIDEGLA