La Nation Bénin...

An 1 de la mort du général Mathieu Kérékou: Un souvenir pour le poète Alphonse Sèdolo Gbaguidi

Culture
Par   Collaboration extérieure, le 14 oct. 2016 à 03h41

Dorénavant, comme les immortels, vous n’existerez, le président, que de par l’envergure des œuvres que vous avez laissées ici-bas, Dieu tout Puissant seul sachant mieux que quiconque l’incommensurabilité de l’envergure des œuvres léguées à présent à la postérité universelle par le personnage énigmatique et captivant pétri d’un humour éducateur , l’intrépide stratège militaire aux relents pourtant humanistes, l’ardent patriote d’un naturel humble, sobre et désintéressé, le valeureux père de famille et de la nation béninoise, le grand camarade de lutte de nos larges masses laborieuses et des années révolutionnaires de braises, le promoteur sans désemparer de l’Unité nationale et de la paix sociale, le précurseur inoubliable du Renouveau démocratique et du développement social, l’homme d’Etat visionnaire, bâtisseur et intègre, le leader politique charismatique d’exception, l’incarnation du légendaire Caméléon national aux fabuleuses capacités de résilience et d’adaptation aux circonstances, le parrain fidèle, et l’ami sincère que vous fûtes.

Me reviennent à l’esprit cher compatriote, ces images d’archives sur la République et l’Armée dahoméenne naissantes, illustrant la fougue juvénile prémonitoire d’un certain Sous-Lieutenant Mathieu Kérékou dit Zoro, porteur à la démarche altière, le 1ER Août 1960, de l’Etendard tricolore « verte - jaune - rouge », brandit solennellement la première fois ce jour-là, à la face du monde, depuis l’ex Palais des gouverneurs à Porto-Novo, en consécration de l’accession de notre pays à la souveraineté nationale et internationale sous la houlette de son excellence le président Hubert Koutoukou Maga, puis le souvenir de votre décisive déclaration sur les antennes de Radio-Dahomey, l’après–midi du Jeudi 26 octobre 1972, annonçant la dissolution énergique du régime du Conseil présidentiel, et par ricochet l’avènement du gouvernement militaire révolutionnaire sous la ferrure stabilisatrice du dynamique et novateur chef de Bataillon et chef d’état-major général adjoint des Forces armées dahoméennes que vous étiez en ce moment-là !.
Me revient à l’esprit camarade président, votre historique discours du dimanche 30 novembre 1975 de la place de l’indépendance de Cotonou à partir duquel, les Dahoméens passifs et indolents d’hier que nous étions, devinrent les béninois volontaristes et exigeants d’aujourd’hui, qui, dès le dimanche 16 janvier 1977, du fait de la justesse de leur cause, ne se doutèrent qu’ils ‘’vaingront‘’ toute agression armée impérialiste de mercenaires faisant entorse à la satisfaction de leurs légitimes aspirations et tentant de remettre en cause les acquis fondamentaux de notre révolution démocratique et populaire d’alors!...
Me revient à l’esprit camarade président, votre auguste et mémorable coup de cœur du 22 Août 1988 à l’endroit de ma modeste personne, faisant, suite à ma prestation télévisée de l’ORTB de la veille, avec mon poème sur les valeurs éthiques et morales intitulé ‘’Je ne suis pas beau‘’, par vous rendu, de ce fait célèbre et qui fît progressivement de l’humble auteur que je suis, une personne ressource respectable dont la voix compte et fait parfois autorité sur le plan tant national qu’international !...
Me reviennent à l’esprit Mon général, les soubresauts du passage de notre pays, de la gestion essoufflée du monolithisme politico-étatique de votre régime révolutionnaire à celle du Libéralisme économique du Renouveau démocratique, soubresauts populairement revendicatif qui, le 11 Décembre 1989 à Cotonou en pleine descente pédestre mouvementée de l’axe Dantokpa – St Michel vous firent violemment essuyer des projectiles de vandalisme, sans réplique orgueilleuse de votre part ni riposte déflagrante ou meurtrière de votre garde, puis débouchèrent sur l’historique Conférence des Forces Vives de la Nation de février 1990 présidée par son excellence monseigneur Isidore de Souza de vénéré mémoire et dont votre acceptation courageuse, en toute humilité, des conclusions souveraines, défaisant vos absolues prérogatives d’alors, contribua miraculeusement à l’apaisement du climat social et l’amorce de la nouvelle relance économique ainsi qu’à la pérennité du rayonnement de notre pays dans le concert des Nations montantes et véritablement démocratique d’Afrique et du monde!...
Me reviennent à l’esprit Monsieur le président, vos connaissances avérées des imprévisibles et sordides béninoiseries des aspects cyniques de notre complexe mentalité et votre art consommé du management des ressources humaines, qui vous permirent, en un retentissant come-back hyper démocratique, de succéder à la tête de l’Etat le 04 Avril 1996 à votre premier successeur son Excellence Nicéphore Dieudonné Soglo, avec curieusement le bienveillant concours clairement électif de la plupart de vos farouches adversaires de l’époque révolutionnaire.
Me revient enfin à l’esprit, Monsieur le président, la matinée de cette fatidique journée du 06 avril 2006, où je vis au palais de la Marina notre Caméléon national au terme constitutionnel de ses deux quinquennats démocratiques, descendre allègrement de sa branche à pas cadencés et rythmés sur des airs mélodieux de mon cher confrère Pierre Dassabouté, pour passer dignement le flambeau à son deuxième successeur, notre précédant président, le troisième de l’ère du renouveau démocratique de la République son Excellence Boni Yayi. Et dire maintenant père Mathieu que c’était pour une décennie plus tard, nous fausser définitivement compagnie de la sorte, sous le signe annonciateur de cette brusque averse orageuse de la mi-journée du 14 Octobre 2015, souvent révélatrice du rideau final du séjour terrestre des Grands Hommes!..?