La Nation Bénin...
Le Bénin est honoré à la Biennale internationale de
sculpture de Ouagadougou, édition 2023, à travers le sculpteur Sébastien Boko
qui, au sortir de la résidence d’un mois, a remporté le 3e prix de la
compétition grâce à l’œuvre qu’il a intitulée « La poésie des
ancêtres ».
Sébastien Boko est l’un des grands heureux de la Biennale internationale de sculpture de Ouagadougou 2023. L’artiste plasticien béninois a remporté le prix ‘‘Résidence Somian design’’ au terme des 30 jours de résidence à Ouagadougou. Un succès qui confirme son talent de sculpteur. La biennale est un rendez-vous majeur de la sous-région, qui célèbre la sculpture contemporaine sous toutes ses formes. L’évènement est à sa troisième édition cette année. Le représentant béninois a été sélectionné au même titre que 19 autres artistes venus de divers pays du monde. Le thème de leur travail a porté sur l’ouvrage d'Emmanuel Dongala intitulé « Le feu des origines ». Ce document riche en histoires de l’Afrique avant, pendant et après la colonisation, « nous a amenés à vraiment réfléchir sur notre histoire coloniale, la vie contemporaine et sur notre futur », affirme Sébastien Boko.
Au regard de l’histoire que relate le livre, le
représentant béninois a proposé une installation de sculptures qu’il a nommée
« La poésie des ancêtres ». Ce qui lui a valu le troisième prix sur
les cinq décernés par le jury international de l’exposition des œuvres.
« La poésie des ancêtres, explique-t-il, nous invite à
reconnaitre nos valeurs endogènes, ne pas suivre les autres notamment les
occidentaux. Il est vrai qu’ils ont des valeurs intéressantes mais nous ne
pouvons pas tout copier parce qu’il y a des choses qui ne vont pas avec notre
culture, nos us et coutumes ».
L’œuvre récompensée est constituée de trois sculptures en
bois. La première est faite de têtes superposées, debout et qui portent
d’autres petites têtes autour d’elles. « C’est debout, tranquille mais quand
vous la touchez, elle tourne autour d’elle-même pour dire qu’on était
tranquille quand quelqu’un (le colon) est venu troubler cette
tranquillité », explique l’artiste. La deuxième sculpture est une création
qui sort d’un mur tout en se penchant vers le sol. L’œuvre forme une sorte
d’arc qui va vers le sol pour signifier une soumission. La dernière sculpture
repose sur un moteur électrique. « C’est vraiment électrique parce que
quand on bascule en mode On, elle tourne sur elle-même pour dire que l’avenir
promet. Les têtes superposées, c’est pour montrer que nous avons une origine,
qu’il y a eu des gens qui ont lutté et des gens qui vont lutter et continueront
par lutter toujours pour la bonne cause », ajoute-t-il.
Sur les bois, l’on voit des scarifications qui témoignent
que chaque être humain a une origine, une racine. « Pour moi, la beauté
même de l’existence, c’est de reconnaitre qu’il y avait quelqu’un qui était là
avant soi. Et quand on fait quelque chose, on a de repère. C’est là justement
que je parle de poésie. Les scarifications que je fais sont inspirées des
scarifications que nous connaissons tous ici. Cela fait aussi un lien vers les
plaquettes digitales. Quand vous les regardez, vous verrez que c’est une
combinaison de noblesse et de contemporain », précise-t-il ajoutant que
les têtes en bois qu’il réalise montrent toutes les personnes qui ont existé
ont laissé des héritages qui font que les générations suivantes ne partiront
pas de zéro pour réaliser des choses.
Sébastien Boko est honoré et révèle en même temps son pays.
« C’est toujours bien que ton travail soit distingué parmi tant d’autres de
qualité… Je suis très content… », apprécie l’artiste. Ce prix, dit-il, est
pour lui un encouragement à aller plus loin. En attendant d’autres récompenses,
Sébastien Boko se consacrera à ses expositions notamment,
« Transcende » qui est la suite du projet de Ouagadougou. Le
vernissage de cette exposition a eu lieuce mardi 17 octobre à Ouidah. Après
cela, suivra l’exposition « Reconnexion » qui aura lieu le 4 novembre
prochain, à l’Institut français de Cotonou.