La Nation Bénin...
Les
murs, couloirs et salles d’exposition de la galerie Zato by interluxe à Cotonou
donnent à voir jusqu’au 13 septembre prochain, une série d’œuvres et fresques
de l’artiste Aimé Akpinkoun, alias Azé Baba.
Le
vodun et ses adeptes sous diverses formes, des divinités par endroits, l’art et
l’esthétique vodun… C’est la synthèse de ce que présente Aimé Akpinkoun, alias
Azé Baba à travers son exposition ‘’Yi Wa’’ à la galerie Zato à Cotonou. Quand
ils ne sont pas en transe, les adeptes immortalisés sur ses toiles dansent.
Entre diverses techniques dont l’acrylique sur toile et autres, le plasticien
entraine le visiteur dans une balade d’un bout à l’autre de l’expo. Ses
fresques invitent à voir le vodun sous des facettes qui échappent souvent au
regard commun. Initié des couvents, l’artiste a choisi de reproduire sur une
bonne partie de ses toiles, la transe des adeptes. Cette partie difficile à
capter dans le quotidien du vodun et de ses rituels, il s’autorise à la
dupliquer. Ceci pour leur rendre hommage et surtout illustrer cet autre aspect
de l’art vodun pas toujours accessible et compréhensible. Son pinceau explore
diverses réalités de divinités qu’il rend à travers de vives couleurs. Le noir
et le rouge y sont dominants et cela s’entend. La plupart des œuvres sont
inachevées. Quand une main n’a pas perdu ses doigts, un pied se retrouve sans
orteils. Ailleurs, c’est un adepte qui n’a pas ses accessoires au complet, ou
encore une divinité qui perd une partie de son apparat. On penserait à première
vue que l’artiste a manqué de temps pour achever ses réalisations, mais il n’en
est rien. C’est d’ailleurs là que se dévoilent la philosophie et l’esprit de l’exposition.
‘’Yi Wa’’ signifiant littéralement « va et revient ».
Le
vodun perd de sa superbe, perd des plumes, perd en sacralité, en effectif… En
tout. Il s’en va, déplore l’artiste. Les œuvres inachevées illustrent cette
perte. Mais Azé Baba est optimiste. Il le voit renaître tel un phénix. Il
appelle à intensifier les actions de valorisation de la culture et plus
spécifiquement du vodun. Pour extérioriser une telle vibration, il ne pouvait
trouver meilleurs cadre et créneau que la Biennale art et culture Vodun 2024
qui d’ailleurs a pour thème, « si loin…si proche». Le choix de cet artiste ne
relève en rien du hasard. Il a été profilé comme le meilleur pour faire la
fusion. Il est assez représentatif entre l’art contemporain et les arts Vodun,
soutient Silvana Moï Virchaux, présidente de Laboratorio arts contemporains. «
C’est un artiste très proche de la thématique, très en lien avec cette
civilisation en plus de son talent d’artiste pluridisciplinaire… Son travail
adhère à cent pour cent à l’esprit de la biennale », appuie-t-elle. Michkath
Zato, directrice de la galerie Zato, lieu hôte de l’exposition, est aussi
fascinée par le rendu que présente l’artiste. Mais c’est le projet en lui-même
qui l’a emballée dès le départ. « C’est un artiste béninois qui travaille
beaucoup sur les thématiques culturelles et qui mérite d’être mis en valeur »,
apprécie-t-elle. La polyvalence de l’artiste l’a également « touchée ». Pour
qui ne le connait pas, Azé excelle avec autant de talent dans la peinture,
l’art, la photographie et la musique. Il en a donné la preuve à l’occasion du
vernissage de l’exposition avec ses prestations musicales aux côtés du groupe
Voodun venu de la France.