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Carte postale / Trésor royal restitué : A la découverte des Assen

Culture
Par   Ariel GBAGUIDI, le 12 avr. 2022 à 15h50
L’Assen est un autel portatif cérémoniel dédié à un mort, en l’occurrence le roi défunt du Danxômè. Il est réalisé en métal ou alliage de métaux après le décès de la personne à qui il est destiné. « C’est sur cet Assen qu’on fait les libations, qu’on immole des animaux. L’Assen est implanté dans le sol et on invoque les âmes des ancêtres là-dessus. Lorsque ce rituel est fait, on cuisine les animaux immolés et on revient pour une offrande, puis les vivants consomment le reste des repas. Ce qui est une sorte de communion entre les morts et les vivants», explique Calixte C. B. Biah, conservateur du musée d’histoire de Ouidah et l’un des acteurs clés du rapatriement des 26 trésors royaux à Cotonou et de leur exposition au palais de la Marina. Cinq Assen ont été ramenés de Paris, et exposés au palais de la Marina. Parmi eux, il y en a qui sortent de la définition ordinaire du Assen. Il s’agit des Hotagantin, relève Calixte C. B. Biah. « Si vous regardez bien, les Assen Hotagantin n’ont pas de tige qu’on fixe au sol. Et comme l’indique son nom, il est fixé au sommet des temples et des tombes. Lorsque vous allez sur le site des palais royaux à Abomey, vous verrez ces Assen qui sont fixés au sommet des tombes et des temples. Ce sont également des Assen cérémoniels », détaille le conservateur. Mais quel que soit son type, rappelle-t-il, l’Assen est fabriqué lorsque celui à qui il est dédié n’est plus. Il est réalisé pour honorer le disparu. L’Assen d’un roi porte les emblèmes de ce dernier. Cela permet d’identifier clairement à qui il appartient. Par exemple, parmi les 26 œuvres exposées, il y a l’Assen Hotaganti du roi Glèlè qui se fait distinguer par la représentation du lion. Les Assen rituels et Hotagantin sont des chefs-dœuvre réalisés par les orfèvres de la cour royale du Danxômè. Des spécialistes renseignent que la famille la plus reconnue dans cette spécialité est celle des Hountondji. Mystère Dans le lot des cinq, il y a un Assen qui intrigue : celui du roi Béhanzin qui était encore vivant au moment de la prise d’Abomey par le général Dodds et ses hommes. « La logique est qu’un roi régnant ne peut en aucun cas se faire fabriquer son propre Assen», rappelle le conservateur. Alors, comment est-ce que Dodds a pu mettre la main sur un Assen de Béhanzin et l’a emporté en France ? C’est une interrogation courante sur le site de l’exposition diptyque. Mais il y a une hypothèse, affirme Alain Godonou, commissaire du volet trésors royaux de l’exposition. « Tout le temps, quand Guedègbé a consulté l’oracle, le fâ a toujours répondu de la même façon : le roi ne peut pas gagner cette guerre. La cour a beau multiplier les sacrifices, la réponse est restée la même. Donc, on pense que la cour avait déjà anticipé le départ du roi et avait préparé à l’insu du roi, son assen. C’est la seule explication plausible qu’il y a…», indique-t-il. Ariel GBAGUIDI