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Carte postale Trésor royal restitué : Le bochio du roi BEhanzin

Culture
Par   Ariel GBAGUIDI, le 08 mars 2022 à 11h36
Elle est sans doute reconnaissable par tous. Cette statue anthropozoomorphe est le symbole du roi Béhanzin qui a régné sur le royaume de Danxômè de 1889 à 1894 avant d’être déporté. Son bochio en image est actuellement exposé au palais de la Marina au même titre que les 25 autres trésors royaux restitués par la France. Cette représentation, mi-homme mi-poisson, du roi Béhanzin, a la tête, le torse et les écailles du requin, puis les bras et les pieds d’un être humain. Le bochio du roi Béhanzin a donc la forme du poisson requin (Gbowélé en langue nationale fongbé) qui est son symbole. Mais il n’a pas que cet emblème. On reconnaît au roi Béhanzin deux symboles essentiels. L’œuf tenu par deux mains et le requin. « Le symbole du requin est un signal envoyé aux Français, car Béhanzin disait : je suis ce requin qui va troubler la barre et donc rendre la vie impossible à ces envahisseurs qui veulent occuper la terre de mes ancêtres. C’est cette détermination, cette volonté, cette rage qu’on retrouve à travers ce bochio qui a une forme mi-homme mi-requin », explique Calixte C. B. Biah, conservateur du musée d’histoire de Ouidah et l’un des acteurs clés du rapatriement des 26 trésors royaux à Cotonou et de leur exposition au palais de la Marina. La statue adopte une position de combat face à l’ennemi. Ce que confirme Calixte C. B. Biah. « Vous avez la position des bras qui n’est pas tellement différente de la position guerrière des bochio de son grand-père Guézo et de son père Glèlè », note le conservateur du musée d’histoire de Ouidah. Le bochio du roi Béhanzin mesure 1,68 mètre et pèse 55 kg. Il est constitué essentiellement de bois, de pigment et de quelques éléments métalliques. L’artiste l’ayant fabriqué pourrait être le même ou de la famille de celui ou ceux qui ont fabriqué les statues anthropozoomorphes de Guézo et de Glèlè. A l’instar de celles-ci, le bochio de Béhanzin est aussi un objet cultuel. « Déjà en tant que prince, vidaho, Béhanzin participait au conseil de trône et dirigeait l’armée du Danxômè. Une fois sur le trône, il n’a fait qu'environ cinq ans, ce bochio était un objet culturel qui rentre dans le cadre du préparatif (au sens spirituel) de la guerre et qui accompagnait même les guerriers sur le champ de bataille… », précise Calixte C. B. Biah. Selon certaines informations, cette statue était également portée en procession lors du défilé annuel des richesses entre le palais royal et le marché. Au palais de la Marina, le bochio du roi Béhanzin est l’un des trésors royaux qui retiennent beaucoup plus l’attention des enfants, eux qui ont déjà entendu parler de ce roi du Danxômè à l’école. Sur les lieux de l’animation artistique dans la salle du peuple, nombreux sont ces enfants qui tiennent à colorier, voire dessiner la statue anthropozoomorphe. Et pour le faire, ils vont observer l’œuvre et reviennent appliquer soit les crayons de couleurs dans le croquis de la statue pour ceux qui veulent colorier ou soit les crayons à papier sur du papier A4 pour ceux qui veulent la dessiner. De quoi rendre heureux les artistes, animateurs culturels et leurs parents?