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Cinéma: Bella Agossou, la Béninoise qui crève l’écran en Espagne

Culture
Par   Josué F. MEHOUENOU, le 11 oct. 2016 à 04h45

Comédienne et actrice d’origine béninoise, Bella Agossou est très peu connue, du moins au Bénin. Mais en Catalogne en Espagne, elle passe pour une véritable Star de télévision et surtout de cinéma qui n’a de cesse de revendiquer ses origines Mahi.

Parler la langue Mahi dans un film espagnol, réalisé et diffusé en Espagne et dans ses régions voisines. Le fait parait surréaliste et relève même de l’étonnement. Pourtant, Bella Agossou l’a fait et le revendique avec fierté. La jeune actrice n’en fait même pas un fait isolé. Elle s’y plait bien. A défaut de parler des langues de chez elle dans les films où elle intervient, elle impose à s’habiller en tenues béninoises. Une manière pour elle, dit-elle, de valoriser le potentiel culturel de son pays. Et si elle arrive à s’imposer avec autant de facilités aux réalisateurs et producteurs, qui cèdent à ce «caprice», c’est sans doute en raison de son professionnalisme.

Avec l'intelligence, le sourire et le charme qui la caractérisent, Bella Agossou aurait pu faire une très belle carrière d’auditrice ou d’économiste. Mais ses diplômes dans ces domaines, elle les a rangés au placard après avoir exercé quelques années dans diverses entreprises. «Je cumulais les obligations professionnelles et les tournages… mais j’ai fini par me laisser emporter par ma passion», rit-elle de tout son être. C’est d’ailleurs ce qui la caractérise le mieux. Sourire, rire et rire aux éclats. La vie, Bella Agossou l’entrevoit simple et facile. Son physique athlétique laisse deviner d’intenses activités sportives quotidiennes qui hissent sous les projecteurs espagnols une belle silhouette qui contraste avec les rondeurs débordantes des femmes Mahi, région d’où elle est native.
Elle y a passé d’ailleurs son enfance, partagée entre ses études primaires et secondaires, mais aussi de nombreuses activités culturelles et ludiques qui l’ont convaincues qu’elle avait tout pour réussir dans les arts. La troupe « Sonagnon » qui fut sa première école et qui l’avait accueillie pour ses premiers pas de comédienne amateur, Bella Agossou s’en souvient et l’évoque, nostalgique. Avec ses colistiers d’antan, elle fit les beaux jours des animations culturelles dans les établissements secondaires au cours de son cursus scolaire avant de s’envoler vers l’Espagne. Elle va y passer le Baccalauréat avant de poursuivre ses études universitaires.

Engagement et témérité

Une des rares africaines de sa génération en Espagne mais surtout en Catalogne, Bella Agossou est aussi passée par des moments peu heureux. Il lui est arrivé, raconte-t-elle, d’être la seule Noire de son campus et dans bien d’autres endroits. Une situation parfois difficile à affronter, mais surmontée par elle avec courage, détermination et surtout avec son sourire légendaire. Des études universitaires, elle en a fait et s’est taillée un profil d’expert-comptable. Dans ce domaine, elle a monnayé ses compétences et roulé sa bosse dans bien d’entreprises. Fin perfectionniste, Bella Agossou ne semble pas coutumière de l’à-peu-près. Les choses faites à moitié sont loin d’être son fort. Pour percer le milieu professionnel des arts en Espagne, elle s’est fait former pendant quatre ans dans des écoles de renom et en est ressortie artiste accomplie. Plus rien ne devrait désormais entraver son envie de donner corps à un vieux désir et de donner son corps, mais surtout son âme aux scènes.
En 2010, elle se révèle sur les écrans de la télévision espagnole avec la série « Alakrana ». Toujours à la télévision, on la retrouve encore dans « Conte de Nadal ». Au cours de cette même année, elle incarne Doris dans le film « Johan primero ». Un film à succès qui révèle son talent. Dès lors, sa jeune carrière prend un autre tournant. Les sollicitations s’enchainent. 2011, elle tient les premiers rôles dans « Catalunya über alles ! » En 2012, on la voit dans « Twilight love2 ». En 2014, le belle Savaloise signe à nouveau des succès télévisuels dans les séries « Kabula, Moreno i Manchon » et « Un cuento de navidad ». Parallèlement, elle est sollicitée pour de nombreux spots publicitaires et des clips dans lesquels son expertise, son physique, son charme… sont sollicités. Avant de se révéler à nouveau sur le grand écran en 2015 avec « Palmeras en la nieve », Bella Agossou assure encore un autre show télévisuel « Les otages du désert ».
Les rôles, elle les enchaine à succès entre veuve, jeune fille, immigrante et bien d’autres interprétations dans lesquelles elle se révèle toujours comme un personnage épanoui, sans jamais perdre de vue qu’elle vient de Savalou au Bénin. Cette origine, lorsqu’elle ne parvient à le faire transparaître par la langue, elle s’y essaie à travers le style vestimentaire. « J’évite qu’on m’habille d’une manière qui ne me ressemble pas… J’adore les tissus africains, surtout les anciens motifs qui portent un nom », illustre la jeune expert-comptable. Résidente en Espagne depuis 2002 avec une douzaine d’années d’expériences dans le milieu professionnel du septième art, l’actrice-comédienne Bella Agossou pourrait se révéler être un autre Djimon Hounsou pour le Bénin. La vie de couple et la maternité suivront sans doute après, car cette séduisante célibataire, pour l’instant, n’a d’yeux que pour sa passion !

Désormais en mode NOK !

Très attachée à son identité culturelle qu’elle met au devant de toute préoccupation et non satisfaite de l’imposer partout où elle passe, Bella Agossou tente désormais de vendre autrement le patrimoine de son pays. Elle a créée NOK, une marque authentique de vêtements qui tranche avec la routine. Il s’agit essentiellement de modèles réalisés à partir de messages spécifiques qui renvoient à des réalités béninoises. Des mots forts, des messages divers, des proverbes, des dictons et autres y sont véhiculés. Une manière pour elle, non pas de glisser du cinéma vers la mode, mais de partager la culture de son pays en Espagne et en Catalogne, mais aussi à travers le monde. Pour avoir vécu dans ce milieu depuis une quinzaine d’années environ et avec la chance inouïe qu’elle a d’être l’une des rares africaines à exceller dans le milieu professionnel cinématographique espagnol, elle semble en profiter à fond. Et NOK qui est le dernier-né de son génie ne semble pas trahir Bella la belle à qui, visiblement, tout semble sourire, notamment le succès.