La Nation Bénin...
Trois siècles de la dynastie
Outre les trésors royaux, Karim da Silva et sa délégation ont également (re)visité le tableau illustrant les années de règne des différents rois du Danxômè. Un règne par succession de plusieurs siècles auquel Alfred Amédée Dodds a mis fin. « Ces deux années de guerre mettent fin à trois siècles d’histoire du Danxômè. C’est rare dans l’histoire de l’humanité de voir le pouvoir resté dans le même sang pendant des siècles. Il n’y a que deux exemples. Le premier, c’est la dynastie Joseon (des Coréens qui sont aujourd’hui Corée du Nord et Corée du Sud) où le pouvoir est resté dans le même sang pendant cinq siècles. Le second, c’est le Danxômè… », renseigne Alain Godonou. Après les œuvres restituées, la délégation est descendue dans la salle du peuple pour y découvrir les 106 œuvres d’art contemporain exposées par 34 artistes béninois. Ici, Yassine Lassissi, commissaire du volet art contemporain de l’exposition a emmené Karim da Silva et ses pairs à la découverte de chacune des œuvres telles que celles de Georges Adéagbo, de Charly d’Almeida et d’Emo de Medeiros. Dans la salle d’exposition des trésors royaux tout comme au niveau des œuvres d’art contemporain, les membres du Conseil des sages de Porto-Novo ont été séduits par le « talent et le génie créateur des artistes ». L’émotion et les prières sont au rendez-vous pendant et après cette visite. La séduction et fierté également. « Nous sommes en présence de nos ancêtres qui, en quelque sorte, nous reviennent d’une autre manière. C’est inimaginable. Ils ne sont pas allés à l’école. Ils n’ont pas reçu l’éducation que nous avons reçue mais ils ont pu eux-mêmes, créer des choses. C’est impressionnant ! », s’exclame Pierre Hounsa Ahimakin. Visage empreint d’émotions, le secrétaire général du Conseil est curieux de savoir « dans quelle posture ils (les rois, les artistes et les artisans du Danxômè) étaient, comment l’environnement était en cette période pour qu’ils aient ce génie créateur pour réaliser des œuvres comme celles-là… ». Des œuvres bien peaufinées. Certaines ont la taille d’un être humain. Cela fait partie des points ayant retenu l’attention des visiteurs du jour. « Ce qui a particulièrement attiré mon attention, confie Théophile Sènou, premier vice-président du Conseil, ce sont les trônes d’apparat. La façon dont ils ont été conçus… Nous sommes fiers et nous remercions le chef de l’Etat, Patrice Talon qui a mené cette lutte pour que les œuvres nous soient restituées ». A l’image de ses collègues, le président du Conseil des sages de Porto-Novo, Karim da Silva, est aussi ému et impressionné. Il ne cache pas ses mots. « …C’est du jamais vu sur une terre africaine… C’est grandiloquent ! C’est sans commentaire !... », assure-t-il. « Que peut-on dire à part prier pour celui grâce à qui tout ceci a été possible ? », se demande le patriarche. Sa délégation est ainsi ressortie toute contente et fière.