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Exposition publique au palais de la Marina : Les mérites de Patrice Talon salués

Culture
Par   Ariel GBAGUIDI, le 02 mars 2022 à 23h18
Une délégation du Conseil des sages de Porto-Novo conduite par son président, Karim da Silva, est allée visiter l’exposition publique au palais de la Marina. Elle en ressort à la fois heureuse, émue et fière. Jeudi 24 février 2022 au palais de la Marina. Une horde de visiteurs se dirige vers le musée. C’est le premier jour de visite de l’exposition diptyque la semaine écoulée. Un groupe de sages se démarque de la foule avec à sa tête le patriarche Karim da Silva. Il conduit la délégation du Conseil des sages de Porto-Novo dont il est le président. Pierre Hounsa Ahimakin est le secrétaire général dudit Conseil. Approché, il énumère les raisons de leur présence sur les lieux. « Nous sommes venus découvrir le talent, le génie créateur de nos ancêtres, nous réapproprier une partie de notre histoire, voir un peu comment nos ancêtres ont pu transformer leur environnement pour le bien-être de la population à l’époque, … », explique-t-il. La délégation est accueillie à l’intérieur du musée de circonstance par les deux commissaires de l’exposition, Yassine Lassissi et Alain Godonou. Ce dernier leur rappelle le contexte du départ et les raisons du retour des 26 œuvres culturelles qui ne sont qu’une partie des biens emportés par l’armée française. Après ce briefing, la délégation a découvert, un par un, les trônes d’apparat, les quatre portes de palais royaux, les trois bochio, le trône de Cana, la tenue des soldats du Danxômè, les recardes et tout le reste des biens culturels restitués y compris l’intrigant assen hotaganti du roi Béhanzin. « Comment est-ce que Dodds a pu mettre la main sur un assen de Béhanzin ? C’est incompréhensible… C’est un mystère parce que le assen est fabriqué à la mort du roi. Mais il y a un indice. Tout le temps quand Guedègbé a consulté l’oracle, le fâ a toujours répondu de la même façon : le roi ne peut pas gagner cette guerre. La cour a beau multiplié les sacrifices, la réponse est restée la même. Donc, on pense que la cour avait déjà anticipé le départ du roi et avait préparé à l’insu du roi, son assen. C’est la seule explication plausible qu’il y a… », éclaire Alain Godonou, commissaire de l’exposition sur le volet trésors royaux. Le directeur des Programmes musée au sein de l'Agence nationale pour la promotion du Tourisme (Anpt), rappelle à ces hôtes que le général Alfred Amédée Dodds a pris de nombreuses œuvres quand il est rentré dans les palais, le 17 novembre 1892, après deux années de guerre. « Il a pris ces œuvres pour montrer qu’il a vraiment gagné la guerre. Quand il venait, il était Colonel. Donc, c’est de cette victoire que le grade de Général lui a été donné avant même qu’il ne retourne en France », ajoute Alain Godonou.  

Trois siècles de la dynastie

Outre les trésors royaux, Karim da Silva et sa délégation ont également (re)visité le tableau illustrant les années de règne des différents rois du Danxômè. Un règne par succession de plusieurs siècles auquel Alfred Amédée Dodds a mis fin. « Ces deux années de guerre mettent fin à trois siècles d’histoire du Danxômè. C’est rare dans l’histoire de l’humanité de voir le pouvoir resté dans le même sang pendant des siècles. Il n’y a que deux exemples. Le premier, c’est la dynastie Joseon (des Coréens qui sont aujourd’hui Corée du Nord et Corée du Sud) où le pouvoir est resté dans le même sang pendant cinq siècles. Le second, c’est le Danxômè… », renseigne Alain Godonou. Après les œuvres restituées, la délégation est descendue dans la salle du peuple pour y découvrir les 106 œuvres d’art contemporain exposées par 34 artistes béninois. Ici, Yassine Lassissi, commissaire du volet art contemporain de l’exposition a emmené Karim da Silva et ses pairs à la découverte de chacune des œuvres telles que celles de Georges Adéagbo, de Charly d’Almeida et d’Emo de Medeiros. Dans la salle d’exposition des trésors royaux tout comme au niveau des œuvres d’art contemporain, les membres du Conseil des sages de Porto-Novo ont été séduits par le « talent et le génie créateur des artistes ». L’émotion et les prières sont au rendez-vous pendant et après cette visite. La séduction et fierté également. « Nous sommes en présence de nos ancêtres qui, en quelque sorte, nous reviennent d’une autre manière. C’est inimaginable. Ils ne sont pas allés à l’école. Ils n’ont pas reçu l’éducation que nous avons reçue mais ils ont pu eux-mêmes, créer des choses. C’est impressionnant ! », s’exclame Pierre Hounsa Ahimakin. Visage empreint d’émotions, le secrétaire général du Conseil est curieux de savoir « dans quelle posture ils (les rois, les artistes et les artisans du Danxômè) étaient, comment l’environnement était en cette période pour qu’ils aient ce génie créateur pour réaliser des œuvres comme celles-là… ». Des œuvres bien peaufinées. Certaines ont la taille d’un être humain. Cela fait partie des points ayant retenu l’attention des visiteurs du jour. « Ce qui a particulièrement attiré mon attention, confie Théophile Sènou, premier vice-président du Conseil, ce sont les trônes d’apparat. La façon dont ils ont été conçus… Nous sommes fiers et nous remercions le chef de l’Etat, Patrice Talon qui a mené cette lutte pour que les œuvres nous soient restituées ». A l’image de ses collègues, le président du Conseil des sages de Porto-Novo, Karim da Silva, est aussi ému et impressionné. Il ne cache pas ses mots. « …C’est du jamais vu sur une terre africaine… C’est grandiloquent ! C’est sans commentaire !... », assure-t-il. « Que peut-on dire à part prier pour celui grâce à qui tout ceci a été possible ? », se demande le patriarche. Sa délégation est ainsi ressortie toute contente et fière.