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Film « La Canne du roi » du réalisateur Reilinght Tchobo: 97 minutes de voyage au cœur des intrigues de la royauté

Culture
Par   Isidore Alexis GOZO (gozoalexis6@gmail.com), le 08 juil. 2022 à 16h56
La trame du film se joue autour d’une canne royale, objet de mille convoitises. Son détenteur, un défunt roi parti brutalement, ouvre la voie à une difficile succession et à une série d’intrigues que seule la fameuse canne peut arrêter. Reilinght Tchobo, réalisateur du film, fait voyager le cinéphile dans un monde mi-réel, mi-imaginaire avec en toile de fond, l’essentiel des guerres fratricides du Danhomey de ces années-là. Si on doit en juger par les effets spéciaux qui inondent la production, on ne croirait pas qu’il s’agit d’un film béninois. Pourtant, c’est sur les terres d’ici que Reilinght Tchobo et son équipe ont tourné « La Canne du roi». Un film de 97 minutes qui parcourt maintes péripéties liées à la succession dans l’ancien royaume du Danhomey. Le tournage a pris fin en début d’année dernière et révèle, après la post-production, un long métrage de belle facture dont les seuls péchés sont quelques déchets techniques liés au son, des textes mal assimilés par endroits et quelques raccords mal ficelés. Mais dans l’ensemble, le film séduit par sa trame et la touche professionnelle de l’équipe de tournage. Une équipe dont la jeunesse a séduit l’ensemble des cinéphiles qui ont effectué le déplacement il y a quelques jours à l’espace culturel « Le Centre » de Lobozounkpa pour se délecter de ce que certains ont qualifié de chef-d’œuvre. Dans leur randonnée pour la pitance quotidienne, Ola et Tagla, deux jeunes gens, retrouvent la récade du roi requin. Le précieux artefact, symbole de pouvoir royal, vient d’échouer dans les mains de deux inconnus alors que le roi vient de rendre l’âme dans une lutte fratricide. S’ensuit un combat sans pitié au royaume entre l’oncle du roi défunt et sa sœur qui, elle, jure de venger la mort de son frère. La lutte est âpre. Tous les coups y passent. Trahisons, combats mortels, luttes mystiques, rien n’a été omis par le réalisateur pour faire voyager le cinéphile au cœur de la royauté. Nul lieu ou place n’a été omis ni épargné pour retrouver la récade royale dont le retour aux mains de la reine légitime devrait calmer les ardeurs et faire taire les divergences. Ce que révèle surtout le film, c’est le pouvoir sacré de la récade qui reste un objet de puissance et de pouvoir largement démontré tout au long du film. « La Canne du roi » rend également hommage à la femme en tant que princesse et reine, mais surtout aux amazones dont la bravoure a été repeinte par le réalisateur. Ce film d’action et d’aventure fantastique made in Benin a déjà raflé plusieurs distinctions internationales, notamment le grand prix du cinéma Off du 75e festival de Cannes. Plus de 250 cinéphiles l’ont suivi dans le cadre du projet « WàCinéma » et en ont profité pour échanger avec le réalisateur Reilinght Tchobo et les autres acteurs comme Kenneth Boko, Wilette Kanlinsou, Grâce-Mariane Hinnilo, Rogatien Ayato, Bienvenu Adjevi, Narcisse Agossou… A la fin de la projection, l’équipe a fait don de la récade sacrée utilisée dans le film pour enrichir la collection du petit musée de la Récade.