Koclocodji-Djègbadji à Ouidah. Depuis l’entrée de cet ilot, des échos de chants sous la cadence de tam-tams et de castagnettes de culte vodun parviennent à l’oreille des passants et des visiteurs de cette localité réputée pour son sel de qualité. Ici dans le village, et pour la première fois depuis 1958, les descendants de la collectivité Guêdê-Togboé Amanh se sont réunis autour de la célébration appelée «Hwétanou» du vodun Agboé « dieu de la mer » ; un vodun hérité de leur aïeul Guêdê. «Hwétanou » est une cérémonie de purification et d’imploration de la grâce des ancêtres sur le village et tous les descendants de la collectivité. Elle se déroule de très rares fois pendant des décennies ou à l’occasion de la sortie de vodunsi en fin d’internat au couvent, et diffère de la fête ancestrale et autres commémorations annuelles de la localité.
A l’intérieur du couvent Agboé, tôt dans la matinée de ce mercredi 21 février, Agboénon Toï, chef du culte Agboé, préside la libation aux vodun Agboé, Ahouanga, Avlékété, Houénou et Houn Lokoe. Ces moments d’intenses consultations divinatoires, d’offrande d’animaux et de prières sont suivis d’une parade publique des fidèles vodun, conformément à leur rite.
« Le vodun ne fait pas de mal; il fait du bien. Supposons que ton enfant est malade et après consultation, on te demande de faire des libations à tel ou tel vodun. Les gens trouvent satisfaction s’ils arrivent à le faire», assure Agboénon Toï.
Les descendants de la collectivité Guêdê-Togboé Amanh ne sont pas qu’à Djègbadji à Ouidah. Ils sont également au Togo, au Nigeria et dans plusieurs autres villes au Bénin telles que Grand-Popo, Comé, Cotonou, Sèmè-Podji, Porto-Novo, Kpomassè et Abomey-Calavi. Attachés à leurs culture et origine, nombreux sont-ils à répondre présents à l’appel du chef de culte pour la célébration spéciale 2024.
« C’est la première fois que j’assiste à une telle cérémonie. C’est une grande fierté pour nous et pour la famille qui nous a envoyés ici. Il est important pour nous de conserver notre tradition, ce que nous avons hérité de nos aïeux, en tissant la nouvelle corde au bout de l’ancienne », a indiqué Apollinaire Abikou, l’un des représentants des familles de la diaspora. Il assure repartir heureux à Cotonou où il réside. Une fois chez lui, Apollinaire Abikou promet de rendre compte fidèlement de ce qu’il a vu afin d’inciter d’autres descendants à participer à de telles célébrations coutumières.
« Ce que je vais leur dire, c’est ce que j’ai vu ici et je vais leur suggérer qu’à Tchahounkpamé (Cotonou) et dans les autres localités où nous résidons, nous puissions organiser de pareilles cérémonies et inviter nos frères et sœurs qui sont dans les pays voisins et dans diverses villes du Bénin », indique le quinquagénaire.
« Aujourd’hui, c’est Djègbadji qui est en fête, demain ça peut être Djêffa (Sèmè-Podji) ou Agbannankin (Togo), Adjido (Badagri-Nigeria) ou encore Tchahounkpamé », renchérit Paul Dossou Fanou, descendant de la collectivité et membre du comité d’organisation, qui lance un appel à « l’union sacrée au sein de la collectivité ».
Le festival vodun Agboé prend fin le 29 février prochain avec au menu, entre autres, des parades de vodun et de grandes réjouissances.