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Intronisation d’un nouveau chef de collectivité: Baba Ikuola Atoyebi Alapini pour perpétuer l’héritage

Culture
Intronisation d’un nouveau chef Baba Ikuola Atoyebi Alapini Intronisation d’un nouveau chef Baba Ikuola Atoyebi Alapini

À Ouidah, terre de mémoire, de spiritualité et de brassage culturel, chaque intronisation traditionnelle est bien plus qu’un événement protocolaire. Elle constitue un acte de continuité historique, un moment solennel où le passé, le présent et l’avenir se rencontrent. L’accession de Baba Ikuola Atoyebi Alapini à la tête de la collectivité Ikuola Atoyebi Alapini s’inscrit pleinement dans cette dynamique. Samedi 20 décembre, le temps et le ton étaient à la célébration, à l’engagement et à la solennité.

 

Par   Josué F. MEHOUENOU, le 22 déc. 2025 à 09h04 Durée 3 min.
#Baba Ikuola Atoyebi Alapini

Sous le vaste ciel de Houédjèdo, « la grande maison mère», chez les Alipini à Zomaï à Ouidah, la cérémonie d’intronisation du nouveau chef de la collectivité prend des allures de grande fête familiale et communautaire, portée par une présence remarquée des membres de la famille Alapini, réunis autour de leur nouveau chef, Baba Ikuola Atoyebi Alapini. Enfants, jeunes, adultes et anciens formaient une mosaïque humaine harmonieuse, vêtus du pagne imprimé pour l’occasion, à l’effigie du nouvel intronisé, symbole visible de fierté, d’unité et d’appartenance. Le tissu, noué, drapé, fièrement porté donnait à l’ensemble une cohérence visuelle saisissante, transformant chaque étape du processus d’intronisation et de la procession à travers la ville en un véritable tableau vivant.

Les femmes, fortement mobilisées, occupaient le cœur de l’animation, menant chants rythmés, danses traditionnelles et scandant des panégyriques à la gloire du nouveau chef. À leurs côtés, les jeunes, reprenaient slogans et refrains, battant des mains, accompagnant les tambours communément appelés «Gangan ». Un enthousiasme collectif qui s’est voulu aussi une ferveur inhabituelle, ce moment étant longtemps attendu. Les voix s’élevaient, mêlant louanges, encouragements et prières, dans une atmosphère où se confondaient joie, ferveur et solennité. Chaque chant, chaque pas de danse semblait réaffirmer l’attachement indéfectible de la famille Alapini à ses valeurs, tout en saluant l’avènement d’un chef appelé à guider, rassembler et protéger. Dans cette communion vibrante, l’intronisation de Baba Ikuola Atoyebi Alapini cessait d’être un simple rite pour devenir une célébration vivante de la mémoire, de la transmission et de l’espérance collective. Heureux au milieu des siens, le nouveau chef de collectivité n’a de cesse de bénir, de saluer…

Entre rites ancestraux et ferveur populaire

Les cérémonies ont débuté mardi 16 décembre avec l’Égundaruro / Ahandoho, rite de réveil des ancêtres. Un moment hautement symbolique, destiné à solliciter la bienveillance des aïeux, à purifier les lieux et à ouvrir spirituellement le cycle de l’intronisation. Le lendemain, la tradition s’est poursuivie par des libations et immolations, consacrées à Okóró-Nsó, suivies, dans l’après-midi, d’une prière de la descendance Okóró-Nsó adressée au Baba. Autant d’actes rituels qui traduisent le respect profond des fondements spirituels et la place centrale accordée aux ancêtres dans la gouvernance traditionnelle au sein de cette collectivité.

Vendredi 19 décembre, la ferveur est montée d’un cran avec une veillée d’animation Gangan, rassemblant familles, jeunes et anciens autour des sonorités des tambours traditionnels. Une nuit de communion et de réjouissance, marquant l’entrée dans la phase décisive de l’intronisation. Samedi 20 décembre, jour d’intronisation. Moment crucial des cérémonies, la journée s’ouvre au petit matin avec la sortie de Baba Okóró-Nsó Ikuola Atoyebi Alapini. Le cortège s’ébranle pour les visites traditionnelles, étape essentielle du processus, avant un retour à Houédjèdo.

A pas de charge, chants, tambours et danses accompagnant, le nouveau chef fait sa ronde. La famille Agbo, le palais Atakpaloko, le palais de Daagbo Hounon, la famille Dovonou… Sans oublier les siens. A cette étape, la ferveur monte d’un cran. Le nouveau dignitaire est accueilli avec plus d’hommages et de rites ponctués d’instants de conversation avec les ancêtres incarnés par les Egungun dits revenants. Dans l’après-midi, place aux réjouissances familiales et à la réception officielle en l’honneur du nouveau chef de collectivité. Parents, amis, autorités traditionnelles et invités de marque étaient au rendez-vous. Maire, députés, anciens députés, cadres, natifs et autres personnalités ont convergé vers les lieux pour partager ce moment de joie collective, symbole d’un nouveau chapitre pour la collectivité Alapini. On notait aussi une forte présence des gardiens de la tradition et des chefferies venues du Plateau, d’Abomey, d’Allada, du Nigeria et bien d’autres contrées du Bénin et d’ailleurs.

Dimanche 21 décembre, les cérémonies ont pris une dimension spectaculaire avec les libations et immolations prévues dans la matinée, suivies, de la sortie des Egungun. Ces masques sacrés, incarnation des ancêtres, ont offert au public un spectacle chargé de symboles, rappelant la richesse du patrimoine immatériel et la profondeur des croyances endogènes. Le cycle rituel s’achèvera, ce lundi, avec le Takiko, marquant la fin officielle des cérémonies. Un dernier acte empreint de solennité, qui consacre définitivement Ikuola Atoyebi Alapini dans sa fonction de chef de collectivité.

Un héritier appelé à rassembler et à transmettre

À Ouidah, cité de mémoire et de spiritualité, certains noms résonnent comme des promesses de continuité. Baba Ikuola Atoyebi Alapini est de ceux-là. Désormais chef de la collectivité Ikuola Atoyebi Alapini, il incarne une nouvelle génération de leaders traditionnels, enracinés dans l’héritage ancestral et tournés vers la préservation de l’identité culturelle. L’intronisation du nouveau chef de collectivité est l’aboutissement d’un long processus, dicté par les règles coutumières, la reconnaissance de la lignée et l’acceptation des ancêtres. Issu d’une famille profondément attachée aux valeurs endogènes, le nouvel intronisé a grandi dans le respect des traditions, des rites et de la parole donnée. On dit de lui qu’il est très porté par l’histoire de sa collectivité, ses symboles avec un sens aigu du devoir communautaire. Pas étonnant que son magistère soit sous le signe de l’union, de l’unité, et surtout du retour à l’essentiel de ce qui faisait la fierté des siens.

Ceux qui le côtoient le décrivent comme un homme posé, attentif et profondément respectueux des usages. Loin de toute ostentation, Baba Ikuola Atoyebi Alapini se distingue par une parole posée et une capacité d’écoute qui forcent l’estime. Il assure vouloir privilégier le dialogue, convaincu que la cohésion sociale repose sur la compréhension mutuelle et le respect. L’intronisation d’un chef traditionnel est avant tout un engagement spirituel. En acceptant la charge de chef de  collectivité, Baba Ikuola Atoyebi Alapini a accepté de devenir le lien vivant entre les ancêtres et les vivants. Les nombreux rites qui ont jalonné son intronisation traduisent cette relation intime avec le sacré. Désormais, il est appelé à veiller sur les traditions, à préserver les équilibres spirituels et à garantir le respect des règles ancestrales.

Plus encore, lui qui se veut dorénavant le premier garant du culte des Egungun au Bénin ne veut pas négliger ce pan de son sacerdoce. Il y travaillera et s’y est engagé devant parents, frères, amis, citoyens et autorités de la ville de Ouidah. Son ambition affichée est de renforcer les liens entre les différentes composantes de la collectivité, d’apaiser les tensions et de transmettre aux jeunes générations le sens de l’identité et de la responsabilité.

S’il se veut gardien de la tradition, le nouveau chef n’ignore pas les défis contemporains. Il sait que la survie des valeurs endogènes passe aussi par leur compréhension par la jeunesse, leur valorisation culturelle et leur inscription dans la vie sociale moderne. À ce titre, il encourage les moments de communion, convaincu que la tradition est un socle, non un frein.

Le mot du nouveau Chef…

« Mon règne est placé sous le signe de l'union, de l'entente et du rayonnement de la collectivité Alapini dans l'Atlantique, partout au Bénin et dans le monde entier. Il faut avoir l'humilité de pouvoir rassembler et d'aplanir les divergences et tout faire pour restaurer notre image de marque. Avant il y avait « Vissa » à Ouidah. C’est là où tous les chefs de famille venaient pour qu'on puisse résoudre les problèmes. Petit à petit, la famille s'est désagrégée et puis chaque famille a créé son « Vissa ». Maintenant, je veux restaurer le « Vissa » qu'il y avait auparavant et au-delà, c'est-à-dire que je veux faire rayonner la collectivité dans le monde entier, et j'espère que les mânes des ancêtres m'aideront à pouvoir réaliser ce rêve. Je veux rassurer tout le monde que le nouveau chef de collectivité est enfin là. Il est arrivé pour que s'estompent les divergences et les querelles inutiles qu'il y a à Ouidah entre les familles et dans les familles. Maintenant, ce sera la paix, l'union dans les familles et surtout la collectivité Alapini va retrouver sa place et ses lettres de noblesse.