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Jérôme-Michel Tossavi, initiateur du festival «Nuit poétique»: «Je rêve d’un Bénin, capitale de la poésie mondiale»

Culture
Par   Josué F. MEHOUENOU, le 03 juin 2016 à 08h34

Elle s’annonce belle, grande et inédite, la saison 2 du festival « Nuit poétique » qui célèbrera à Cotonou le 9 juillet prochain les grandes voix de la poésie béninoise. En prélude à cette foire de la poésie placée sous le signe de l’engagement, l’écrivain poète-dramaturge Jérôme-Michel Tossavi, initiateur dudit projet revient ici sur les objectifs de cette initiative.

La Nation : Vous êtes porteur d’un projet audacieux de célébration des valeurs poétiques dans notre pays, «Nuit poétique». Quel but visez-vous en rêvant d’une telle nuit ?

Jérôme-Michel Tossavi : La «Nuit poétique» est d’abord une quête à la consécration des grandes voix de la poésie béninoise qui ont fait et continuent de faire la gloire de la littérature de notre pays. C’est une nuit au cours de laquelle des poètes de toutes les générations-vivants ou morts- sont ressuscités, revisités et immortalisés à travers des lectures-spectacles, des distinctions, des dédicaces et des ventes de recueils de poésies. L’idée, toute simple, qui se cache derrière cette ambition est de redonner à la poésie en voie de disparition dans les cœurs toutes ses lettres de noblesse. Elle permet aussi à la nouvelle génération de prendre connaissance du répertoire existant de la poésie d’ici et d’ailleurs. La première édition, qui a été une édition-test, s’était passée purement au plan national compte tenu de nos moyens limités. Mais vu la forte demande que nous enregistrons, nous ouvrons cette deuxième édition au plan international. Et déjà, plusieurs poètes internationaux comme nationaux frappent à nos portes. C’est en ce sens que cette nuit se différencie des autres à travers son caractère féérique plein de charmes et de suspens. Au cours de cette nuit, nous ne célébrons pas des poètes mais nous célébrons des valeurs en encens de myrrhe et de l’or. Voilà pourquoi le casting pour la participation à cette nuit est rigoureux. On ne franchit pas le seuil de cette nuit de tous les rêves si on ne jouit d’un pur-sang de poésier parolier de tous les cabanons. Néanmoins, la nuit ne perd rien de son caractère de festin populaire où la scène s’adresse à tout public passionné de l’art et des belles lettres.

A bien entendre, la nuit répond au vœu d’être le marché populaire des diseurs de pensées justes et immortelles. Quel acquis direct générera ce projet à court, moyen et à long termes si sa tenue est régulière et bénéfique pour le pays voire pour le continent ?

Elle permettra d’être un carrefour des rencontres annuelles autour des pensées poétiques. A court terme donc, la «Nuit poétique» se muera en un festival international à l’instar du Fitheb où nous accueillerons des poètes de tous les horizons et de tous les cabanons. Pour ce faire, nous ambitionnons, à moyen terme, de mettre en place la première résidence internationale des poètes à Sékou (à quelques encablures de Cotonou) pour accueillir en résidence de création poétique des poètes confirmés au plan mondial. Le site de cette résidence existe et nous attendons les bonnes volontés pour la mise sous terre de sa première pierre qui ne va plus tarder. Les bénéficiaires de cette résidence seront les porte-parole de la «Nuit poétique» au plan international en même temps que cette résidence servira de vitrine pour ce grand rendez-vous annuel de la poésie du monde. Nous aurons donc à asseoir à long terme un réseau solide et puissant d’éditeurs, d’auteurs, de libraires, de bibliothécaires, de lecteurs tous spécialisés en poésie. Mais nous ne pouvons mener seuls ce combat. Voilà pourquoi par le biais de ce projet, nous lançons un vibrant appel à toutes personnes morales partageant les mêmes rêves que l’Association «Mignon-Tourbillon» que j’ai l’honneur de diriger.

Quel public faudra-t-il alors dans la nuit du 9 juillet prochain pour enfourcher la trompette de la poésie de tous les engagements

Je rêve d’un Cotonou, capitale de la poésie mondiale et je voudrais par le biais de l’Association « Mignon-Tourbillon » et l’Institut français sortir la grande artillerie poétique du Bénin à travers un spectacle vivant des corps-poèmes choisis à partir de la génération de Paulin Joachim jusqu’à Daté Atavito Barnabé-Akayi en passant par Mahougnon Kakpo, Afoutou Jean-Marc-Aurèle pour ne citer que ceux-là. J’invite le public à méditer sur cette nuit qui s’annonce avec couleurs et ferveur ¦

Propos recueillis par Josué F. MEHOUENOU