La Nation Bénin...
A
l’instar de la communauté internationale, le Bénin a commémoré la Journée
internationale du souvenir des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique
des esclaves, le 28 mars dernier, au Centre culturel de rencontre international
John Smith à Ouidah.
«
Créer une liberté mondiale: lutter contre le racisme par la justice dans les
sociétés et entre les nations ». Tel est le thème de la journée internationale
du souvenir des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des
esclaves, édition 2024. Au Bénin, le système des Nations Unies, le Comité de
préfiguration-Musée de Ouidah et l’Agence nationale des patrimoines
touristiques ont organisé un panel de discussion des acteurs-animateurs et des
communautés porteuses des mémoires de la traite transatlantique à Ouidah. Ce
fut un moment d’échanges avec les communautés dépositaires, de partage sur les
différentes initiatives en vue de la valorisation du patrimoine culturel de la
cité historique de Ouidah. L’objectif était de fédérer les acteurs-animateurs
des mémoires et les communautés autour d’un message de sensibilisation sur le
devoir du souvenir et son rôle dans l’éducation préventive des crimes contre
l’humanité.
Salvator
Niyonzima, coordonnateur résident du système des Nations unies, a indiqué que
pendant 400 ans, près de 15 à 20 millions de fils d’Afrique ont été déportés,
et qu’en dépit de l’abolition de l’esclavage en 1863, il faudrait maintenir
allumée la flamme du devoir de mémoire, mais aussi d’hommage. « Il faudrait
faire en sorte que plus jamais çela ne se produise; et il faudra renforcer les
efforts du projet de l’Unesco sur la route des personnes mises en esclavage.
Faire en sorte que la mémoire de ces vies brisées soit source d’inspiration
pour un monde meilleur », a insisté Salvator Niyonzima, coordonnateur résident
du système des Nations unies. Pour les participants à ces assises, Ouidah regorge
de multiples mémoires actives et silencieuses, de multiples traces du
patrimoine culturel matériel et du patrimoine culturel immatériel. “Le
gouvernement s’empare de cette mémoire, pour donner un souffle nouveau à ce
parcours de la Route de l’esclave, et faire de Ouidah un musée à ciel ouvert.
D’où le Comité de préfiguration de Ouidah en Cité Musée, qui accompagne le
programme de réhabilitation, de restauration, de re-densification de cette cité
à dimension Atlantique, puisque Ouidah appartient à cette géographie élargie
des Afriques et des Amériques”, a déclaré Coline Tomson Venite, chargée de
mission aux arts et à la culture, à ces assises marquant également le 30e
anniversaire du programme, la Route de l’esclave. Elle ajoute : “Je me réjouis
des échanges, de ces perspectives de co-construction sur une mémoire qu’il nous
revient d’honorer, cette mémoire de l’abolition de la traite négrière
transatlantique”.
Pour
Paul Akogni, directeur du patrimoine culturel, il faut à tout prix maintenir
allumée la flamme du souvenir, restaurer, valoriser les sites marquants de la
route des personnes mises en esclavage. Car, “de l’autre côté vivent encore les
descendants de nos parents sauvagement arrachés à leur terre, à leur vie, à la
vie”, a-t-il insisté avant d’ajouter qu’il faut que vive la mémoire de ces
personnes, que l’Afrique se réconcilie avec elle-même, avec ses fils.