LagosPhoto festival, édition 2023 délocalisée: Le Bénin sous les feux des projecteurs

Après l’exposition publique diptyque en 2022, revoilà le Bénin sous les feux des projecteurs du monde ; cette fois-ci, grâce à LagosPhoto festival 2023. Pour cette quatorzième édition, Azun Nwagbogu, fondateur de ce festival et son équipe ont décidé de déplacer l’événement du Nigéria vers le Bénin. Les villes de Cotonou, Porto-Novo et Ouidah ont été retenues pour abriter les œuvres des 39 photographes béninois, africains et des autres continents présents sur le festival. Le thème central de cette édition ‘’Ground State (Etat fondamental) - La camaraderie au sein de l’étrangeté’’ vise à explorer le moment de restaurer, réparer et restituer les mystères des histoires, qui sont cruciaux pour la survie des humains. « Ce festival nous pose des questions sur l’ère dans laquelle nous vivons. On est dans une ère post Covid avec les changements climatiques, des problèmes qui sont assez importants et aujourd’hui, ces expositions nous permettent de prendre les regards des artistes et de voir avec un peu de recul la société que nous avons créée. C’est un festival qui interroge le monde tel qu’il est aujourd’hui et qui nous pose des questions sur nous face au monde et face à ses problèmes et espoirs. Et quand on cherche des réponses, des espoirs, des idées, peut-être que se tourner vers les artistes, c’est une bonne solution », a fait savoir Marie-Cécile Zinsou, la responsable de la fondation Zinsou, vendredi dernier à l’occasion du vernissage de l'exposition dans les locaux de sa structure.

Si LagosPhoto festival s’est délocalisé au Bénin, c’est en réalité à cause de la proximité entre le Nigéria et le Bénin mais aussi en raison des collaborations étroites entre les artistes et galeristes des deux pays depuis des années. « Cela fait 10 ans que nous dialoguons régulièrement autour de la photographie et aujourd’hui Azun Nwagbogu a pris des fonctions importantes au Bénin (commissaire du premier pavillon du Bénin à la biennale de Venise en avril 2024) et donc pour lui, c’est aussi important de montrer la cohérence de cette coopération, ce dialogue artistique entre les pays. Lui, il vient du Nigeria ; aujourd’hui il travaille au Bénin ; son festival a lieu à Lagos. Si vous regardez Lagos-Cotonou-Ouidah, on est un peu sur la même rue, on est très proches. Une frontière nous sépare mais la frontière peut aussi nous rapprocher. C’est pourquoi le choix du Bénin s’est vite fait et peut-être aussi que c’est la première d’une longue série béninoise », espère Marie-Cécile Zinsou. Parmi les 39 photographes présents sur l’évènement, l’on compte plusieurs Béninois tels que Louis Oké Agbo, Eliane Aïsso, Léïla Adjovi, Ishola Akpo. Ce qui retient l’attention du visiteur, une fois dans les allées de l’exposition, c’est le talent des artistes et la diversité de leurs œuvres. Yassine Lassissi, directrice des Arts visuels à l’Agence de développement des arts et de la culture (Adac), fait partie des personnalités béninoises présentes au vernissage des œuvres. Elle a pu constater cette diversité de production qui frappe à l’œil dans les rangs des artistes béninois. « Quand on regarde les œuvres proposées par les uns et les autres, on ne voit aucune similitude dans le travail artistique proposé, il y a toute une singularité, une recherche artistique et c’est ce qui montre vraiment le niveau et la qualité de la production de nos artistes aujourd’hui et qui fait d’ailleurs qu’ils sont appréciés et demandés sur le plan international », se réjouit-elle.

Focus sur le Bénin

Voir à nouveau le Bénin être la scène de convergence des talents mondiaux de la photographie est une grande fierté pour les autorités et les acteurs et promoteurs culturels du pays. Ce choix d’Azun Nwagbogu booste la destination Bénin et fait du pays la capitale mondiale de la photographie en cette fin d’année. « Qu’il ait choisi le Bénin pour présenter la 14e édition du festival est un honneur pour nous. C’est la preuve qu’aujourd’hui le Bénin fait partie de ces destinations où on sent l’effervescence de l’art… », a relevé Yassine Lassissi.

Pour Marie-Cécile Zinsou, « c’est une grande chance pour les Béninois puisqu’ils vont avoir accès à des expositions dans plusieurs lieux répartis sur le territoire et cela va vraiment permettre de voir à la fois des photographes d’ici et d’ailleurs avec une richesse de programme incroyable ». LagosPhoto festival n’est pas qu’une exposition d’œuvres. Il sera également meublé par des ateliers, des rencontres pour les jeunes photographes professionnels, des conférences-débats, etc. Les Béninois Louis Oké Agbo et Léïla Adjovi, venue de Dakar, s’estiment très heureux de participer à cette expérience et surtout de rencontrer et d’échanger avec de nouveaux talents mondiaux de la photographie.