Laurenson Djihouessi à propos du festival « Effet graff » : « Faire du Bénin la capitale du street art… »
Culture
Par
Isidore Alexis GOZO (gozoalexis6@gmail.com), le 17 mars 2022
à
16h47
Du 11 avril au 12 mai prochain, se tiendra à Cotonou, la 8e édition du festival « Effet graff». Autorisée par le Conseil des ministres en sa séance du 9 mars dernier, cette édition se veut purement sociale. Laurenson Djihouéssi, graffeur et promoteur dudit festival, évoque, à travers cette interview, la genèse de l’évènement et lève un coin de voile sur les activités au programme.
La Nation : D’où est partie l’idée de création du festival «Effet graff » ?
Laurenson Djihouessi : Le festival « Effet graff » remonte à 2013 où on était parti de l’idée de rendre hommage aux figures noires et emblématiques ayant marqué l’histoire du Bénin, de l’Afrique et du monde. En septembre 2013, nous avons organisé la première édition qui rendait hommage au feu général Mathieu Kérékou. Nous avons réalisé son portrait sur le mur en face de la place du souvenir qui a duré cinq ans avant que ce mur ne laisse place à une autre fresque. Avec le temps, on s’est dit qu’on pourra en faire quelque chose de bien plus grandiose, social et communautaire, où l’objectif est de rendre l’art le plus accessible à tous et de faire des murs du Bénin des musées à ciel ouvert afin que tous ceux qui n’ont pas la possibilité de pouvoir s’offrir des œuvres d’art chez eux puissent les avoir sur leur mur au dehors ou à chaque coin de rue. En tout, nous avons atteint près de 15 à 20 différentes villes dans les 77 communes et l’idée est d’arriver à parcourir toutes les communes. Il est clair qu’on avoisine aujourd’hui plus de 1000 murs qu’on a graffés. En février 2021, nous avons organisé la 7e édition de ce festival. Une édition qui nous a permis de réaliser le record du mur le plus long, jamais graffé en Afrique. Le Bénin détient ce record actuellement. Les retours étaient plus que favorables. C’était un challenge que nous avions gagné, ce qui nous pousse à travailler encore plus pour la 8e édition qui se peaufine pour le mois d’avril prochain.
Parlant de la 8e édition, qui démarre le 11 avril prochain, quelles sont les activités au programme ?
« Effet graff 8 » va se dérouler du 11 avril au 12 mai. C’est le mois du graffiti et aussi du street art en Afrique où il y aura la présence de 13 différentes nationalités, que ce soit de l’Afrique ou du monde. Des artistes confirmés, de renom, mettront leur talent en exergue, en ébullition afin de proposer des œuvres qui cadrent avec la vision du Bénin et avec le Bénin de demain. En termes d’activités, il y en aura plein. Cette édition va s’organiser en deux différents volets. Le mur sur lequel les artistes vont travailler fera partie d’un projet à part entière et il y a aussi un village du festival qui sera créé et sur lequel, il va y avoir plein d’activités artistiques à savoir : des ateliers de formation, des rencontres, des colloques, des découvertes. La formation sera bouclée par une découverte touristique afin que les artistes qui viennent, puissent mieux s’imprégner du pays. « Effet graff », au-delà des activités artistiques, entend aussi promouvoir la culture de notre pays afin que tous les artistes qui viennent puissent se sentir fiers du Bénin.
Quelles sont vos ambitions pour les années à venir ?
Pour les années à venir, nous nous sommes fixé comme objectif de faire du Bénin et de Cotonou, la capitale du street art dans le monde entier. L’objectif est de faire en sorte que le Bénin puisse détenir le record du mur le long, jamais graffé au monde où les pionniers, des street artistes et des graffeurs du monde puissent venir découvrir le Bénin, apprécier le pays, ses saveurs et ses spécialités. Au-delà de ça, nous nous sommes donné comme mission dans un premier temps de créer une génération de graffeurs panafricains, de street artistes qui représentent le Bénin dignement un peu partout et dans un second temps, d’arriver à dynamiser la scène urbaine. Quand je parle de scène urbaine, je fais recours à tout ce qui est graffiti, art urbain afin que les jeunes qui désirent se lancer puissent avoir des modèles et des repères parce que nous sommes dans un contexte où les appréhensions sont en train de changer, heureusement. Nous avons encore un grand travail à faire dans ce sens afin que les parents puissent laisser leurs enfants embrasser cette discipline. Au final, c’est révéler notre pays, notre valeur, notre identité. Le graffiti, c’est le côté visuel de l’art qu’on ne s’approprie pas. C’est accessible à tous et à tous les coins de rue, on peut être en contact avec.
Quelle est votre appréciation sur les actions de développement du gouvernement du président Patrice Talon dans le secteur de l’art ?
Le régime actuel apporte du neuf dans le secteur de l’art et de la culture. Le constat est là et l’exemple palpable, c’est l’exposition diptyque en cours à la présidence de la République. C’est une première et ça fait fureur. Je suis content personnellement de savoir que le gouvernement actuel met en place des initiatives et des actions afin que l’art puisse avoir sa place de noblesse et que le Bénin puisse être compté parmi ces pays qui promeuvent les artistes. Il y a beaucoup d’initiatives qui sont en train d’être menées. Sans doute, il y aura encore plein d’autres initiatives.
Avez-vous un appel à lancer aux amoureux et amateurs de l’art ?
En avril prochain, il y aura la 8e édition du festival «Effet graff». Cette édition est purement sociale et il y aura plein d’activités. Tous les passionnés et les néophytes de l’art sont les bienvenus sur le village du festival. Que le public soit passionné ou pas, qu’il ait touché au pinceau une fois ou au crayon ou pas, il est invité et je suis sûr qu’il va beaucoup apprécier. Nous allons spécialement révéler ou éveiller le potentiel créatif qui sommeille en eux.