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Lutte contre la tuberculose: Une masterclass panafricaine pour renforcer la recherche

Culture
Développer les compétences scientifiques régionales et stimuler une recherche appliquée Développer les compétences scientifiques régionales et stimuler une recherche appliquée

Trente jeunes chercheurs venus de treize pays d’Afrique francophone ont entamé, ce lundi, une semaine de formation intensive consacrée à la tuberculose. Accueillie à Cotonou, la masterclass vise à développer les compétences scientifiques régionales et à stimuler une recherche appliquée capable de répondre au fardeau disproportionné que la maladie impose à la région.

Par   Joël C. TOKPONOU, le 02 déc. 2025 à 09h12 Durée 3 min.
#Lutte contre la tuberculose

La deuxième masterclass régionale consacrée à la recherche sur la tuberculose, un rendez-vous scientifique majeur destiné aux jeunes chercheurs d’Afrique francophone, s’est ouverte, lundi 1er décembre à Cotonou. Pendant six jours, trente participants venus de treize pays du continent se réunissent pour renforcer leurs compétences, partager leurs expériences et développer des projets innovants susceptibles d’améliorer la lutte contre l’une des plus anciennes, mais toujours redoutables, maladies infectieuses.

La cérémonie d’ouverture, placée sous l’égide du ministère béninois de la Santé, a été l’occasion pour les autorités nationales et les partenaires techniques de rappeler l’urgence sanitaire que constitue la tuberculose dans la région. Agnès Vissoh, secrétaire générale adjointe du ministère, a salué la continuité de cette initiative devenue, selon elle, un pilier de la coopération scientifique en Afrique francophone. « Au fil des années, l’initiative a su développer une relation de confiance solide avec les pays de notre région. Par son soutien constant, technique, scientifique et financier, elle accompagne les États dans leurs efforts de renforcement des systèmes de santé, d’amélioration des outils de lutte contre la tuberculose et du développement de la recherche appliquée, essentielle à toute réponse durable. La présente masterclass s’inscrit dans cette droite ligne », a-t-elle déclaré.

Au-delà de la dimension scientifique, cette rencontre vise également à braquer les projecteurs sur un constat préoccupant.

Chiffres inquiétants

En fait, la région supporte un fardeau disproportionné de la maladie. La tuberculose reste, malgré les avancées thérapeutiques et diagnostiques, l’une des premières causes de mortalité infectieuse dans le monde.

« La tuberculose reste un défi majeur de santé publique. Selon le dernier rapport mondial de l’Oms, 10,7 millions de personnes ont développé la maladie en 2024 et 1,23 million en sont décédées », a rappelé Agnès Vissoh. Elle a insisté sur la part particulièrement lourde assumée par les pays francophones représentés à Cotonou. « Alors que nous ne représentons que 4 % de la population mondiale, plus de 6 % des cas mondiaux et près de 9 % des décès surviennent dans nos pays. », a ajouté la secrétaire générale adjointe du ministère de la Santé.

Ces chiffres traduisent, selon elle, l’impact persistant de déterminants sociaux défavorables mais aussi « les limites de nos systèmes de santé face aux formes résistantes, aux diagnostics tardifs et aux difficultés d’accès aux innovations thérapeutiques ». Ce qui motive son appel à redoubler les investissements dans la recherche, seule voie pour « réduire les inégalités et accélérer la réponse régionale ».

Au cours de la semaine, les jeunes chercheurs bénéficieront d’un programme dense, articulé autour des avancées les plus récentes dans les domaines du diagnostic, de la prévention, de la prise en charge clinique et de la lutte contre les résistances. « Durant les six jours, vous aurez à apprécier des exposés relatifs aux dernières avancées sur le diagnostic, la prévention, l’écrasement et la lutte contre les résistances », a précisé la représentante du ministère.

La masterclass se distingue également par son approche interdisciplinaire. Les participants seront initiés aux méthodes épidémiologiques, mais aussi aux sciences sociales, à l’anthropologie, à l’économie de la santé ou encore au concept One Health, indispensable pour comprendre les interactions entre santé humaine, environnementale et animale.

« Cette masterclass est une opportunité unique pour vous de renforcer vos compétences, de construire votre réseau scientifique et de vous préparer à devenir les investigateurs principaux de demain », a souligné Agnès Vissoh. « C’est une opportunité pour nos pays, qui ont besoin de données locales, mais aussi pour la région, qui doit faire entendre sa voix dans l’effort global visant à mettre fin à l’épidémie », a-t-elle conclu.

Le choix du Bénin pour abriter cette rencontre n’est pas anodin. Le pays héberge en effet le seul laboratoire de référence supranationale de l’Organisation mondiale de la santé pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, un atout stratégique qui renforce sa position de leader régional dans la lutte contre la tuberculose.

La collaboration avec Expertise France s’inscrit dans cette dynamique. Pour Veronica Noseda, responsable du programme, les résultats de l’édition précédente ont clairement démontré la pertinence de la démarche. « Le succès de la première édition, tenue au Centre Pasteur en 2023, nous a confortés dans l’idée de continuer. Nous avions alors formé 29 jeunes chercheurs, dont cinq ont bénéficié d’un accompagnement plus poussé », révèle-t-elle avant de rappeler que la tuberculose touche en priorité des populations déjà fragiles ; ce qui rend indispensable une approche holistique.

L’un des temps forts de cette master class est la confrontation des disciplines, des perspectives et des expériences de terrain.

« Il s’agira de mélanger les points de vue et de confronter les disciplines, mais aussi de réfléchir à la recherche en tenant compte des exigences des programmes nationaux, des besoins des communautés affectées, des contraintes de terrain, afin de faire de la science un moteur de transformation sociale au service du plus grand nombre », a affirmé Veronica Noseda.