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Lutte contre l’infanticide rituel au Bénin: Le Père Pierre Bio Sanou à cœur ouvert

Culture
Par   Eklou, le 20 janv. 2016 à 07h11

Difficile d’évoquer la lutte contre l’infanticide rituel au Bénin sans y associer le nom de Père Pierre Bio Sanou. Le parcours du religieux tel que retracé à travers le livre-interview de Père Abraham Ghanaba intitulé «Père Pierre Bio Sanou. Mon combat pour la vie» se confond presque à son engagement contre cette pratique répandue en milieu bariba et qui aura martyrisé de nombreuses vies humaines.

Il aura consacré plus de quarante-ans de son apostolat à la lutte contre l’infanticide rituel, phénomène consistant à ôter la vie aux enfants dits sorciers nés en milieu bariba. Ces enfants devant être éliminés sous prétexte que la communauté court à sa perte en les laissant vivre, sont nés soit, la face contre terre, soit par les pieds, soit par le siège, soit prématurés ou nés avec des dents.

Dans une société où la tradition reste prééminente dans les décisions et l’ignorance un fait, Père Pierre Bio Sanou a opposé un combat sans faille contre une pratique centenaire. C’est ce flash-back que s’est permis de faire le père Abraham Ghanaba en revenant sur la vie et le parcours de cette figure de l’Eglise catholique dont l’humanisme reste un témoignage de sa foi inébranlable en Dieu.
Fondant son œuvre sur les Saintes écritures exhortant à préserver la vie humaine qui reste un don sacré et fort de ce que le Royaume de Dieu appartient aux enfants, âmes innocentes devant être protégées du mépris des hommes, le Père Pierre Bio Sanou, né dans les années 30 et originaire de Pehunco, s’est fait le porte-parole de ces marginalisés en portant loin au monde leur appel à vivre. A ses risques et périls, l’homme à qui le père Abraham Ghanaba a dédié son livre-interview, a sacrifié sa vie pour sauver des vies innocentes et fragiles. Témoignage vivant de ce qu’a été ce combat, le livre retrace l’engagement du prêtre avec toutes les péripéties et tout le bonheur et la fierté qui l’animent aujourd’hui de voir nombre de ces enfants réussir dans la vie à l’ombre de leurs géniteurs et de leurs bourreaux considérés malheureusement dans leur milieu comme des sauveurs devant vaincre les esprits maléfiques qui sommeilleraient en ces derniers. Et qui en font des êtres redoutés par la société. Si pour le prêtre sauveur, ces enfants n’ont en eux aucune force néfaste, c’est loin d’être le cas en société bariba qui en est bien convaincue. Ceci aux témoignages du prêtre n’est que pure élucubration. «Un subterfuge inventé par les bourreaux pour tranquilliser leur conscience une fois le crime accompli», confie-t-il à travers les lignes du livre.
Symbole d’un combat que peu de gens mènent vu tous les risques, il se distingue par son humanisme et ses nombreuses œuvres au profit des communautés que l’ouvrage évoque sans pour autant s’y attarder. Un choix peut-être de l’auteur reconnu pour ses publications. Directeur diocésain de la Caritas de Natitingou depuis septembre 2013, ce dernier exerce également les fonctions de secrétaire général de l’Union du Clergé béninois et d’aumônier de la prison civile de la Cité des Nanto?