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Multitude de Stromae: Un album aux couleurs très afro !

Culture
Par   Paul AMOUSSOU, le 09 sept. 2022 à 10h16
Multitude. C'est le nom du nouvel album, une espèce de nectar que Stromae laisse couler depuis peu dans les veines des mélomanes qui s'y font prendre. Et qui s'y frotte y mord, assurément. Attendu, au regard du succès de Racine carrée sorti en 2013, le dernier album de Stromae est tout aussi un régal ! Sorti officiellement le 4 mars 2022, tous les ingrédients de ce qui fait recette chez l'iconoclaste artiste rwando-belge sont une fois encore réunis: esprit, calembours, jeux de mots sans jamais céder à la rime facile, espièglerie dans l'art de manier les mots et de présenter les situations qu'il sait avec maestria orchestrer, en chroniqueur avisé de son temps...Un travail d'orfèvrerie que ce trouvère a mis tout de même neuf ans à peaufiner avant de libérer ses fans de la torture, une longue attente due à la quête artistique qui, chez Stromae, se veut méticuleuse, exigeante. Mais aussi du fait d'ennuis de santé dont il fait mention dans le titre Invaincu. Dans cet intro de l'album Multitude, Stromae règle ses comptes avec un mal contre lequel il a bataillé dur et dont il semble avoir triomphé pour nous servir ce troisième album. Chacun de ses titres est un délice, une vibration positive nourricière pour toute âme y sensible. Mais rien d'étonnant pour qui connait ce musicien talentueux pour la force de ses mots et à l'imagination débordante. ADN noir Une autre caractéristique de cet album, est son accent et couleurs très afro. Ne s'appelle-t-il pas justement Multitude ? D'abord le timbre vocal, une découverte chez ce métis qui nous a bien caché son accent africain avec lequel il joue à volonté et qu'on retrouve dans les titres Riez, C'est que du bonheur ou encore Pas vraiment, chansons aux sonorités très mandingues où se mêlent kora et balafon, et des sensibilités musicales à travers lesquelles Sidiki Diabaté ou Salif Keita se retrouveront aisément. Chroniqueur de son temps qu'il décortique d'une plume acérée, Stromae a davantage dans l'album Multitude dévoilé le prisme sous lequel il lit la société contemporaine, notamment dans les titres Fils de joie, L'enfer ou Mauvaise journée...C'est sans ménagement que son talent s'exprime pour dire tout le mal qu'il en pense, et la peint avec sarcasme et sérieux, comme dans le titre Mon amour, dont la trame tourne autour d'un homme qui s'excuse de ses infidélités. Mais de cette société, il ne boude pas non plus le bien qu'il y decèle, avec ironie, toujours avec une philosophie en appoint qui ne se veut nullement moralisatrice. Libre à chacun d'en tirer les leçons qui s'imposent et que recèlent ses chansons. Le tout sous de belles mélopées. Aussi, tout en nous faisant voir le miroir de notre société, Stromae lance son exhortation à esquisser les pas de danse qui d'ailleurs viennent tout seuls à chaque rythmique : Alors on danse! Mélodies envoûtantes, paroles interpelatives...Telle est la signature musicale de Stromae qui, dans Multitude, n'a pu s'empêcher avec le titre Santé, effet Covid-19 oblige, de célébrer les agents de santé et par extension tous ceux qui exercent des métiers d'utilité et si importants dans la vie de tous les jours mais qui sont si peu mis en lumière. "Je voudrais célébrer ceux qui ne célèbrent pas..., Je voudrais lever mon verre à ceux qui n'en n'ont pas....", chante-t-il un brin Robin des bois, pour magnifier tous les marginalisés grâce à qui les plus grands sont, en définitive, ce qu'ils sont. Que ces femmes et hommes de l'ombre se nomment Rosa, Albert, Céline ou Arlette...Un album jouissif, de toute beauté. Un délice dont les amateurs auront du mal à décrocher. Tellement il est bon. Tout simplement, formidable !?