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Okuta: Il n’était pourtant qu’un modeste lycéen incompris…

Culture
Par   Josué F. MEHOUENOU, le 04 févr. 2016 à 11h24

L’histoire de Félix Agossa est plutôt pathétique. S’il est devenu artiste, c’est grâce à sa témérité. D’aucuns y verront de la passion. Mais ici, cette passion seule, semble-t-il, ne suffisait pas pour braver les nombreuses barrières qui se sont érigées sur ses sentiers. Lesquelles, loin de le décourager, ont constitué le ferment de son apparent succès artistique.

Derrière ce nom sans connotation particulière, d’ailleurs peu connu du grand public se cache un talent. Lequel a éclos grâce à l’endurance et à la témérité. A l’évocation de ce nom, certains anciens élèves du lycée Mathieu Bouké se souviendront de ce camarade d’antan, la vingtaine, alors en classe de Première qui avait eu maille à partir avec son proviseur au sujet de la réalisation d’un objet d’art dans le lycée. «Le proviseur, vu l’ampleur du projet que je portais était vraiment sceptique et m’a renvoyé. C’était pendant la période révolutionnaire, et chacun choisissait son domaine d’activité. Moi, j’animais un club d’arts plastiques. C’est fort de cela que j’ai pris mon courage à deux mains pour aller le voir et le lui proposer. Mais quand je lui ai présenté la maquette, il était furieux. Mais avec le soutien de mes camarades et de certains professeurs, nous avons réussi quand même à le convaincre. Et si vous allez aujourd’hui au Lycée, l’élève inconnu comme j’ai appelé ce monument-là, est toujours sur place, gardé jalousement par tous les proviseurs qui sont passés par là. Je crois que ça a été le début de ma grande carrière ».
Ainsi se résument les débuts de ce jeune amoureux des arts plastiques qui a fait le tour du monde et a par ailleurs fait parler son talent sur les plus grands sites de pierres à travers le monde. Mais à beau mentir qui vient de loin. Quelles œuvres au pays permettent de toucher du doigt la dextérité dont il se crédite ?
A cette préoccupation, il renvoie ses interlocuteurs dans certains édifices religieux. Là, soutient-il, il fait de la décoration, réalise des sculptures, des statuts représentant des Saints, des peintures murales… « Quand vous entrez dans les églises, c’est comme si vous avez une incitation à monter directement au ciel. Les couleurs que j’utilise sont étudiées pour apaiser complètement tous les fidèles qui viennent, même s’ils sont tourmentés. Dès qu’ils entrent dedans, je crois qu’ils oublient leurs soucis pendant un moment et sont prêts au recueillement... », indique-t-il.
«Quand j’entre dans une église, je la transforme», expose l’artiste. Au nombre des lieux saints ayant bénéficié de son expertise, il cite entre autres les églises catholiques Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus de Godomey, Saint Antoine de Padoue de Zogbo, puis, d’autres églises à Dèkoungbé, Ekpè, Porto-Novo et dans bien d’autres localités du pays. « Dès qu’un bâtisseur d’église vient et voyait un peu ce que je faisais, il demandait celui qui l’a fait. C’est ainsi que comme une trainée de poudre, toutes les églises voulaient m’avoir. La dernière que j’ai faite, c’était à la Cathédrale de Lokossa, après l’Immaculée Conception d’Allada », soutient-il par ailleurs. Mais ce projet, il dit l’avoir mis entre parenthèse et aurait passé la main à un de ses jeunes frères. « Maintenant j’ai entamé cette nouvelle aventure de destination touristique, des arts visuels et de centre culturel au pied des collines », confesse-t-il en guise de conclusion¦