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Quinzaine de la photographie au Bénin: Des photographes engagés pour l’éradication de l’esclavage moderne

Culture
Par   zounars, le 10 oct. 2016 à 03h31

Meublée par des expositions, des ateliers de formation et de vernissage dans trois différentes villes du Bénin, la 3e édition de la quinzaine de la photographie se poursuit. Commencée depuis jeudi 22 septembre sous le thème général de ‘’L’esclavage moderne ’’, le délégué général du festival, Didier Kpassassi, parle ici du rôle des photographes dans l’essor d’une société et de la sensibilisation par la photographie.

La Nation : Présentez-nous la quinzaine de la photographie que vous organisez.

Didier Kpassassi : La quinzaine de la photographie, est un évènement de l’Association des photographes d’art du Bénin (APAB). Elle réunit les acteurs du monde de l’art visuel, expose sous les projecteurs, le rôle du photographe dans l’essor d’une société, et vise à amener le public à apprécier à sa juste valeur la photographie dans sa dimension de sensibilisation. Sept photographes professionnels du Bénin, de la Côte d’Ivoire, du Congo Brazzaville, de la Centrafrique, du Mali, du Togo et d’Europe prennent part à ce festival qui a pour thème « L’esclavage moderne», avec des activités meublées par des expositions, des ateliers de formations et de vernissage. Ils ont lieu dans trois villes du Bénin, à savoir Cotonou (place Bulgarie), Abomey-Calavi (embarcadère) et Porto-Novo (place Bayol).

Quels sont les objectifs que vise ce festival ?

Cet évènement entend prendre en compte toutes les branches de la culture béninoise, permettre non seulement de regrouper les hommes de l’art visuel autour d’un même creuset et d’attirer également les hommes de la culture et ceux du tourisme. Par la photographie, nous voulons faire comprendre au public qu’il est vrai que l’esclavage a été aboli depuis des décennies mais il y a une autre forme qui est apparue depuis dans nos sociétés. Ainsi, à travers les différentes expositions, nous souhaitons dénoncer un tant soit peu, le phénomène du travail des enfants. La maltraitance que subissent nos parents dans leurs différents lieux de travail, la sous-traitance. Il y a aussi beaucoup de photographes qui, grâce à leurs œuvres, ont mis un accent sur la dégradation de l’environnement. Alors, à travers cette quinzaine de la photographie, nous avons voulu passer un message fort pour contribuer à mettre fin aux problèmes de santé, de l’environnement qui de plus en plus freinent le développement du Bénin. Nous travaillons contre l’exploitation des enfants, pour une rémunération à juste valeur du travail de nos parents, les droits des femmes de bénéficier des soins de qualité et leurs droits d’être respectées dans leur milieu professionnel.

En quoi consisteront les activités phares de cette quinzaine?

Les activités phares de cette quinzaine de la photographie sont regroupées dans les trois grandes expositions publiques annoncées. A cet effet, nous avons choisi d’abandonner les galeries et les espaces où sont généralement exposées les œuvres d’art, pour aller à la rencontre de la population, lui apporter des explications sur les photos, les messages qu’elles véhiculent. Ce qui fait qu’à la place des martyrs, nous avons pu échanger avec les jeunes qui viennent, leur faire toucher du doigt les réalités souvent méconnues de notre société. A l’embarcadère d’Abomey-Calavi, la même chose a été faite. Là-bas, nous avons été surpris de constater que ce sont surtout les villageois qui viennent visiter l’exposition. Il en est de même pour la place Bayol à Porto-Novo. Par ailleurs, nous avons organisé des caravanes dans des localités comme Agla, Vossa Kpodji, etc. toujours dans le but de faire voir à leurs populations, ce que c’est que l’esclavage moderne et tout ce qu’il implique.

De quoi retourne la nuit de la photographie ?

C’est la grande nuit qui permet de rassembler royalement tous les photographes et acteurs du monde de la photographie du Bénin et d’ailleurs, d’échanger ensemble sur leurs travaux, de faire une projection pour montrer leurs œuvres. Aussi, en prenant les sept photographes qui ont exposé leurs œuvres, nous voulons faire venir de potentiels acheteurs, amener des galeries à s’y intéresser. En dehors de ça, il y a des récompenses que nous avons prévues pour encourager ces photographes qui ont rendu possible l’organisation de ce festival. On peut déjà parler du grand prix du président de la République, du prix d’innovateur et du prix de la créativité. Autant de reconnaissances aux plus méritants lors de cette grande nuit. Nous avons également pensé délivrer des attestations aux participants.
Quelle est la plus grande innovation de cette 3e édition du festival ?

Au cours de la présente édition, nous avons voulu étendre la participation du festival à l’international. C’est-à-dire que nous avons donné la possibilité aux photographes de la France, de la Tunisie, de l’Algérie et de l’Egypte de postuler. Mais pour les retenir, il n’a pas été nécessaire pour eux de respecter les critères d’éligibilité. C’est donc le moment de préciser à tous que la quinzaine de la photographie s’ouvre désormais à tous les pays d’Afrique et du monde.

Avez-vous un mot en direction des participants ?

Je tiens sincèrement à remercier tous les participants de cette 3e édition de la quinzaine de la photographie, en leur notifiant qu’il n’est pas facile d’organiser dans ces conditions, mais que nous pouvons ensemble améliorer les prochaines éditions. De même, je leur adresse toutes mes sincères félicitations et leur promet que désormais, personne ne doit plus regarder autrement le photographe. Il doit être considéré comme une personne qui, grâce à ses œuvres, peut sensibiliser, dénoncer, promouvoir et valoriser sa société. Pour cela, nous pouvons dire que nous sommes satisfaits des résultats parce que les populations ont compris qu’il est tant qu’elles abandonnent certaines pratiques afin de mieux vivre dans leurs milieux. Je lance donc un vif appel au gouvernement et à tous les partenaires culturels afin qu’ils accompagnent ces genres d’évènements importants pour le développement de la culture béninoise ¦