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Réforme du secteur de la culture : Le théâtre en quête d’une renaissance

Culture
Par   Arnaud DOUMANHOUN, le 27 avr. 2022 à 10h18
Le théâtre béninois connaît diverses fortunes depuis quelques années. Après la suspension de la direction du Fitheb et du Centre national dédié au théâtre, les initiatives privées fleurissent en attendant le grand réveil. Le secteur théâtral n’est pas épargné par le vent de réforme qui souffle depuis 2016, et qui appelle à plus de responsabilité de la part des acteurs, à une nouvelle structuration, pour une renaissance au bénéfice de tous. Les fruits ont-ils tenu la promesse des fleurs ? Une seule certitude, les acteurs n’ont pas tari d’initiatives. Les salles de diffusion n’ont pas mis la clé sous le paillasson. « Le théâtre béninois renaît de ses cendres. Depuis la fin de l’année 2021, il y a eu un florilège de créations. On ne peut parler du monde du théâtre sans la base que constitue le produit à savoir la pièce de théâtre. Et sur le plan du produit théâtral en lui-même, je suis convaincu qu’il y a un gros effort qui est fait par le gouvernement à travers le ministère de la Culture », a déclaré la comédienne Carole Lokossou. Bien que le vent des réformes ait induit la suspension de la direction du Festival international de théâtre (Fitheb), donc provisoirement de la biennale qui rassemble les amoureux de l’art de la planche de par le monde, les compagnies de théâtre, de même que les acteurs pris individuellement sont restés accrochés à leur passion. « Le théâtre béninois se porte bien sur le plan de la créativité parce que les acteurs continuent de créer et de diffuser des spectacles de bonne qualité », confie le comédien Humbert Boko. Le défi de la diffusion Jean-Louis Kédagni, directeur du Festival scolaire et universitaire de théâtre et de chorégraphie (Festhec), rassure de la survie du creuset d’expression artistique, culturelle et touristique internationale qui favorise non seulement la détection des talents mais aussi promeut ceux existants. « Il y a beaucoup de créations et d’ébauches de création et c’est une bonne base pour parler de la dynamisation du secteur. Mais après la création, il faut pouvoir vendre le spectacle », a indiqué Carole Lokossou. Elle explique que de nombreuses difficultés se posent au niveau de l’économie marchande. Il faudra travailler davantage à organiser des réseaux de distribution des spectacles. C’est à ce prix que les objectifs seront atteints, affirme-t-elle, pour une véritable renaissance, car les acteurs sont appelés à vivre de leur art, et le public devra satisfaire non seulement sa soif de spectacle mais aussi d’apprentissage et d’éducation. Dans ce sens, l’Institut français de Cotonou serait entré en partenariat avec plusieurs salles de diffusion pour tourner des spectacles. « Aujourd’hui, on pense le théâtre du point de vue d’une économie marchande qui permet de faire tourner le théâtre par le théâtre. Vu que les subventions tombent de moins en moins, il faut permettre au théâtre de s’autofinancer même si ce n’est pas à 100 %. D’où l’importance de trouver des mécanismes de diffusion… », fait savoir Carole Lokossou. Le salut dans la structuration Pour Jean-Louis Kédagni, la politique gouvernementale devrait aboutir à une bonne structuration pour permettre aux acteurs de vivre de leur art. C’est une évidence qu’il n’existe pas à l’heure actuelle, au plan national, un festival de théâtre aussi grand que le Fitheb. Certes, les organisations privées prospèrent mais elles sont confrontées au problème de financement. Le système de mécénat et de sponsoring n’est pas très huilé dans les autres domaines artistiques en dehors de la musique. C’est dire que les festivals, issus d’initiatives privées, souffrent d’un manque criant de soutien qui ne favorise pas leur décollage. « Ils font leur bout de chemin mais on ne peut pas dire qu’ils sont déjà de grandes vitrines du rayonnement du théâtre béninois. Ma prière est que l’Etat s’implique beaucoup plus, soit en organisant des festivals de théâtre avec et pour nous, soit en dynamisant les festivals qui existent déjà et régler le souci de la diffusion », préconise Carole Lokossou. Seule la structuration peut rassurer les investisseurs du secteur privé, soutient pour sa part Humbert Boko.