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Résistance contre la pénétration coloniale: Au souvenir du héros national oublié Saka Yérima

Culture
Le mausolée où reposent Saka Yérima et sa compagne à Pèrèrè Le mausolée où reposent Saka Yérima et sa compagne à Pèrèrè

Comme Bêhanzin, Bio Guéra, Kaba et bien d’autres, Saka Yérima s’est également opposé, avec résistance, à la pénétration coloniale française au Dahomey. Mais, malheureusement, la mémoire collective semble n’avoir pas gardé son nom et ses hauts faits. Et pourtant sa bravoure fait la fierté du peuple baatombu. En route pour la restauration de son histoire, Pèrèrè, sa commune d’origine, a, une fois de plus, décidé de se souvenir de lui, mercredi 31 décembre prochain à Yariyo.

 

Par   Maurille GNASSOUNOU A/R Borgou-Alibori, le 17 déc. 2025 à 09h28 Durée 2 min.
#Saka Yérima #pénétration coloniale

31 décembre 1897-31 décembre 2025, cela fait exactement 128 ans que, après une journée de combats sans répit contre le colonisateur français appuyé par les «tirailleurs sénégalais», le prince guerrier Saka Yérima tombait les armes à la main à Yariyo, dans l’arrondissement central de Pèrèrè. Et comme il est désormais de tradition, depuis quelques années, à l’occasion de la date anniversaire de son décès, la commune de Pèrèrè se mobilise pour lui rendre hommage, mercredi 31 décembre prochain, à Yariyo.

Organisée, ce lundi 15 décembre sur le site de Yariyo, la deuxième réunion préparatoire de l’évènement annonce une particularité cette année. «A l’époque, la célébration avait lieu soit à Pèrèrè, soit à Woroko. Cette année, tout se fera à Yariyo où sa dépouille repose», assure le président national de la dynastie Cessi Makararou Orou Bouyagui Barka Issa, alias Koto Moro, également impliqué dans l’organisation.

L’heure est actuellement aux préparatifs. C’est avec le nettoyage des différents sites. La dernière rencontre du comité d’organisation, pour faire le point, aura lieu samedi 27 décembre prochain.   

Saka Yérima a été, selon le professeur Djibril Débourou, le premier résistant contre la pénétration coloniale française dans le Borgou. A ce titre, il ne doit pas être oublié. Il mérite également d’être immortalisé et considéré comme un héros national.

En effet, à la tête d’une armée de guerriers venus des localités de N'Dali, Bouri et Tamarou, il avait sollicité les forgerons de Pèrèrè, pour se faire fournir des flèches et lances empoisonnées afin de combattre les colons, dans leur conquête de la partie septentrionale du pays. Il fait partie des princes n’ayant jamais voulu que le royaume de Nikki accepte le protectorat français. Les hostilités, a informé le professeur Djibril Débourou, c’est à partir du 4 novembre 1897 qu’il les engagera. C’était pour venger l'attaque de Gbégourou, son village maternel. Après y avoir bivouaqué et commis des exactions, l’armée française n’avait pas hésité à l’incendier. C’est à Guinangourou, précise l’historien, que Saka Yérima et ses hommes ont attaqué les Français qui étaient en route pour Nikki. La bataille du 8 novembre 1897 n’ayant connu ni vainqueur, ni vaincu, chacune des parties s’était alors retirée, pour faire soigner ses blessés.

Pendant qu’il préparait ses hommes à Bonuki, à l'Ouest de Guinangourou, pour une nouvelle attaque, Saka Yérima fut surpris par les expéditionnaires français. Ce qui l’obligea à battre en retraite avec sa troupe, pour se retrouver dans le village de Yariyo. Il y a fait ériger une forteresse sur une superficie de 3,6 ha, haute de 3 m et munie d'une seule porte située du côté Est. C’était pour se protéger contre l’ennemi et pouvoir mieux l’affronter.

Mis en difficulté au cours de cette troisième bataille, indique le professeur Léon Bani Bio Bigou, les Français avaient alors fait appel à des renforts venus de la Guinée Conakry et le jeudi 31 décembre 1897, sous leurs tirs nourris, Saka Yérima tomba en compagnie de sa femme. Cette dernière est aujourd’hui considérée à Pèrèrè comme une héroïne, symbole du dévouement jusqu’au sacrifice suprême de la femme baatombu envers son mari.