La Nation Bénin...
Le Festival international de théâtre et de musique pour personnes handicapées (FITMHAND), créé depuis 2010 est un évènement culturel majeur qui offre l’opportunité aux personnes dotées de talents artistiques mais souffrant de handicap de se mettre en évidence. L’évènement a fait du chemin depuis cinq ans et son bilan n’est pas moins prometteur, estime son initiateur Gaston Eguédji, qui en fait ici un bref bilan.
La Nation : Depuis 2010, vous avez initié le FITMHAND. Pourquoi un festival dédié aux personnes handicapées ?
Gaston Eguédji : J’ai ciblé les personnes handicapées parce que j’ai constaté qu’elles ont vraiment du talent. Mais à cause de leur handicap, elles ne parviennent pas à s’extérioriser. Il faut donc quelqu’un pour les sortir de leur isolement. C’est ce que j’ai compris en initiant ce festival étant donné qu’après les sondages que j’ai personnellement faits dans les écoles et dans certains centres, j’ai pu me rendre compte que les personnes handicapées sont très douées en matière d’art. Le FITMHAND est donc initié pour les encourager afin qu’ils puissent exprimer leurs talents et se faire valoir sur le plan artistique. Le but aussi est de montrer aux autres que nous sommes tous des handicapés ambulants et que porter un handicap n’est pas une fin en soi.
Vous pouvez donner la parole aux personnes handicapées qui participent au festival pour vous expliquer un peu ce qu’elles tirent comme avantages. Je voudrais également profiter de cette occasion pour inviter nos gouvernants à commencer par prévoir dans nos salles de spectacles, des passages pour personnes handicapées. C’est ce message que nous essaierons de passer aux ministères de la jeunesse, des sports, de la famille et de la culture. Revenons à ce qu’ils gagnent dans le festival. Pour moi, ils doivent avoir un cachet. Un cachet consistant de toutes les façons. Je ne veux pas vous dévoiler le contenu de ce cachet. Mais ce que je puis vous dire, c’est qu’ils ne sont jamais mécontents de ce que je leur donne. L’autre chose, c’est qu’ils sont complètement pris en charge pendant le festival. Je veux parler de la restauration, de l’hébergement, du déplacement. Je le fais ainsi parce que vu les talents que j’ai découverts en eux, je me dis qu’ils sont les futurs ambassadeurs de la musique béninoise. Ils en ont les potentialités. Le cas du couple malien, Amadou et Myriam est bien édifiant d’ailleurs. Les deux sont handicapés et pourtant, ils font la fierté de leur pays à travers le monde entier. C’est ce que je veux pour nos artistes handicapés.
Quel bilan faites-vous de la dernière édition du festival organisé à Lokossa ?
Je dirai que je suis vraiment satisfait du bilan que nous avons réalisé avec ce festival. Je le dis parce que déjà, chaque année, les personnes handicapées m’appellent et me bousculent pour participer à l’événement. Je constate donc par-là qu’ils se préparent à cela parce que ça leur permet inévitablement de s’épanouir. L’autre chose aussi, c’est que j’ai remarqué qu’ils créent, chaque année, pour prendre part à ce festival. Il y a aussi bien les artistes chanteurs-compositeurs que les acteurs du théâtre qui sont handicapés. Parfois, ils m’invitent même à voir leurs nouvelles créations qu’ils envisagent présenter à l’événement. On sent donc qu’ils sont très enthousiastes par rapport à ce festival, le seul qui, jusqu’à ce jour, leur est consacré. En gros, je dirai donc qu’il y a une sorte d’engouement qui anime les personnes handicapées autour de ce festival. Et ça, pour moi, c’est une grande source de satisfaction. Je crois qu’il y en a quatre qui ont déjà sorti leur album. Je peux citer Ottis Newton, Roger Tchaou sans oublier Ras Ibaré qui se bat….
La prochaine édition du festival aura lieu les 3, 4 et 5 décembre 2015 mais le lieu, nous ne l’avons pas encore déterminé. Nous connaissons néanmoins la date pour pouvoir lancer les appels à candidature.
Vous êtes également l’initiateur du FESTOM. Est-ce toujours pour les personnes handicapées ?
FESTOM, c’est le Festival Top Musique. Je l’ai initié parce que quand j’allume les chaînes de télévision nationale, je constate, tout en étant pas professionnel de la musique, que les gens chantent mal. J’ai réfléchi et l’idée m’est venue de créer ce festival afin que les artistes puissent d’abord montrer au public leurs produits avant de les envoyer en studio. J’ai alors décidé de parcourir les départements pour y dénicher les top des top afin de les montrer en exemple. On a alors fait le premier essai à Lokossa en ne prenant rien que les musiciens du coin. FESTOM est aussi itinérant et passera dans chaque département. Pour le premier essai qu’on a fait à Lokossa, il y avait eu du grand monde. Les spectateurs ont apprécié l’idée. Ce qui m’a encouragé à continuer avec la 2e édition qui se tiendra cette année.