La Nation Bénin...
Au royaume des Xwla, chez les Amanhoué,
descendants de Guêdê Togoé Amanh, le vodun Agboé n’est rien d’autre que « le
dieu de la mer ». Une richesse héritée de leur aïeul Guêdê, fièrement célébrée.
« Quand on dit vodun Agboé, pour celui qui ne
comprend pas sa définition, c’est : dieu de la mer ». Cette explication de Paul
Dossou Fanou, membre de la collectivité Guêdê Togboé Amanh, dépositaire du
vodun Agboé, donne un petit aperçu sur ce dont il est question. En fait, dans
la mer, explique-t-on, il y a deux vodun: Agboé et Mami. « Agboé est le mâle et
Mami la femelle », détaille Paul Dossou Fanou.
Le vodun Agboé est symbolisé par deux éléments
: une pagaie au bout dentelé et un chapeau noir. Les fidèles et sympathisants
de Agboé renseignent que ce vodun est celui qui donne le sel appelé « xwladjè
».
L’origine de Agboé remonte aux XVIe et XVIIe
siècles, renseignent des membres de la collectivité Guêdê Togboé Amanh. D’après
eux, l’histoire révèle qu’à cette époque, un homme connu sous le nom de Guêdê a
surgi de la mer pour s’installer à Agblankin (royaume des Xwla) auprès du roi,
Sa majesté Aholou Ahoussan. Guêdê, le mystérieux homme, avait introduit cinq
vodun dont Agboé à Agblankin, Grand-Popo et Petit-Popo. Ces vodun ont permis de
parer à plusieurs éventualités et de guérir des maladies au sein des populations.
A la suite d’une fête anniversaire des vodun,
raconte-t-on, Guêdê, chef de l’orchestre de musique de déification, conduit une
foule de fidèles vodun à la mer pour y effectuer des rituels en vue de prévenir
une probable calamité contre les populations. Malheureusement, tout ne s’est
pas passé comme l’imaginaient les fidèles à leur départ pour la mer. En effet,
les accompagnateurs de Guêdê sont tous revenus de la mer avec tout le
nécessaire pour la purification des villages Grand-Popo et Petit-Popo, sauf Guêdê
lui-même. Son fils unique Togboé Amanh lui succéda. Des années plus tard, il
transmet à son tour cet héritage à sa descendance.
« Au moment de la colonisation de notre pays, le Dahomey, les colons venaient en Afrique par voie maritime. Grand-Popo devint alors un centre commercial qui connaît rapidement une évolution. Ne disposant pas de port, de wharf, ni de jetée en mer, les autochtones jouaient alors le rôle de passeurs artisanaux en utilisant leurs barques pour servir de relais. Mais ces derniers chaviraient régulièrement. Pour remédier à cela, on fit recours aux adeptes de la mer ‘‘les Agboéviés’’ pour demander la clémence de leur vodun à Houtagbo-Plage. C’est ainsi que nos parents issus de la collectivité Guêdê Togboé Amanh ont érigé à cet endroit leur lieu de prières », font savoir les filles et fils de la collectivité Guêdê Togboé Amanh. Agboé est au panthéon du vodun mais il n’est pas connu comme sa femelle. ‘‘Hwétanou’’, le festival vodun Agboé en cours à Koklocodji-Djêgbadji (Ouidah), est une rare occasion pour les descendants de la collectivité de célébrer ce vodun mais aussi de mieux le faire connaitre à la face du monde.
« Le vodun ne fait pas de mal ; il fait du bien », assure Agboénon Toï, chef du culte Agboé à Koclocodji. Il illustre son propos: « Supposons que ton enfant est malade et après consultation, on te demande de faire des libations à tel ou tel vodun. Les gens trouvent satisfaction, s’ils arrivent à le faire ». Le spécial festival a démarré le 20 février 2024. Il prend fin jeudi prochain avec au programme, entre autres, des parades de fidèles vodun et une grande réjouissance.