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William Codjo à propos de l’exposition des artistes en Martinique: « Aucun des 26 trésors royaux ne bouge du Bénin… »

Culture
William Codjo, directeur général de l’Agence de développement des arts et de la culture (Adac) William Codjo, directeur général de l’Agence de développement des arts et de la culture (Adac)

La Fondation Clément en Martinique accueille du 15 décembre 2023 au 31 mars 2024 l’exposition « Révélation ! Art contemporain du Bénin » qui réunit 42 artistes contemporains. Il ne s’agit pas d’un déplacement des 26 trésors royaux restitués au Bénin par la France. Une clarification que le directeur général de l’Agence de développement des arts et de la culture (Adac) fait à travers cet entretien qui lui donne l’occasion d’apporter plus de précisions sur l’exposition.

Par   Josué F. MEHOUENOU, le 30 nov. 2023 à 01h07 Durée 7 min.
#William Codjo #l’exposition des artistes en Martinique #Aucun des 26 trésors royaux ne bouge du Bénin

La Nation : Monsieur le directeur, l’une des retombées de l'exposition diptyque "Art du Bénin : de la restitution à la révélation", c'est la montée en puissance de l'art béninois avec la présence du Bénin sur la scène artistique continentale. Après le Maroc, la Martinique. Comment se prépare cette expédition ? 

William Codjo : Je vous dirais que cette exposition se prépare très bien, dans les meilleures conditions qui soient. Nous avons fait un travail extrêmement précieux sur ce dossier avec notre partenaire avec qui nous avons signé une convention de co-organisation. Depuis le choix des œuvres en passant par le choix des artistes, même les supports de communication, et tout ce qui va se faire à travers la production du catalogue mais également les activités qui accompagneront cette exposition en Martinique à savoir les master class qui vont être animées par des artistes béninois, la production de spectacles de petites formes qui vont se faire à travers un festival au mois de mars ; il y aura à révéler au-delà des arts visuels les arts de la scène. Nous aurons du slam, du théâtre, de la danse pour accompagner cette exposition. C’est un véritable dialogue que nous faisons avec le peuple martiniquais qui est un peuple qui a un lien très fort avec le Bénin. Un souverain dahoméen a séjourné en Martinique à travers l’histoire, que nous avons tous appris. Nous voulons mettre à profit ce lien très fort pour dialoguer avec nos frères de l’autre côté, leur faire savoir ce que nous faisons aujourd’hui en termes de créativité artistique pour leur permettre également d’avoir accès à la production contemporaine du Bénin. Ils ont connu notre ancêtre, mais il faut aussi que les contemporains soient connus au niveau de la Martinique. 

On dirait bien que le Bénin a un agenda chargé en termes de visibilité de ses arts visuels !

Nous ne nous limitons pas à cette itinérance. Il ne s’agit pas de répliquer exactement l’exposition organisée au palais de la Marina. Il n’est pas non plus question de présenter en intégralité l’exposition diptyque parce qu’elle a comporté deux volets. Un premier volet consacré au retour des 26 œuvres et un volet contemporain basé sur la production contemporaine des artistes d’aujourd’hui. Et c’est seulement ce deuxième volet qui est en itinérance dans le monde. Après la première étape au Maroc, il continue son chemin vers la Martinique et le poursuivra vers d’autres cieux. Donc il ne s’agit pas de faire circuler les 26 trésors royaux, contrairement à ce que l’on peut penser. Les 26 trésors royaux ne bougent pas du Bénin, par contre on en a fait des photographies qui seront exposées en Martinique pour accompagner la production contemporaine. 

Qu’est-ce qui justifie cette polémique qui tend à faire croire que les 26 œuvres voyagent sur la Martinique ?

Je pense qu’il s’agit juste d’un problème d'incompréhension. Ceux qui le disent n’ont pas eu la bonne information et il est de notre devoir de mettre la bonne information à leur disposition pour qu’ils comprennent que les 26 trésors ne bougent pas du Bénin. C’est uniquement la partie contemporaine de l’exposition diptyque qui est en mouvement. Il n’y aura que des photos. Aucun bien obtenu par le biais de la restitution ne bouge du Bénin. C’est uniquement la partie contemporaine qui est en itinérance. 

Quel va être l’agenda de la Martinique ?

En Martinique, nous aurons cette exposition à la Fondation Clément qui est le seul lieu spécialisé et dédié à l’art contemporain en Martinique. Il n’y en a pas d’autres. Il y aura également des interactions avec les écoles, des apprenants des écoles d’art. Des artistes du Bénin qui seront en Martinique iront partager leur savoir-faire avec les apprenants. Romuald Hazoumè, Georges Adéogbo (82 ans) pour ne citer que ces deux-là font partie de l’exposition et auront beaucoup d’expériences à partager. Il y aura des conférences-débats, des projections de films pour partager avec nos frères, notre vécu quotidien, notre vision du monde, les valeurs que nous portons en tant que peuple et le message que nous avons pour eux, qui est un message de fraternité, de main tendue pour qu’ensemble nous regardions l’avenir avec sérénité mais aussi avec grandeur.  

A propos de l’exposition

La Fondation Clément accueille du 15 décembre 2023 au 31 mars 2024 l’exposition « Révélation ! Art contemporain du Bénin » avec plus d’une centaine d’œuvres, déployant toute la vitalité de la scène artistique du Bénin et de sa diaspora à travers une diversité de médiums et de supports : peinture, sculpture, installation, art vidéo, dessin, art numérique, performance… Lieu de diffusion favorisant l’accessibilité de la culture à une diversité de publics de la Martinique et le soutien aux artistes de la Caraïbe, la Fondation clément organise cette exposition en partenariat avec l’Agence de développement des arts et de la culture du Bénin (Adac), opérateur culturel dédié au développement de l’action culturelle internationale. Présentée initialement en deux volets dans le cadre de l’exposition diptyque « Art du Bénin d’hier et d’aujourd’hui, de la restitution à la révélation : Trésors royaux et Art contemporain du Bénin » au Palais de la Marina à Cotonou, elle offrait un parcours entre art classique et art contemporain du Bénin sur trois siècles d’histoire de l’art du Bénin