La Nation Bénin...
Un
appel urgent est lancé aux États africains pour renforcer l’affirmation du
continent sur la scène mondiale à travers la création d’institutions financières
continentales solides. Mahmoud Ali Youssouf, président de la commission de
l'Union africaine, a souligné le rôle fondamental de ces structures,
indispensables à l'intégration économique et au développement durable de
l'Afrique.
Depuis plusieurs décennies, l’Afrique cherche à bâtir une intégration économique forte et résiliente, capable de soutenir son développement et de garantir son indépendance financière. Pourtant, de nombreux défis entravent encore cette ambition, notamment l’absence d’institutions financières continentales opérationnelles. Une réalité qui freine la mise en œuvre des politiques de libre-échange, l’harmonisation des systèmes bancaires et l’essor d’un marché commun africain. Profitant de la tribune de la conférence des ministres africains de l’Économie, de la Planification et du Développement économique, tenue à Addis-Abeba les 17 et 18 mars, Mahmoud Ali Youssouf, président de la commission de l’Union africaine, a mis l’accent sur l’urgence d’accélérer la création et le renforcement de ces institutions stratégiques. Prenant la parole, il a souligné l’importance cruciale des institutions financières africaines pour une intégration économique réussie. Selon lui, la mise en place effective de ces structures est un passage obligé pour assurer la souveraineté économique du continent. « Il est impératif d’accélérer la mise en œuvre des institutions financières africaines, qui sont les piliers fondamentaux de cette intégration », a-t-il déclaré. L’Agenda 2063 de l’Union africaine, qui sert de boussole stratégique au développement du continent, prévoit la création de plusieurs institutions financières majeures, dont la Banque centrale africaine, la Banque africaine d’investissement et le Fonds monétaire africain. Toutefois, la concrétisation de ces initiatives reste entravée par divers obstacles, notamment l’absence de financements adéquats, des divergences politiques entre les États membres et des défis structurels liés aux infrastructures et à la gouvernance. « Il existe des contraintes à lever pour la mise en œuvre de ce processus qui doit aboutir in fine au bien-être de nos populations et pour une affirmation géopolitique de l’Afrique sur la scène internationale », expose-t-il.
Obstacles à lever
La conférence a également abordé trois axes majeurs susceptibles d’accélérer le processus d’intégration dont la relation entre la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) et le développement des infrastructures, la promotion des systèmes de paiement instantané transfrontaliers et l’inclusion numérique. Ces enjeux sont étroitement liés à la mise en place des institutions financières africaines, qui devraient faciliter les échanges commerciaux intra-africains, réduire la dépendance aux devises étrangères et renforcer l’investissement dans les secteurs clés. Malgré les progrès réalisés par la Zlecaf, notamment l’adoption du protocole sur le commerce numérique et la facilitation des échanges intra-africains, de nombreux défis subsistent. Mahmoud Ali Youssouf a signifié que l’Afrique souffre encore d’un faible taux d’industrialisation, d’un accès limité à l’énergie et d’une fracture numérique préoccupante. Selon l’Atlas de l’Afrique 2024, environ 600 millions de personnes ne sont toujours pas raccordées au réseau électrique, compromettant ainsi le développement des infrastructures numériques et l’émergence d’une économie intégrée et compétitive. Pour surmonter ces obstacles, l’Union africaine préconise une approche coordonnée entre ses États membres, les Communautés économiques régionales (Cer) et les partenaires financiers. Une réunion de coordination a d’ailleurs été instituée pour suivre l’évolution des initiatives d’intégration et proposer des solutions adaptées. Cependant, le président de la commission de l’Union africaine insiste sur la nécessité pour les pays africains de prendre leur destin en main en renforçant les mécanismes de financement endogènes. «L’avenir économique du continent repose sur notre capacité à développer des institutions solides, capables de répondre aux besoins de nos populations et de favoriser une croissance inclusive et durable», a-t-il martelé. Au-delà des discours et des engagements politiques, la mise en place effective des institutions financières africaines est un impératif stratégique pour le continent. Elle conditionne non seulement le succès de la Zlecaf, mais aussi la capacité de l’Afrique à peser sur l’échiquier économique mondial. Les décideurs africains sauront-ils relever ce défi historique? Question !