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Campagne agricole 2023-2024: La production d’anacarde chiffrée à 203 844 tonnes

Economie
Sur les cinq dernières années, la production de l’anacarde a connu  un niveau d’accroissement global de 56,5 % Sur les cinq dernières années, la production de l’anacarde a connu un niveau d’accroissement global de 56,5 %

La production d’anacarde au Bénin a augmenté de 9 % au cours de la campagne 2023-2024 pour franchir les 200 000 tonnes. Avec un rendement moyen à l’arbre encore faible de 4,75 kg, cette filière, deuxième culture d’exportation du pays, reste confrontée à plusieurs défis.

Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 16 avr. 2024 à 05h28 Durée 3 min.
#Campagne agricole 2023-2024

La production de l’anacarde a atteint 203 844,08 tonnes au cours de la campagne 2023-2024 contre 187 033 tonnes en 2022-2023 et 150 414 tonnes en 2021-2022, selon la direction de la Statistique agricole (Dsa/Maep). Elle est en progression de 9,0 % après la bonne performance de 24,3 % enregistrée lors de la campagne précédente, selon la note intitulée L’anacarde au Bénin, une filière en pleine mutation (Dsa/Maep, Avril 2024). Sur les cinq dernières années, souligne le document, la production de l’anacarde a connu un niveau d’accroissement global de 56,5 %.

Pour la campagne 2023-2024, le pôle de développement agricole (Pda) 4 regroupant le Borgou-Sud, la Donga et les Collines, détient une part de 77,45 % de la production nationale et plus de 76 % des plants ayant produit, suivi du pôle 2 qui contribue pour environ 20 % à la production nationale. La culture reste néanmoins présente dans tous les sept pôles de développement agricole du pays.

Le potentiel de production, c’est-à-dire l’effectif des arbres âgés de 3 ans et plus, est estimé à

42 887 014 arbres, selon l’enquête d’estimation de la production de l’anacarde conduite par la Dsa de février à juin 2023 en collaboration avec les principaux acteurs de la filière.

Le rendement moyen à l’arbre se situe autour de 4,75 kg. Il devrait augmenter à 700 kg de noix en moyenne à l’hectare pour les plantations aménagées, suivant les objectifs fixés dans le cadre du Projet d’appui au développement de la filière anacarde et de l’entreprenariat agricole (Padefa-Ena) mais qui a accusé un grand retard dans la mise en œuvre des activités et la consommation des fonds. Ce rendement devrait même passer de 1000 kg à 1200 kg en année de pleine production dans quelques années pour les nouvelles plantations mises en place.

La taille moyenne des plantations ressort à 2,2 hectares, mais la moitié des plantations a moins de 1,7 ha comme superficie. Environ la moitié des plants d’anacardier sont âgés de 10 à 20 ans et une parcelle sur cinq a été mise en place lors des trois dernières années. La mise en œuvre du Padefa-Ena devrait permettre d’installer 3 000 ha de nouveaux vergers, de réhabiliter 10 000 ha d’anciennes plantations et de produire et utiliser des plants greffés de cajou sur 15 ha de pépinières.

L’enquête révèle aussi que la culture de l’anacarde reste une affaire de quinquagénaires et peu pratiquée par les femmes. Les hommes détiennent 94,06 % des plantations d’anacarde. Les exploitants de verger d’anacardiers ont un âge moyen de 50 ans et ne sont constitués que de 10 % de femmes.

Près de 9 producteurs sur 10 sont dans cette culture depuis plus de cinq ans. Les exploitants faisant leurs premiers pas dans l’activité ne représentent que 0,10 % des enquêtés. 

Potentiel peu exploité

La filière anacarde reste très biologique, avec moins de 3 % de producteurs qui utilisent de fertilisants dans les plantations, lesquels ne sont d’ailleurs pas directement appliqués à l’anacardier mais plutôt aux cultures mixtes dans les plantations. En effet, l’anacarde est la principale source de revenus pour quelque 15 % des propriétaires de vergers. La plupart des exploitants s’adonnent à d’autres activités agricoles dont les cultures vivrières qui constituent l’activité principale de plus des deux tiers d’entre eux. Au recensement national de l’agriculture (Rna) de 2019, environ 147 270 exploitations se consacrent à la filière, soit 10 % de celles pratiquant la production végétale et 50 % de celles disposant de cultures pérennes comme le palmier, le cocotier, les agrumes, le manguier et autres.

En matière de structuration de la filière, près de 43 % des producteurs sont affiliés à une organisation professionnelle agricole (Opa). La Fédération nationale des producteurs d’anacarde du Bénin (Fenapab) est la principale faîtière.

La main-d’œuvre exploitée dans les plantations est essentiellement puisée dans la sphère familiale. En effet, 64 % des hommes et femmes travaillant dans les exploitations sont les actifs du ménage du propriétaire du verger contre environ 30 % de travailleurs journaliers rémunérés à la tâche. Les salariés permanents ou saisonniers représentent respectivement 3 % et 4 % des emplois utilisés.

La filière anacarde nourrit quelque 200 000 familles béninoises. Elle est classée parmi les cultures à forte valeur ajoutée qui cristallisent la politique agricole du Bénin. Avec une part moyenne de 12,07 % dans les exportations de produits agricoles au Bénin entre 2017 et 2022, le cajou reste le deuxième produit d’exportation au Bénin après le coton, d’après les données de la Dsa. Toutefois, la valeur des exportations de l’anacarde a chuté à 20,62 milliards F Cfa en 2022 après 26,939 milliards F Cfa en 2021 et une moyenne de 41,686 milliards F Cfa par an de 2017 à 2022.

Renforcer la transformation

Bien qu’en pleine mutation, la transformation est encore un maillon faible de la filière anacarde au Bénin. Sur une capacité installée d’environ 65 000 tonnes pour les 14 unités existantes dont 3 non fonctionnelles, seulement 19 100 tonnes et

26 035 tonnes de noix de cajou ont été transformées respectivement en 2022 et en 2023, selon les données du Conseil national des transformateurs de cajou (Cntc). La filière reprend son envol après avoir été secouée par la chute des cours mondiaux en 2018 et la crise économique et sanitaire de la Covid-19 ayant perturbé les chaînes d’approvisionnement en 2020 et 2021. Plusieurs unités de transformation avaient fermé en raison de la volatilité des prix des noix brutes et de l’absence du financement adapté.

La mise en place de la Zone industrielle de Glo-Djigbé (Gdiz) augmente considérablement la capacité de transformation locale des noix. D’une capacité de

120 000 tonnes par an, les unités y installées ont transformé 57 000 tonnes de noix de cajou au titre de la campagne 2022-2023, d’après la Société d’investissement et de la promotion de l’industrie (Sipi-Bénin), en charge de l’aménagement et de la gestion de Gdiz. Au total, 1200 tonnes d’amandes transformées ont été exportées au niveau de la zone industrielle.

Il est dénombré 25 unités de transformation des pommes en jus qui ont permis de transformer respectivement 225 tonnes de pommes en 450 000 bouteilles de 25 cl en 2022 et 250 tonnes de pommes en 500 000 bouteilles de 25 cl en 2023, selon le Cntc.